Noël dort dans la rue, songe à une vie normale mais doute

26 mai 2007

Pour Noël, tous les jours ne sont pas synonymes de réjouissance. Il n’a que 25 ans et depuis des années déjà, il dort là où il peut. Actuellement, il a élu domicile à Saint-Denis. Enfin, il trouve le sommeil dans des maisons abandonnées pour certaines encore en bon état. Souvent, il pose son corps à même le sol ou s’abrite sous un pont, à l’abri du froid et de la pluie.

La mort de son père

Il a encore toute sa tête. Mais ziskakan ? La mort de son père l’a profondément choqué. Il travaillait, mais vivait encore dans la maison familiale. Quelque temps après cette tragique disparition, il a quitté du jour au lendemain la case. Il ne sait pas ce qui lui a pris. Il a mis dans un sac un peu de linge. Il avait quelques euros en poche. La première journée, il s’est promené dans les rues de Saint-Denis. À ses amis rencontrés, il disait aller voir des proches. Mais en fait, il décroche.

Il n’a pas fermé l’œil de la nuit

La première nuit passée dehors, il s’est réfugié sous un arbre à proximité du front de mer. Il n’a pas fermé l’œil le moindre instant. Il était là à l’écoute du moindre bruit. Et tout devenait pour lui suspect. Il pense à ce moment retourner chez lui. Mais non, son choix était fait, il veut vivre dans la rue. En tout cas, Noël est un SDF très bien entretenu. Matin et soir, il fait sa toilette et porte des vêtements neufs. Il est loin de ressembler à un SDF.

Se nourrir dans les poubelles

Seulement, il fait les poubelles pour trouver de quoi se nourrir. Ou bien se poste à l’entrée des commerces pour demander la charité aux passants. La pièce que vous voudrez bien lui donner servira à acheter un morceau de pain. Et il dit « rarement de l’alcool ». En tout cas jusqu’à présent et il touche du bois ! Il lui arrive sur sa route de rencontrer des dalons qui lui demandent ce qui lui est arrivé. Il ne peut leur répondre. Certains lui ont même proposé l’hospitalité. Il les a remerciés pour cette attention, mais a refusé catégoriquement.

Se tuer

Quelquefois, il est “déboussolé”. Et est même prêt à commettre l’irréparable : se tuer. Mais il ne peut exécuter un tel geste. Car Noël, malgré cette période difficile, pense à un avenir qui sera « meilleur ». En rejoignant la rue, il a laissé de côté sa femme et sa petite fille. Et lorsqu’il vous parle d’elles, il a les armes aux yeux. Il les a revues mais seulement quelque fois. « Kosa mi dwa fèr », se dit-il.

Noël en prenant le chemin de la rue veut s’en sortir « o pli profon moin mèm ». Mais doute.

Jean-Fabrice Nativel


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