Barrages routiers à Saint-Denis et dans le Sud

Nouvelle conséquence de la crise

18 juillet 2013

Hier, des transporteurs ont décidé de dresser des barrages à Saint-Denis et sur le pont de la rivière Saint-Etienne. Ils demandent un gel des dettes sociales et fiscales, et ils voulaient être reçus par le préfet. Après une rencontre hier après-midi, les barrages ont été levés. Il est important de rappeler les responsabilités de cette crise, elles ne se situent pas du côté de l’Etat, mais elle est le fait d’élus qui ont démoli les projets.

Hier après-midi, l’action des transporteurs a provoqué un gigantesque embouteillage dont voici une partie au Barachois à Saint-Denis.
(photo MM)

Hier matin, des transporteurs ont dressé un barrage filtrant devant la préfecture. Membres de la FNTR, et du Collectif des associations et syndicats professionnels de La Réunion fondé lundi, ces professionnels de la route ont fait part de leur mécontentement. Ils constataient qu’ils ne faisaient pas partie des invités à une rencontre en Préfecture sur le thème des dettes sociales et fiscales, et estimaient qu’ils ne sont pas bien représentés par le MEDEF et la CGPME. Une délégation est reçue le matin. Selon la préfecture, des « dissensions » sont apparues au sein des transporteurs, et la réunion fut écourtée. Cela eut pour conséquence un durcissement du mouvement. Deux camions ont formé un barrage filtrant à l’entrée Nord de la route du littoral, pendant que d’autres transporteurs faisaient de même aux deux extrémités du pont de la rivière Saint-Etienne. En quelques instants, des milliers de Réunionnais étaient pris en otage.

Une seconde réunion entre une délégation de transporteurs et le préfet s’est tenue dans l’après-midi. L’échange a abouti à la levée des barrages vers 16h30. A La Réunion, des patrons ont accumulé plus d’un milliard de dettes sociales et fiscales. Les transporteurs demandent un gel du recouvrement de ces dettes, car ils disent ne plus avoir les moyens de payer.

Novembre 2008 et juillet 2009 : le blocus de la Région. Les transporteurs auraient gagné à ne pas entrer dans la politique politicienne soutenue par le préfet de l’époque.

Cette situation signifie notamment que le patron ne paie plus la Sécurité sociale qui le soigne, ou ne verse plus la part de salaire du travailleur qui revient à la caisse de congés payés. Cela veut dire qu’ensuite, le travailleur ne perçoit aucun revenu pendant les congés du bâtiment. Mais en mettant la pression sur l’Etat, les transporteurs sonnent-ils à la bonne porte ?

La casse des grands chantiers

Quand La Réunion connaissait une activité économique normale, le nombre de patrons incapable de payer les cotisations sociales et fiscales était bien plus faible. Les règles étaient pourtant les mêmes qu’aujourd’hui. La dette de plus d’un milliard est donc la conséquence d’une baisse de l’activité, qui fait que les mêmes règles n’ont plus les mêmes effets.

Il est important de rappeler qu’avant 2008, date de la brusque aggravation de la crise mondiale, la Région, présidée alors par Paul Vergès, avait réussi à négocier avec le gouvernement plus 3 milliards d’investissements : tram-train, nouvelle route du littoral, contrat de plan Etat-Région et Fonds européens.

Dans le même temps, d’autres chantiers étaient prévus par les collectivités : rocade Sud au Tampon, Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise, hippodrome de Cambaie, Pôle océan à Saint-Denis, Zénith Intercommunal Nord près du stade Jean-Ivoula à Saint-Denis notamment. Tout a été stoppé par des démolisseurs.

Cela fait plus de 5 ans qu’un terrain vague occupe le centre de Saint-Denis, là où devait être construit le Pôle océan. C’est une décision prise par l’équipe élue en 2008 à Saint-Denis.
(Photo Toniox)

Au Tampon, Didier Robert donnait le signal en supprimant la rocade. Au lendemain des élections municipales de 2008, de nouvelles majorités cassaient des projets déjà bien avancés. A Saint-Paul, c’est la décision d’arrêter l’hippodrome, ainsi que l’Ecopolis qui était sur les rails. Des jeunes Réunionnais étaient en effet déjà partis se former aux métiers du cheval.

A Saint-Denis, c’est l’arrêt du Pôle océan, et celui du Zénith intercommunal. A la place, c’est terrain vague et parking.

Que fait la Région ?

En 2010, le choix du PS d’offrir la Région Réunion à Didier Robert a eu pour effet une accélération du mouvement. Après la MCUR et la géothermie condamnés dès le discours d’investiture de Didier Robert, le tram-train subit le même sort, alors que la nouvelle route du littoral était transformée en un grand gaspillage irréaliste : une route en mer à six voies.

C’est dans ces décisions politiques que se situe l’origine des dettes des artisans et des transporteurs. Car ce sont ces choix qui sont responsables de la baisse de l’activité. Les projets négociés par Paul Vergès auraient permis à La Réunion de pouvoir faire face aux effets de la crise mondiale. Une fois passé les démolisseurs, le résultat a été très clair : La Réunion a plongé dans la récession.

La première tranche du chantier du tram-train aurait dû actuellement employer des milliers de travailleurs. Ce projet a été stoppé par Didier Robert en 2010.
(Photo Toniox)

Ce sont donc ces élus qui ont des comptes à rendre aux artisans en difficulté. Pour sa part, la Région Réunion porte une responsabilité écrasante. Elle est en effet compétente dans la planification économique, et depuis trois ans la situation s’est considérablement aggravée. Manifestement, la volonté politique d’améliorer n’est pas au rendez-vous. Au lieu de s’occuper de ces problèmes, le président de Région a tenu dimanche meeting au Tampon, puis 48 heures plus tard à Saint-Paul. Il est pourtant de sa responsabilité de répondre aux revendications des transporteurs qui réclament de l’activité…

Que les transporteurs se retournent donc vers ceux qui ont tout cassé !

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