Pascaline Lartin : voix des précaires de l’Éducation nationale

’Notre intégration’

18 octobre 2006

Prévu pour 2 ans, le Contrat d’accompagnement dans l’emploi (CAE) de Pascaline Lartin dans l’Éducation nationale a été écourté. Il passe à 6 mois. C’est la précarité !
Pascaline Lartin est l’une des voix des précaires de l’Éducation nationale pour le SGPEN (1)-CGTR. En attendant leur intégration qui tarde à venir, ils sont en CAE ou en Contrat d’avenir, ou contractuels pour certains depuis 10 ans, pour d’autres moins. La peur du renouvellement de leur contrat suscite colère mais aussi détermination à continuer leur lutte pour leur dignité d’hommes et de femmes.

Comment se dessine votre avenir de précaires de l’Éducation nationale ?

- Je suis pessimiste pour mes collègues et pour moi. Nous avons cumulé des années d’expérience : 12 ans pour certains. Nous avons été ballottés de CES en CEC puis en CAE. Nous n’avons pas de certitudes quant au renouvellement de nos contrats.

Parler nous de ce que vous ou vos collègues faites ?

- Depuis peu, je suis en CAE au service administratif d’un établissement scolaire, après une longue période passée dans ce même établissement en CEC ! D’autres précaires sont employés à la gestion, à la vie scolaire ou sont agents d’entretien. Nous effectuons pour la plupart le même travail que les titulaires qui nous soutiennent dans cette marche vers l’intégration.

Vous êtes nombreux ?

- Nous sommes 1.200 employés(es) en CAE, CAV et une cinquantaine de contractuels. Nous nous rencontrons lors des réunions ou des manifestations. Et ils m’interpellent à chaque fois sur le renouvellement de leur contrat comme je vous l’expliquais à l’instant. Si leurs contrats ne sont pas reconduits, que vont-ils devenir ? Je pense à ceux qui ont 50 ans et plus. Ces précaires de l’Éducation nationale vivent avec l’espoir d’une reconnaissance de leur expérience pour leur intégration.

À propos d’intégration, que vous disent le Recteur et les représentants du Conseil régional et du Conseil général ?

- Un recteur, en visite là où j’exerce, il y a quelques années de cela, nous disait ne pas connaître notre situation de CES ou de CEC. Cela m’a étonné ! Pour revenir à votre question, à chaque fois que l’on rencontre les responsables que vous avez cités, chacun se rejette la balle !

Et puis ?

- Conséquence : les précaires nous montrent leur colère lorsque nous nous réunissons en assemblée générale par exemple. Nous ne voulons pas compléter la liste des demandeurs d’emploi. Même si pour certains, leur contrat prendront fin dans les mois avenir. Nous sommes très déçus car notre statut n’a guère évolué depuis des années. C’est la précarité qui nous attend à chaque fois que l’on renouvelle notre contrat. C’est un bien triste Noël que nous nous apprêtons à passer.

Le cœur de vos revendications est l’intégration des précaires et en ce qui vous concerne dans l’Éducation Nationale. Selon vous est-ce possible ?

- S’il y a une véritable volonté de l’État, je pense que oui. Notre intégration nous apportera une plus grande stabilité dans notre vie quotidienne. Ce pas, s’il est franchi, serait synonyme de respect pour notre dignité d’homme et de femme. Nous -les précaires- représentons 50% du personnel de l’Éducation Nationale et dans certains établissements scolaire, le personnel TOS représente à eux seuls 50% de l’effectif.

Vous êtes déterminée à mener jusqu’au bout cette lutte pour votre intégration et la leur ?

- En aucun cas, je ne baisserai pas les bras. Cette bataille, je ne suis pas seule à la mener. Comme vous avez pu le constater lors des manifestations, les précaires sont les premiers à se mobiliser. Ils sont soutenus par le SGPEN-CGTR, la FSU, le SAIPER. Peu de politiques sont à nos côtés hormis Huguette Bello et Gélita Hoarau, respectivement Députée et Sénatrice.

TUC, CES, CIA, CEC, CIVIS et maintenant CAE sont des contrats qui ont pour mérite de garantir la précarité. Que pensez-vous de ce chapelet de contrats ?

- J’ai été employée en CEC. J’estime qu’après avoir donné des années de sa vie à une fonction a effectué avec rigueur un travail que nous aimons, il est donc légitime que nous soyons intégrés à notre poste.

Vous revendiquez...?

- Nous demandons un plan d’urgence pour l’intégration des personnels en CAE, CAV et contractuels. Par ailleurs, nous demandons la mise en place d’actions de formation et de préparation aux concours, et l’extension de nos droits dont l’ensemble des cotisations sociales.

Et il vous a été répondu...?

- Je me répète peut-être, mais nos interlocuteurs nous disent que "ce n’est pas moi, c’est l’État".

Vous allez bientôt manifester. Rappelez-nous la date, l’heure et le lieu ?

- (Rires) Nous allons manifester le 8 novembre à 14 heures. Mais je ne vous indiquerai pas le lieu. Car les premiers à nous accueillir seront les patrouilles de policiers ou de gendarmes, en tout cas les hommes vêtus de bleu marine.

Dîtes-moi, la grève c’est bien un droit ? Affirmatif.

Jean-Fabrice Nativel


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