Jacky Balmine, secrétaire général de la CGTR-BTP :

« Ne pas oublier qu’on travaille pour vivre, pas le contraire »

30 avril 2008, par Edith Poulbassia

Pas de 1er Mai sans la fédération BTP de la CGTR. Son secrétaire général, Jacky Balmine, assure que les salariés ne manqueront pas ce rendez-vous traditionnel et symbolique pour dénoncer les conditions de travail dans un secteur économique en pleine forme. Les salaires trop bas, le manque de sécurité sur les chantiers, la pénibilité du travail qui n’est pas prise en compte pour les retraites, la précarité : c’est tout cela que le syndicat veut rappeler en marquant sa présence dans la rue.

Mener de vraies négociations salariales

Malgré la récente négociation de branche sur les salaires (ce mois-ci), la CGTR se dit « extrêmement déçue » et compte bien poursuivre le combat au sein des entreprises le reste de l’année. « Nous sommes extrêmement déçus par les négociations de branche cette année. C’est une honte. Avec le profit que s’est fait le Bâtiment, nous avons obtenu une revalorisation plus basse que celle de l’année dernière », souligne Jacky Balmine. En effet, le secteur du Bâtiment a engrangé 1 milliard 630 millions de chiffre d’affaires en 2006, et 2 milliards l’année dernière. Malgré cette progression, les salariés n’ont pu prétendre cette année encore à une redistribution équitable des fruits de leur travail. L’intersyndicale s’était en effet engagée à maintenir l’exigence d’une revalorisation d’au moins 3,25% lors des dernières négociations de branche, et en cas de refus du patronat, de se lancer dans une grande mobilisation. Mais l’union syndicale n’a pas tenu, certains syndicats ont signé un accord à 3,20%. « On n’aurait pas du céder. Il aurait alors été possible de ramener les petites entreprises de la CAPEB autour de la table », affirme Jacky Balmine, pour qui le combat continue. Le manque de cohésion de l’intersyndicale n’a pas permis de « frapper un grand coup », mais Jacky Balmine espère une union syndicale forte pour les prochaines négociations de branche.
En attendant, la CGTR-BTP va être très active au sein des entreprises pour les négociations salariales, comme elle l’a fait récemment à la Sobex.

Le rendement prime sur la sécurité des salariés

Autre revendication, et non des moindres : la sécurité au travail. Les salariés du Bâtiment sont plus que les autres soumis à des risques d’accidents. « Nous sommes au courant des accidents mortels sur les chantiers. Ce sont ceux qu’on ne peut pas cacher. Et les autres accidents, ceux qui ne coûtent pas la vie, mais qui portent atteinte à la santé des salariés ?, demande Jacky Balmine. Aujourd’hui, le problème c’est que le rendement prime sur la sécurité ». Il rappelle ainsi les accidents mortels ou graves qui se sont produits en quelques mois, dont celui très récent à Saint-Leu qui a coûté la vie à un jeune travailleur.
Pour la CGTR-BTP, les moyens ne sont pas mis en œuvre pour éviter ce genre d’accident. C’est pourquoi, le syndicat insiste pour que soit mise en place une Organisation Professionnelle de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP). « Nous sommes un département français. Pourquoi ne pas mettre en place un outil qui a fait ses preuves, surtout sur un territoire qui mène de grands chantiers comme la route des Tamarins et le tram-train. Il s’agit en plus d’une organisation paritaire, avec des représentants d’employeurs, de salariés, de la Direction du travail, de la Caisse régionale d’assurance maladie et de la Médecine du travail. Cet outil serait d’autant plus nécessaire que 60% des entreprises sont des TPE et n’ont pas de représentativité ».

La précarité est devenue une banalité

Un secteur aussi dynamique que le Bâtiment devrait enfin assurer une certaine sécurité de l’emploi à ses salariés. On en est loin, assure Jacky Balmine, pour qui au moins la moitié des 25.000 emplois sont des contrats de chantier. « Et je ne compte pas les intérimaires. Ils étaient 3.500, selon les derniers chiffres, on les emploie même sur la route des Tamarins ». Malgré les millions d’euros de chiffre d’affaires, le Bâtiment s’est installé dans une « tradition de précarité ». « Dans les 2 ans à venir, nous allons mener la bataille pour obtenir des CDI », précise le secrétaire général de la CGTR-BTP. D’après le syndicaliste, les employés qui cumulent depuis 10 ans les contrats de chantier ne sont pas rares. « Ils sont précaires, ils souffrent et restent des années au même stade ». Et au cours de ces mêmes années, les entreprises ont bénéficié d’aides de l’Etat, de la défiscalisation sans contreparties, ajoute Jacky Balmine.
Pour la CGTR-BTP, cette situation ne pourra pas durer. Elle fait de la lutte contre la précarité une de ses priorités.
Enfin, le syndicat va continuer à revendiquer la retraite à 55 ans pour les employés du Bâtiment. « Un employé qui part à la retraite, c’est 7 à 10 ans de moins qu’un cadre ». La CGTR-BTP va donc faire valoir la pénibilité du travail pour que les salariés puissent partir plus tôt à la retraite.

Edith Poulbassia


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus