Tribune libre de Jean-Pierre Técher

’Nouvelles menaces sur l’indemnisation-chômage’

10 octobre 2005

Dans un courrier des lecteurs au nom de AC Réunion, Jean-Pierre Técher décrit les prochaines mesures prévues par le gouvernement et ses alliés afin de culpabiliser encore davantage les chômeurs. Et de conclure sur un appel à la mobilisation pour la dignité. Les intertitres sont de “Témoignages”.

Actuellement est en préparation une nouvelle convention tripartite État-ANPE-ASSEDIC visant à transformer l’ASSEDIC en institution de contrôle et d’exclusion et non plus de redistribution des prestations chômage. Pour ce faire, ils ne cessent de brandir le déficit de l’UNEDIC omettant les exonérations fiscales et les réductions de charges patronales qui l’ont organisé et refusent d’entendre les associations de chômeurs qui proposent de repenser entièrement le financement.

"Que le MEDEF assume ses responsabilités"

Nous demandons aux politiques et surtout aux élus de s’emparer de ce problème et d’exiger que le MEDEF assume ses responsabilités en matière d’indemnisation. Il ne faut pas oublier que plus les conditions d’indemnisation des demandeurs d’emploi sont restreintes, plus le flux de chômeurs abonde aux minima sociaux et plus les collectivités auront du mal à gérer leur budget. Il appartient ni à l’État ni aux Collectivités de prendre en charge les travailleurs que les Entreprises licencient ou refusent d’embaucher malgré les aides de toute sorte qu’elles bénéficient. Il faut aussi que la population s’apprête à réagir par la mobilisation contre un patronat qui ne rêve que d’avoir des salariés dociles, inorganisés et bon marché.

Durcissement

C’est pourquoi, nous, chômeurs, érémistes, précaires, intermittents, avons décidé de prendre en main notre destin. Ce qui se décide aujourd’hui, ce sont l’augmentation des contrôles, l’obligation d’accepter n’importe quel emploi sous peine de radiation, le durcissement des conditions d’indemnisation et le retour de la dégressivité. L’objectif : nous contraindre aux emplois précaires non choisis et sous payés déjà en vigueur (RMA, contrats d’avenir, CDI à temps partiel) ou en préparation. La politique de De Villepin s’inscrit dans ce processus de refondation sociale avec le "contrat nouvel embauche" qui achève de détruire le code de travail, supprimant les avantages du CDD et détruisant le CDI.

Arrêter les sanctions

La convention tripartite ANPE-UNÉDIC-État vient compléter les formes de contrôles des administrations de la misère et de la chasse aux précaires qui bat son plein : criminalisation, culpabilisation sont leur lot quotidien dans les agences ASSÉDIC. Si l’unification du statut de l’ensemble des chômeurs ne se fait pas par une indemnisation décente, elle se fera par extension du projet du PAP et des radiations en découlant. Aujourd’hui l’ASSÉDIC est une instance de contrôle au fonctionnement opaque où les allocataires n’ont d’autres droits que les radiations. Parce qu’il y a, au plan national, quatre millions de chômeurs et seulement 200.000 emplois non pourvus, nous exigeons l’arrêt des contrôles et des sanctions. Nous ne pouvons accepter ni supporter que ce sont les forces de l’ordre qui auraient la compétence reconnue pour le traitement politique de la précarité du chômage et de l’exclusion.
C’est pourquoi, nous incitons les chômeurs, érémistes, précaires, intermittents pour qu’ils se mobilisent dans la lutte afin d’obtenir une indemnisation qui permettrait à chacun de vivre bien, quelque soit sa situation au regard de l’emploi et au libre choix de son activité.

Pour AC-REUNION
Jean-Pierre Técher


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus