Le président de la République interpelle ceux qui nomment les fonctionnaires d’État de catégorie A dans l’Outre-mer

Nicolas Sarkozy aux États généraux : « Ne rien connaître à un territoire n’est pas non plus une garantie absolue de compétence générale et omnisciente »

12 août 2009, par Manuel Marchal

Lors des États-généraux en Guadeloupe, le président de la République avait expliqué pourquoi, pour la première fois de son Histoire, la République a un secrétaire d’État à l’Outre-mer originaire de l’Outre-mer. Le chef de l’État a clairement plaidé pour une part plus importante des peuples endogènes aux postes de responsabilités de la fonction publique d’État dans leur pays. Cette déclaration est en droite ligne des discours prononcés depuis 2007, qui ont abouti à la tenue d’États-généraux de l’Outre-mer coordonnés par un préfet originaire de l’Outre-mer. Comment va maintenant se traduire cette orientation dans le principal service de l’État à La Réunion : l’Éducation nationale ?

Le 26 juin dernier, le président de la République a participé aux États-généraux en Guadeloupe. Dans son discours, le chef de l’État a donné son point de vue sur la place des Antillais dans les postes à responsabilités de la fonction publique. Voici ce que Nicolas Sarkozy a dit :
« Je veux également dire quelques mots sur les emplois de direction dans la fonction publique. Il faut que la France accepte d’être plus ouverte. On est bien contents de trouver des Guadeloupéens et des Guadeloupéennes pour être gardien de la paix, agent de catégorie C ou agent d’exécution dans nos préfectures ou dans nos grands corps de la fonction publique.
Et comme par hasard, dès qu’il s’agit d’un poste de directeur, d’un poste de préfet, d’un poste de ministre, y compris d’outre-mer, on dit "Attention, ne nommons pas d’Antillais, ils vont être trop sensibles au climat local". Ce raisonnement est absurde, car être sensible au climat local, après tout pourquoi pas ?
Mais en tout cas, ne rien connaître à un territoire n’est pas non plus une garantie absolue de compétence générale et omnisciente. Et d’ailleurs, quand j’ai eu à choisir un ministre pour l’outre-mer, je me suis dit, dans le fond, je veux faire droit à la demande des Antillais d’exercer davantage de responsabilités dans l’appareil de l’État à des postes de direction. À choisir un ministre, dois-je donc aller choisir quelqu’un qui ne n’est pas de l’outre-mer ? Alors quelle est ma crédibilité si je fais le contraire de ce que je demande aux autres ? C’est la raison pour laquelle je suis très heureux d’avoir une Guadeloupéenne à la tête du Secrétariat d’État à l’Outre-mer ».

Lors de sa visite en Guadeloupe, Nicolas Sarkozy a posé clairement le problème du recrutement des agents de la fonction publique d’État servant Outre-mer. Pour le président de la République, les originaires ont leur place non seulement dans la catégorie C, mais aussi en catégorie B et A (encadrement).
Depuis 2007, le président de la République a lancé un projet pour l’Outre-mer prônant le développement endogène, qui signifie rechercher dans les atouts de chaque pays les forces pour construire un développement.
Prenant acte des limites de la crise sociale dans l’Outre-mer et des spécificités de nos régions, Nicolas Sarkozy a lancé les États-généraux, confiant la responsabilité de la coordination de cette manifestation à un préfet issu de l’Outre-mer. Au lendemain des élections européennes, c’est une originaire de l’Outre-mer qui est nommée pour la première fois secrétaire d’État à l’Outre-mer.
Voilà une manière pour Nicolas Sarkozy d’illustrer le concept de développement endogène, cette évolution est, pour le chef de l’État, une question de « crédibilité ».
Voilà donc le message lancé depuis le sommet de l’État, et cette rentrée scolaire est l’occasion de mettre en œuvre pour la première fois cette orientation clairement affichée.
Manifestement, les diverses tergiversations dans les chiffres donnés et la réalité des situations vécues par les jeunes Réunionnais ne montrent guère de changement dans la gestion de l’intégration des jeunes enseignants réunionnais dans l’Éducation nationale à La Réunion.
Pourtant, la volonté politique affichée au sommet de l’État est celle d’augmenter le nombre d’originaires des Outre-mer aux postes de direction dans la fonction publique d’État outre-mer, c’est-à-dire parmi les cadres A. À La Réunion, le plus grand nombre de fonctionnaires de cadre A sont les enseignants. Est-ce à dire que quelque fonctionnaire aurait l’idée de remettre en cause la crédibilité du président de la République ? Qui prendra la responsabilité de pérenniser un système qui entre en totale contradiction avec le concept du développement endogène qui est la raison du lancement des États-généraux ?
Gageons que les jours qui viennent apporteront la clarification sur ces questions très importantes.

M.M.

Luttes pour l’emploiOutre-mer

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