Les associations de lutte contre le chômage déposent une motion à la Préfecture

Observons vraiment les prix

17 février 2005

Jean-Hugues Ratenon, Ketty Dijoux et Maryse Dache remettaient hier une motion à monsieur le Préfet pour la création d’un observatoire des prix. Ils demandent la mise en application de l’article 75 de la loi d’orientation votée en 2000.

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Cela part d’un constat dramatique. Et les chiffres l’attestent. Les prix augmentent de manière exubérante, faisant montre d’une incohérence "exemplaire" dans le discours du gouvernement. D’un côté, les ténors de la classe raffarienne proclament une politique de cohésion sociale visant la réduction de la fracture sociale. De l’autre, ceux-là même pratiquent une politique de casse sociale. Les Réunionnais ont déjà manifesté leur désapprobation, face à l’inadaptation évidente de ce plan au contexte réunionnais. Le plan du ministre Borloo brille par son insuffisance. "La réaction des forces vives de notre pays le montre bien. Un sentiment d’inquiétude domine, et est largement partagé par la population", souligne la motion.
Une des préoccupations majeures des Réunionnais restent les prix et les revenus à La Réunion. Jean-Hugues Ratenon, président de l’association "agir pou nout tout", indique que le loi d’orientation pour l’Outre-Mer est formelle. "Elle prévoit, dans son article 75, l’installation d’un observatoire des prix et des revenus", insiste-t-il. Pourtant, 5 ans après, "aucun décret d’application n’a été pris par les gouvernements successifs", déplore-t-il.

De la responsabilité étatique

Au sortir de leur rencontre avec les services préfectoraux, la délégation ne peut que déplorer l’argumentation de la Préfecture, jugée insuffisante. Pour l’autorité préfectorale, l’INSEE assure déjà l’observation des prix. On sait, et il serait incongru de le rappeler à outrance, que l’INSEE observe, mais n’a aucun pouvoir sur le contrôle des prix. Les techniciens statisticiens ne font qu’observer. L’observatoire des prix et des revenus permet quant à lui la maîtrise des prix, plus que la seule observation. Les pouvoirs publics de l’État doivent prendre leur responsabilité. Le laxisme de l’État est lourd de conséquences pour de nombreuses familles réunionnaises, notamment "les smicards, les rmistes, les travailleurs privés d’emploi, tous ceux qui perçoivent les minima sociaux". Le passage à l’euro y est sûrement pour quelque chose. S’ajoute à cela l’augmentation du gaz, de l’électricité, de l’eau, du loyer, du téléphone, et les denrées alimentaires vitales. On se demande bien pourquoi ce décret reste en suspens, alors que son utilité est avérée.
Les associations "agir pou nout tout" et "comité des chômeurs du Port" exigent la parution du décret d’application, conformément à la loi. Par ailleurs, les deux associations demandent toute la transparence dans la mise en place de l’observatoire. Les syndicats et les associations de consommateurs devraient être présents dans cette instance. Après il faudra agir pour tous ceux qui subissent de plein fouet cette hausse catastrophique des prix. "Une bonne politique des revenus, liée à une baisse des prix, devrait assurer une meilleure cohésion de la société réunionnaise", souligne la motion. Mais, nous savons tous que ce gouvernement n’écoute La France d’en bas, les Réunionnais d’en bas, que d’une oreille. Et malheureusement, il nous tend celle la moins audible.

"Nous ne voulons pas du massacre social en 2005"

Agir pou nout tout, comme beaucoup d’associations de lutte contre le chômage, accueillera Brigitte Girardin, dès son arrivée à La Réunion. Jean-Hugues Ratenon souhaite rencontrer la ministre de l’Outre-Mer pour lui faire part de ce dossier, mais pas seulement. "En 2003, nous avons assisté à un recul social sans précédent. En 2004, c’était la casse sociale. Nous ne voulons pas du massacre social en 2005", explique Jean-Hugues Ratenon. Il compte parler de l’emploi réunionnais bien évidemment, et soulever le problème des CEC de l’Éducation nationale qui doivent perdre leur emploi d’ici la fin de l’année. Le président d’Agir pou nout tout précise qu’il restera mobilisé durant la visite ministérielle de Madame Girardin. "Toutes les actions menées contre ce gouvernement de casse sociale seront soutenues par notre mouvement", précise-t-il. À bon entendeur.

Bbj


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