Conférence de presse de la Région

’Ne pas exporter les chômeurs, mais les accompagner’

6 octobre 2004

Ni l’économie concurrentielle, ni l’économie alternative ne peuvent fournir suffisamment d’emplois. Les élus régionaux réfléchissent à un accompagnement des Réunionnais pour travailler là où l’on a besoin de jeunes. En Europe, par exemple.

Autrefois objet de débat, voire de polémique, la question de la mobilité est toujours d’actualité. "C’est un axe extrêmement important de la politique régionale, mais aussi de la vie économique et sociale réunionnaise", soulignait hier le vice-président du Conseil régional délégué à la mobilité, Wilfrid Bertile.
D’autant plus important que "ni l’économie concurrentielle, qui fournit déjà 3.500 emplois par an pour un stock de 120.000 chômeurs, ni l’économie alternative, qu’il faut continuer à développer, ne pourront fournir suffisamment de débouchés pour la population".
Avec un taux de chômage qui atteint les 37% à La Réunion et au vu d’un appareil local de formation incomplet, la mobilité offre des opportunités intéressantes pour la jeunesse réunionnaise, "notre principale richesse", rappelle Wilfrid Bertile, qui précise qu’il ne s’agit pas là "d’exporter nos chômeurs mais bien de les accompagner".

Voyages de vacances à tarifs réduits

"À l’aube de cette nouvelle mandature, nous voulons continuer à faire marcher ce qui marche bien, insiste Wilfrid Bertile et accentuer notre action suivant deux axes : l’humanisation de la mobilité et son inscription dans un projet de développement".
Et cette humanisation de la mobilité nécessite en premier lieu d’examiner avec attention le parcours du migrant, d’élaborer un "scénario théorique" pour qu’à chaque étape de son parcours, en cas de problème rencontré, une intervention quasi-immédiate puisse être mise en place.
La Région Réunion, s’inspirant des expériences du passé, souhaite décliner son action d’humanisation autour de cinq axes : la préparation au départ en harmonisant les modules prévus à cet effet, l’accès à l’emploi après la formation en favorisant la formation en alternance, l’accès au logement (en plus de l’allocation complémentaire d’hébergement financée par la Région, exploiter le Passeport logement, recenser les bailleurs, faire du lobbying..), l’accès aux droits communs en sensibilisant les institutions et administrations du pays d’accueil, et le ressourcement périodique des migrants dans leur île.
Déjà en 1982, l’ANT (Agence nationale pour l’insertion et la promotion des travailleurs d’Outre-mer) avait mis en place les voyages vacances à tarifs réduits qui permettent aux migrants de revenir se régénérer auprès de leur famille. "Il serait bien de revenir sur cette question", confirme Wilfrid Bertile.

Assurer un relais familial

Complétant le propos du vice-président, Denise Delorme, conseillère régionale déléguée à la formation professionnelle, estime qu’il faut développer l’accueil social de la diaspora réunionnaise installée en Métropole par le biais des associations.
"Les jeunes se retrouvent souvent dépourvus le week-end, et les associations réunionnaises installées en Métropole pourraient assurer un relais familial", suggère l’élue qui mise sur une organisation de la mobilité en réseau.
Anick Le Toullec, conseillère régionale déléguée à l’insertion et au développement humain, soutien cette suggestion et propose également d’accompagner localement les familles qui ne sont souvent pas préparées au départ d’un de leurs membres.
"Une mobilité réussie passe aussi par le consentement de la famille"
, souligne l’élue qui, mère de famille, peut appréhender les difficultés de la séparation entre une mère et son enfant. "Pourquoi ne pas permettre des visio-conférences ponctuelles dans les missions locales par exemple (...), c’est peut être utopique, mais je crois qu’il faut y réfléchir".

Développer des partenariats régionaux

Accompagner les jeunes volontaires à la mobilité apparaît tout aussi essentiel que de leur permettre de revenir dans leur pays, pour y mettre à profit leurs nouvelles compétences, y créer des entreprises.
"Nous avons une dette envers ceux qui sont partis dan péi deor (...), ils ne sont pas partis pour solde de tout compte", soutient Wilfrid Bertile, qui estime que les 175.000 Réunionnais installés en Métropole sont "une composante essentielle du peuple réunionnais".
La Région estime ne rien inventer en soulevant cette question déjà abordée par l’ANT au début des années 80. Et si la principale destination des Réunionnais reste la Métropole, la Région Réunion réaffirme sa volonté d’ouvrir de nouveaux horizons à la jeunesse réunionnaise.
L’Europe, qui connaît des problèmes de main d’œuvre et de vieillissement, est une destination à renforcer.
La Réunion peut également accentuer ses relations avec les pays de la zone pour permettre un transfert de technologies et non un transfert de chômeurs, comme le rappelle encore le vice-président de la Région. "Nous voulons aller au-delà d’un simple échange de population pour un véritable projet de développement local, mais aussi pour aider à développer les partenariats régionaux".

Estéfany


Québec : destination d’avenir

La Réunion et le Québec sont liés par un vieux cousinage historique, en tant qu’anciennes colonies de la royauté. "C’est un grand pays d’immigration qui a besoin de beaucoup de gens et qui est à la recherche de francophones", resitue Wilfrid Bertile.
Dès l’année dernière, sous l’impulsion de la Région et de Marie-Andrée Jaubert, La Réunion et deux provinces du Québec ont signé un accord de coopération qui prévoit la création d’une antenne réunionnaise au Québec (obligation contractuelle remplie dans les semaines à venir) et l’intensification des relations entre les deux pays.
"Il faut faire vivre encore plus fort ce partenariat"
, insiste le vice-président de la Région, qui annonce la Semaine du Québec pour la deuxième quinzaine de novembre à La Réunion. L’occasion d’en savoir davantage sur cet immense continent plein de promesses.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus