Travailler à l’association Agir Pou Nout Tout

Œuvrer pour plus de justice sociale

12 janvier 2007

Qui ne connaît pas l’association Agir Pou Nout Tout ? Depuis maintenant 9 ans, elle est sur tous les fronts pour défendre le social. Emploi, éducation, logement, environnement, artisanat, l’association a réussi à étendre son champ d’action en quelques années, au point qu’Agir Pou Nout Tout est devenue un acteur incontournable de la société réunionnaise. On connaît surtout son Président, Jean-Hugues Ratenon, mais ce ne sont pas moins de 45 salariés que compte aujourd’hui l’association.
Rencontre avec Alice Moindjie, encadrante, et Jean Bernard Imouza Ichiza, coordinateur.

Ils y étaient dès la création de l’association en 1998. Alice Moindjie, actuellement encadrante à Agir Pou Nout Tout et Jean-Bernard Imouza Ichiza, coordinateur, ne regrettent pas leur engagement. En 1998, ils faisaient partie de ce groupe de jeunes qui avait décidé de créer le “Mouvement des chômeurs panonnais” pour lutter contre l’exclusion, dont ils étaient aussi victimes. Depuis, l’association a fait du chemin. Elle ne se cantonne plus à quelques jeunes bénévoles, puisque 45 personnes ont trouvé un emploi au sein d’Agir Pou Nout Tout. Le public que l’association accueille ne se limite plus aux jeunes travailleurs. Enfants, parents,
personnes âgées, toutes les composantes de la population fréquentent les locaux d’Agir Pou Nout Tout. « Si, au début, nos actions étaient surtout menées au niveau de Bras-Panon, maintenant, nous agissions aussi à l’échelle départementale », souligne Alice Moindjie.

Le respect et la responsabilité dans une association conviviale

Alice Moindjie et Jean-Bernard Imouza Ichiza ont trouvé tous les deux un emploi au sein de l’association. Alice est chargée d’encadrer une des équipes de 6 personnes qui travaillent sur les 4 chantiers pour l’entretien des espaces verts : le Bras-des-Lianes, les Berges de La Rivière du Mât les Hauts, le Bassin Rosaire et le littoral de La Rivière des Roches. Jean-Bernard Imouza Ichiza est en quelque sorte son supérieur. Il coordonne l’équipe de 4 encadrants dont fait partie Alice.
Mais travailler à Agir Pou Nout Tout, c’est aussi être engagé. Jean Bernard a découvert l’association lorsqu’il est venu s’installer à Bras-Panon. « Je venais de Saint-Denis. A l’époque, j’ai entendu parler de cette association qui bougeait pas mal. Il y avait des gens qui voulaient aller de l’avant, qui osaient dire la vérité. J’avais moi aussi envie d’avancer, et cette association m’a aidé dans ce sens ». Quant à Alice, elle se voyait travailler dans le social. « J’aime la gestion, le contact avec la population, aider les gens. Je suis à ma place ici. Travailler dans une association, c’est convivial, ce qui n’empêche pas qu’il y ait des principes. Nous tenons à la hiérarchie, au respect et à la responsabilité ».
La plus grande fierté d’Alice et Jean Bernard, c’est qu’aujourd’hui, Agir Pou Nout Tout reçoit chaque année plus de 3.000 personnes en difficulté. « Nous recevons, que ce soit à la cybercase ou au siège de l’association, entre 3.000 et 3.500 personnes par an. Il y a des enfants, des adultes, ceux qui cherchent du travail, un logement, ceux qui ont des problèmes financiers, ceux qui veulent de l’aide pour les démarches administratives, ou encore ceux qui veulent apprendre l’informatique. Nous sommes aujourd’hui reconnus par la population. Dès qu’elle a un problème, elle vient s’adresser à nous », raconte Alice. L’association sert ainsi de relais pour des organismes comme la CAF, l’ANPE, car les personnes ne sont pas toujours au courant des aides auxquelles elles ont droit. « Lorsqu’une personne vient nous voir pour des problèmes d’argent, il n’est pas question de l’aider financièrement. Notre rôle consiste à l’orienter, par exemple vers la commission de surendettement », ajoute Alice.
L’association est parfois confrontée à certains cas extrêmes, difficiles à prendre en charge. Jean-Bernard avoue ainsi qu’il se sent impuissant dans ces cas-là. « Ce qui m’a marqué l’année dernière, c’est ce monsieur qui est venu demander de l’aide et qui s’est mis à pleurer. Il n’avait rien : ni emploi, ni logement, il dormait sous un pont. Pas de famille pour le soutenir. Il ne pouvait même pas se nourrir. Face à cela, on se sent impuissant. On sollicite les organismes qui peuvent prendre en charge la personne, mais souvent, ce genre de cas s’ajoute à une longue liste de personnes dans la même situation ». C’est ce genre de situation qui fait dire à Alice et Jean Bernard que d’autres actions doivent être menées cette année. Ils pensent à la bataille en faveur d’un logement pour tous et à l’Observatoire des prix. Et l’action qui les a le plus marqué depuis que l’association existe ? « Il y en a eu tellement ! Pour moi, c’est notre bataille pour les “emplois aidés”. Nous avons sensibilisé les organismes sur la baisse de ces emplois, sur le manque de postes et de fonds », concluait Alice.

Edith Poulbassia


Quelques terrains d’action de l’association

- Défendre les “emplois aidés”. Agir Pou Nout Tout a soutenu en 2005 les 35.000 CES, CEC, et 10.000 CIA et “emplois jeunes” pour qu’ils accèdent à des emplois durables.
- La valorisation des sites touristiques et la protection de l’environnement. En 6 ans, ce sont 280 “emplois verts” créés pour entretenir les 4 sites évoqués ci-dessus, et participer à la lutte contre le chikungunya. Les “emplois verts” ont ainsi nettoyé les cours d’environ 250 foyers et les ravines.

- Le soutien à la création de la Zone Franche Urbaine de l’Est. La ZFU est une des solutions pour résoudre le chômage à Saint-Benoît, Bras-Panon et Saint-André. L’association accompagne les demandeurs d’emploi dans leur recherche avec l’ANPE et la Mission locale.

- L’Observatoire des prix et des revenus. L’association milite pour la création de cet outil. Elle est à l’origine du Collectif qui demande plus de transparence sur les conditions d’installation de cet outil et qui souhaite participer à sa mise en place.

- L’égalité des chances. Grâce à la cybercase, la population peut avoir accès à l’informatique. Un lieu d’accueil pour les enfants qui se familiarisent avec des techniques de travail et qui y trouvent aussi une écoute. Les animateurs assurent le soutien scolaire.


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