Les chiffres sont clairs, le chômage baisse à La Réunion. L’étude de la Direction du travail réalisée chaque année pour faire un état des lieux de l’emploi affirme ceci : "En juillet, en données brutes, le nombre de demandeurs d’emploi de catégorie 1 s’établit à 58.455, ce qui correspond à un recul de 8,9% par rapport à juillet 2005". Par demandeur d’emploi de catégorie 1, il faut comprendre ceux qui recherchent un emploi à durée indéterminée à temps plein et qui sont immédiatement disponibles. Par comparaison, en métropole, la baisse du chômage pour la catégorie 1 est évaluée à 10,8%.
Au sein de cette catégorie de demandeurs d’emploi, ce sont les hommes qui s’en sortent le mieux (-10,8%). Le chômage des femmes n’a baissé par comparaison que de 6,3%. Les jeunes, frange de la population la plus en difficulté face à l’emploi, sont 5,8% en moins en 1 an, et les seniors 5,5%. Le recul demeure plus net pour ceux qui sont âgés de 25 à 49 ans, soit 10,3% en moins.
Le chiffre mis en avant par la Direction du travail ne concerne donc que la catégorie de chômeurs la plus touchée par la situation du marché de l’emploi. Ce qui exclut les autres catégories qui demandent des emplois précaires ou qui ne sont pas dans l’urgence, c’est-à-dire les personnes qui recherchent un emploi à temps partiel, un Contrat à durée déterminée (CDD), et ceux qui ne sont pas disponibles pour le moment, soit 34.172 inscrits à l’ANPE en juillet 2006. Si donc on tient compte de l’ensemble des demandeurs d’emploi toutes catégories confondues, les statistiques sont revues à la baisse. Elles affirment que le chômage a diminué de 7,7% en 1 an à La Réunion. Mais qu’importe, au final, le département compte moins de chômeurs.

Près de 4.000 radiations pour "absence au contrôle"

Mais moins de personnes inscrites en tant que demandeurs d’emploi à l’ANPE ne signifie pas qu’elles ont retrouvé du travail. Les motifs de sorties de la liste des demandeurs d’emploi sont variables. D’après les chiffres, 7.123 personnes ne sont plus inscrites à l’ANPE en juillet 2006. Seules 1.120 personnes (sur les 7.123) ont retrouvé un emploi. L’étude ne précise d’ailleurs pas s’il s’agit de travail temporaire ou à durée indéterminée.
Que sont devenus les 6.003 autres demandeurs d’emploi ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes, 3.947 personnes ne sont plus demandeurs d’emploi parce qu’elles ne se sont pas présentées aux contrôles. Depuis le début de l’année, le demandeur d’emploi est effectivement tenu de se rendre à l’ANPE pour un rendez-vous mensuel avec un conseiller, s’il n’a toujours pas trouvé une activité 4 mois après sont inscription à l’ANPE. À ce chiffre s’ajoutent les 740 personnes éliminées par "radiation administrative". Les autres cas de sorties concernent des personnes qui ont commencé un stage, qui ont changé d’agence locale pour l’emploi ou qui, simplement, ont arrêté leur recherche. À noter que l’étude de la Direction du travail et de l’emploi inclut toutes ces données dans un tableau intitulé “Demandes d’emploi satisfaites au cours du mois”.
Autre point important : les personnes qui s’inscrivent à l’ANPE dans le même temps sont encore plus nombreuses que celles qui n’y sont plus. Au total, 7.720 personnes se sont déclarées demandeurs d’emploi. Les places libérées auprès des conseillers ANPE ne le sont donc pas restées longtemps. Plus étonnant, la majorité de ceux qui s’inscrivent à l’ANPE (2.548) le fait pour des motifs autres qu’une fin de contrat, une reprise d’activité, une première entrée, un licenciement ou une démission. Ce que l’étude peut dire, c’est que 1.496 nouveaux inscrits ont vu leurs contrats de travail arriver à terme, et 1.837 personnes ont recours pour la première fois à l’ANPE.
Enfin, les régions ne sont pas égales dans la répartition des 58.455 demandeurs d’emploi de catégorie 1. Le Sud en accueille la plus grande part avec 22.614 inscrits, alors que l’Est en compte 7.111. Les régions Nord et Ouest se partagent le reste, avec plus de 13.000 pour l’un et 15.000 pour l’autre.

E.P.