NOUVEAU CONTRAT SOCIAL

Monica Govindin : ’Nous sommes la Région européenne la plus sinistrée au niveau du taux de chômage’

7 septembre 2006

Le chômage touche des milliers de Réunionnais. Le Parti Communiste Réunionnais a récemment exposé des pistes de réflexion pour sortir de cette galère dans le document “Un nouveau contrat social”. Monica Govindin, jeune Conseillère générale de ce parti, donne son avis sur des points du thème de l’emploi mentionné dans ce contrat.

L’île compte actuellement 100.000 chômeurs. Chiffre astronomique et inquiétant ! Quel est votre sentiment sur cette situation ?

- Tout d’abord, comme vous le dites vous-même dans cette question, ce chiffre est inquiétant. Voilà un premier élément de réponse sur mon sentiment à ce sujet.
Mais ce qui est le plus inquiétant, c’est que bien trop souvent, les chiffres sont erronés. Je veux dire par là qu’ils sont revus à la baisse. Donc, si le chiffre est revu à la baisse, quel est le vrai chiffre ?
En plus ce qui me sidère, c’est que l’Etat français qui est compétent en matière de politique d’emploi, ne réagit pas, alors que nous sommes la Région européenne la plus sinistrée au niveau du taux de chômage. Mais cela étant, lorsqu’un département de l’hexagone atteint le taux de 10% de chômage, aux yeux du gouvernement, c’est une catastrophe, c’est grave ! Que doit-on comprendre par là ?

Aujourd’hui, selon vous, quels sont les secteurs créateurs d’emploi dans l’île ?

- Je pense que le secteur associatif, dit l’économie solidaire, est très créateur d’emplois. J’en veux pour preuve les milliers d’emploi créés dans les associations qui ont bénéficié d’emplois aidés, type Contrat Emplois Jeunes, Contrat Emploi Consolidé, Contrat Emploi Solidarité.
Mais aussi les filières de l’Hôtellerie-Tourisme, compte tenu des objectifs d’accueil de touristes d’ici les prochaines années, le domaine de l’environnement, les transports, en bref tout ce qui concerne le développement durable, vu tous les projets qui concernent notre île.

L’avenir de l’Homme Réunionnais passe-t-il nécessairement par l’exercice d’un emploi dans l’île ?

- Je pense que chacun est libre de décider de son avenir, qu’il veuille rester ou partir. Cela étant, nous voyons de plus en plus de communications sur la mobilité, en faisant croire aux jeunes qu’aujourd’hui c’est la seule solution qui s’offre à eux. Cela est faux évidemment, pour différentes raisons.
Déjà à La Réunion, nous proposons différentes filières de formations à tous les niveaux.
Puis, nous voyons tous les ans combien de recrutements dans la fonction publique sont effectués, que ce soit pour l’enseignement pour les Professeurs des Ecoles, les TOS ; dans les hôpitaux pour les infirmiers et infirmières : etc.
Donc, nous ne pouvons pas dire que le Réunionnais soit obligé de partir ailleurs pour s’insérer dans la société.

Par ailleurs des Réunionnais formés rayonnent dans divers domaines. Pourtant, ils ne travaillent pas. Que pensez-vous de cette situation ?

- Je trouve très décevant que l’on puisse dire à un jeune de se former le plus longtemps possible pour qu’il puisse avoir un travail et qu’au final, il n’en ait pas. Je dirais même que c’est intolérable. D’autant plus que je connais beaucoup de jeunes qui sont dans ce cas. Allez chercher pourquoi après certains jeunes arrêtent l’école très tôt, sans être diplômés. Des fois, quand ils sont très diplômés, on leur dit : on n’a pas les moyens de vous rémunérer à votre valeur, selon vos compétences ou bien vous n’avez pas d’expérience professionnelle, etc. C’est aussi la croix et la bannière pour un jeune de trouver un stage en entreprise.

D’autres travaillent mais en contrat aidés. L’avenir de ces employés semble incertain. Comment sortir de cette impasse ?

- Effectivement, vous avez bien compris la situation quand vous dites que leur avenir semble incertain. C’est inadmissible qu’aujourd’hui on puisse demander à quelqu’un de se suffire des minima sociaux, de travailler quelque temps et puis de rester chez soi. Ces personnes ont rendu des services qui sont nécessaires à la société, mais, en plus et surtout, elles ont besoin de faire face à des dépenses quand on sait que le coût de la vie est de plus en plus élevé. Je crois que l’Etat doit être responsable quand il s’agit d’assumer ses compétences et non faire ce qu’il essaie de faire depuis quelques années dans ce domaine : c’est-à-dire se décharger de cette compétence. Je dirais même que dans notre cas à nous, l’Etat doit écouter ce que disent les représentants des Réunionnaises et des Réunionnais au niveau des assemblées : après tout, ils sont élus comme les autres !

J.-F. N.


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