Les syndicats portuaires de l’océan Indien articulent une stratégie commune

Objectif prioritaire : la lutte contre la dérégulation des ports

22 août 2005

La première rencontre des syndicats de dockers de l’océan Indien, tenue à La Réunion les 28 et 29 juillet derniers, fut appuyée par le Conseil international des dockers (International dockworkers council - IDC). Elle a rassemblé près de 30 délégués venus de Madagascar, de Mayotte, de Maurice et de La Réunion.
Le message de cette rencontre est très clair : les liens se renforceront afin de pouvoir affronter avec succès les essais de dérégulation des ports. La position des syndicats s’est reflétée dans la Déclaration finale, qui met l’accent sur le besoin de défendre la profession à travers la formation professionnelle et syndicale.

La déclaration signée par tous les syndicats présents à la première rencontre des syndicats de dockers de l’océan Indien à la fin juillet est d’une grande actualité, quand on voit ce qui est en train de se passer - entre autres - sur les quais du port de La Pointe des Galets (voir encadré) .
En effet, dans son ensemble, elle établit le "besoin impérieux d’arrêter la dérégulation des professions portuaires et la privatisation des ports", soit un processus en pleine expansion, comme le démontre la directive européenne sur l’accès aux services portuaires, qui tente d’être imposée actuellement.

Les dockers rejetés

Cette directive, clairement rejetée par les travailleurs, prétend expulser les dockers des ports à travers la pratique de l’"auto-assistance", c’est-à-dire qu’il reviendrait aux compagnies portuaires elles-mêmes de charger et décharger leurs navires.
Il s’agit d’une proposition absolument absurde parce que non seulement cela plongerait les ports dans le chaos le plus profond, mais en plus - comme il est rappelé dans la Déclaration signée par les syndicats de l’océan Indien -, intervient l’Accord 137 de l’OIT (Organisation internationale du travail), qui stipule que seuls les travailleurs dûment qualifiés peuvent réaliser les travaux portuaires.
Ainsi les patrons essayent d’écarter les syndicats portuaires et de transformer les conventions collectives en bouts de papier, sans réparer les dégâts humains et sociaux.

Non à la concurrence sauvage

Les syndicats portuaires de notre région, présents à La Réunion, rappellent que les ports sont un "outil essentiel au développement d’un pays" et que de ce fait, ils ne peuvent être simplement soumis aux lois de concurrence sauvage et déloyale.
Les délégués ont également tous souligné l’importance de la formation professionnelle des travailleurs. Un aspect qui leur permettra de s’adapter à l’évolution rapide des métiers, sans laisser pour compte la sécurité du travail.
Dans ce but, les syndicats se mirent aussi d’accord sur la création des mécanismes nécessaires qui leur permettront de renforcer leurs liens de solidarité, ceci s’inscrivant dans un processus qui aboutira à la pleine adhésion à l’IDC et à la consolidation d’une zone propre, l’océan Indien.

Solidarité régionale

L’IDC, qui compte déjà une présence remarquable en Amérique, en Afrique et en Europe, a connu une forte croissance depuis sa création en l’an 2000. Ce qui lui permit de se convertir en une référence essentielle à l’heure de parler de syndicalisme portuaire. Actuellement, l’IDC représente plus de 50.000 travailleurs dans le monde entier.
Dans le but de donner forme à leur Déclaration, les délégués indocéaniques ont accepté de former un Comité permanent, qui se chargera de créer la coopération syndicale fondée sur 2 aspects fondamentaux : d’un côté, l’échange d’informations et la présence de moyens de communication, et de l’autre, la formation syndicale des travailleurs.

Forte présence internationale

La présence des délégués des 4 îles voisines à La Réunion montre la volonté d’articuler un fort mouvement syndical dans les ports de l’océan Indien. De ce fait, la rencontre aurait aussi dû compter avec la présence de représentants de ports sud-africains et des îles des Comores, mais des difficultés de différentes natures les en empêchèrent.
Dans le premier cas, la grève qui affecta le transport public sud-africain obligea les délégués à rester sur place, pendant que les Comoriens connurent des difficultés quant à l’obtention de leurs visas. Cependant, tant le COSATU (Congrès sud-africain des syndicats) que la CTC (Confédération des travailleurs des Comores) ont manifesté leur soutien au renforcement des liens qui unissent les différents syndicats portuaires et des transports de l’océan Indien, et aussi leur volonté de participation aux prochaines rencontres.

Des problèmes communs

En Afrique du Sud, les revendications ont coïncidé avec quelques aspects signalés dans la Déclaration de La Réunion. L’application de politiques néo-libérales provoquerait la perte constante de sources de travail, comme le démontre le fait qu’en Afrique du Sud - première économie d’Afrique -, le chômage affecte déjà 40% de la population, comme le soutient le COSATU.
On connaît des situations similaires dans les îles de La Réunion et de Maurice, où la réforme du marché européen du sucre prévue par l’Organisation mondiale du commerce risque de plonger dans le chômage et la misère des milliers de travailleurs et détruira une bonne partie des industries locales.

Une étroite politique de coopération

Arriver à une étroite politique de coopération est la priorité des dockers de l’océan Indien. Les dockers sont conscients d’être situés sur un endroit clé du trafic maritime international, du fait que circule dans cette région une bonne partie des marchandises en provenance d’Asie et à destination de l’Europe et de l’Amérique.
Cependant, les travailleurs ne veulent pas être les victimes d’une croissance faite à leurs dépens. Dans la Déclaration finale du 29 juillet, les syndicats portuaires de l’océan Indien ont désiré parier sur le "développement régional intégré et une solidarité internationale entre les peuples". Un chemin qui va directement à l’encontre des processus économiques actuels.
La Déclaration de l’île de La Réunion établit comme principe fondamental "le droit des nations de disposer d’elles-mêmes". Un principe que l’IDC partage et défend dans ce contexte de fort désir de solidarité internationale.

L. C.


Inquiétude et colère à la SERMAT

Les travailleurs de la SERMAT, une entreprise chargée de la maintenance des engins portuaires sur le port de La Pointe des Galets, sont très inquiets et en colère. En effet, ils ont appris que la Direction de l’entreprise a l’intention de céder la maintenance des engins à une société extérieure (KALMAR). Afin de s’informer sur ces projets et de défendre leurs intérêts, les travailleurs se réuniront en Assemblée générale ce matin à 7 heures. Ils seront bien-sûr soutenus par leurs camarades dockers pour défendre leurs emplois.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?

Messages

  • Bonjour je suis docker au port autonome de douala ici c’est grave car 2850 dockers vivent dans une extreme pauvreté car la corruption est taille pas de convention collective digne je lance un cris d’alarme au monde entier de nous venir en aide pour plus d’informations je suis disponible

    • je suis docker au port autonome de douala. la situation est grave,dès lors ou mon contrat de travail stimule que je suis un manoeuvre occasionnel et que seul les jours travaillés sont rémunérés .et ce qui est déplorable les travailleurs se font embauchés en première catégorie.et le taux horaire est de 1,68fcfa par heure sachant que je travaille 10h par jour. là il est impossible de mener une vie.j’appelle l’organisation international des droits de l’homme à réagir car nous sommes victimes d’un esclavage pur et moderne.


Témoignages - 80e année


+ Lus