Les dockers veulent le respect

’Nou lé kapab’ permettre au personnel réunionnais d’avancer

19 octobre 2010, par Céline Tabou

A nouveau mobilisés, les dockers du port ont décidé de cesser le travail pour dénoncer le mépris du patronat à leur égard. De plus, les grévistes contestent la réforme portuaire qui remet en cause la pénibilité de leur profession.

L’actuelle réforme nationale de la retraite ne prend pas en compte les spécificités de certains emplois, tels que les porteurs de cales, les chauffeurs cavaliers, a expliqué Jacky Joseph, secrétaire fédéral Port et Docks, devant l’entrée du port-Est, où une centaine de dockers et manutentionnaires étaient en grève.

La pénibilité du métier

Comme l’a indiqué Jacky Joseph, « nous sommes en grève en signe de solidarité avec les dockers métropolitains. Puisque l’accord-cadre de 2008 n’a pas été respecté, car les dockers auraient pu profiter d’un dispositif de retraite anticipée, due à la pénibilité du travail ».
« Il existe un double langage », explique Jacky Joseph. Les signataires de la Convention collective unifiée ont décidé de revenir sur la pénibilité de la profession, alors que celle-ci nécessite des spécificités particulières. En effet, un docker ne peut travailler au-delà de 55 ans, en raison des conditions dangereuses dans lesquelles il travaille (15 à 30 mètres de hauteur).
Dans le cas où « aucune solution n’est trouvée, la personne restera en grève », a indiqué le secrétaire fédéral Ports et Docks. Solidaires des dockers de France, et mobilisés contre la réforme de la retraite jugée injuste et « une vraie répression sociale », les syndicalistes et employés des docks sont prêts à bloquer le port pour être écoutés.

Le refus du monopole

Le but de cette mobilisation est d’appeler les dirigeants des trois entreprises d’aconage du Port, la SOMACOM, la SAMR et la SGM, à ne pas s’allier à la SRMP. Cette dernière travaille en étroites collaborations avec l’entreprise suédoise Kalmar, qui met en place un "monopole" de la vente de matériel portuaire à La Réunion.
Également présent, le représentant syndical de la SERMAT, Raphaël Gossart, a expliqué que sa société avait été attachée à la SRMP. La totalité des employés de la SERMAT est aujourd’hui au service de la SRMP, c’est pour cette raison que « nous subissons des pressions suite à cette alliance », a indiqué Raphaël Gossart. Les « trois patrons » se sont alliés pour service de manutention à Kalmar, qui non seulement fait venir du personnel de France mais ne permet pas aux Réunionnais de se former.

Contre la réforme des retraites

Mobilisés contre la réforme portuaire, Dario Ricquebourg, représentant CGTR Ports et Docks, a expliqué que la décision des patrons de la SOMACOM, SGM et SERMAT était discriminante pour les employés locaux. « Nous avons la capacité et les compétences pour des emplois de cadres » qui sont aujourd’hui réservés aux « salariés venus d’ailleurs ».
Nous voulons seulement le respect de nos patrons, mais aussi « vivre de notre travail, et surtout permettre à l’homme réunionnais à compétences égales de pouvoir accéder à des postes de cadres, et de pouvoir avancer dans la carrière », a précisé le responsable syndical.
D’autant plus que, comme le représentant CGTR Docks l’a expliqué, la société Kalmar arrive avec des « technologies et, au nom du système libéral, chapeaute tout le système, sans permettre aux employés locaux de se former et d’acquérir un savoir-faire ». Cette mobilisation va durer, notamment aujourd’hui en soutien à la lutte contre la réforme de la retraite, et « pour que nos patrons nous écoutent, et ne soient pas complices » du géant financier Kalmar.

Céline Tabou

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