Manifestation devant la CGSS

« Moin lé pas retraité, moin lé maltraité »

14 janvier 2010, par Edith Poulbassia

Des gramounes qui manifestent pour être payés en début de mois, ce n’est pas pour le plaisir. Rencontre avec quelques retraités qui, tant bien que mal, survivent avec un faible revenu.

Comment vivre avec une maigre retraite ? Les gramounes rencontrés hier devant le siège de la Sécurité sociale préfèrent parler de survie. Maximin, Émilien, Pierre-Marcel, Marie Daisy savent ce que c’est que d’être « petits retraités », après une vie de labeur. Car pour beaucoup, ils ont exercé des métiers pénibles et dévalorisés. Parfois, ils n’ont pas suffisamment cotisé et se sont retrouvés sans emploi à deux doigts de la retraite.

Émilien, 71 ans, est descendu de la Montagne en bus, « transport gratuit pou les gramounes comme moin », précise-t-il. Une bouteille de limonade dans son caba, un grand parapluie pour servir de canne... il était prêt pour manifester devant la CGSS. Pour Émilien, c’est une première. Il assure qu’il a travaillé toute sa vie comme ouvrier dans le Bâtiment et qu’il ne survie aujourd’hui qu’avec 639 euros. « Mi na conscience que certains retraités i touchent moins, indique-t-il, mais avec ça, i faut mi paye le loyer, l’électricité, l’eau, et en plus la mutuelle ». Émilien est loin d’être résigné, mais il ne comprend pas. « Non, moin lé pa retraité, moin lé maltraité », lance-t-il.

« Les prix, la mutuelle, tout augmente »

Maximin, 73 ans, habite juste à côté de la CGSS. Il est venu spontanément à l’appel de l’ARPA. « Quand le mois commence, on a plus rien. On a les factures à payer, on achète à manger, puis on espère pouvoir payer ce que l’on doit. Notre retraite est versée très tard et, en plus, elle est très faible », raconte le gramoun. Ancien chauffeur-livreur, il s’est retrouvé au chômage à 58 ans, conséquence de la fermeture de l’entreprise qui l’employait. Il vit de l’allocation spécifique pendant quelques années, avant la retraite à 65 ans. Et ce n’est pas une augmentation de la retraite de 2 ou 3 euros par an qui améliorera son quotidien. « Les prix, la mutuelle, tout augmente », souligne-t-il.

Marie Daisy n’est pas encore retraitée. À 62 ans, elle vient de perdre son emploi de femme de ménage qu’elle exerçait depuis une quarantaine d’années. Pour l’instant, elle vit de l’ASSÉDIC, avant la retraite à 65 ans. Elle partage donc les inquiétudes des gramounes présents devant la CGSS. D’autant plus qu’elle vit avec son père, âgé de 85 ans, retraité. « Il a bien travaillé, mais il ne touche qu’une petite retraite de 800 euros vers le 15 du mois. Il essaye de mettre une monnaie de côté pour payer le loyer, l’eau, l’électricité, la mutuelle, mais ce n’est pas facile. Si en plus on a un petit crédit, on se serre la ceinture pour acheter un peu à manger », raconte-t-elle.

Pierre Marcel est venu de Trois-Bassins pour demander le paiement de tous les retraités dès le début du mois. « Tous les retraités, affirme-t-il, car tous ont des factures, des loyers à payer en début de mois ». L’ancien agent immobilier, aujourd’hui président de l’association 2ème jeunesse senior de Trois-Bassins, n’a droit qu’à 450 euros par mois, sans compter la compensation de la retraite complémentaire. Pierre Marcel se dit inquiet aujourd’hui pour les jeunes. À quelle retraite auront-ils droit ? Demande-t-il.
Il est important, selon lui, de tirer dès maintenant la sonnette d’alarme.

E.P.

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