Mobilisation pour l’emploi en Nouvelle-Calédonie

On n’impose pas à un pays une manière de faire

15 juin 2011, par Manuel Marchal

En Nouvelle-Calédonie, mobilisation des syndicats contre l’initiative d’une société de recrutement de travailleurs temporaires. Le fond du problème, ce n’est pas le recrutement de quelques Réunionnais mais le respect par une entreprise d’une loi issue d’un acte de réconciliation, les accords de Matignon et de Nouméa.

Dans son édition d’hier soir, le journal de Télé Réunion a rendu compte d’un débat qui a lieu en Nouvelle-Calédonie suite à l’initiative d’une société de recrutement de travailleurs intérimaires. Manpower projette de faire venir dans l’archipel quelques Réunionnais. Lors d’une émission télévisée, Didier Guénant Janson, dirigeant de l’USOENC, a fait part de sa désapprobation rappelant les difficultés des Néo-Calédoniens à trouver du travail dans leur pays. Quant à l’USTKE, autre grande confédération syndicale, elle a organisé jeudi dernier une mobilisation devant le siège de Manpower.
Comme dans notre île, la question de l’emploi est très sensible en Nouvelle-Calédonie. Les règles y sont différentes. Invité hier soir sur le plateau de Télé Réunion, le professeur Laurent Sermet a expliqué que dans cette collectivité, une loi de pays s’applique dans ce domaine. Elle permet d’améliorer l’accès de l’emploi des habitants du pays lorsqu’ils sont mis en concurrence avec des personnes venues d’ailleurs sur le même poste. Cette loi est une conséquence des accords de Matignon et de Nouméa qui ont permis de sortir d’une grave crise politique.
La réaction suscitée par le projet de Manpower pose en tout cas la question du respect de cette règle. Elle interroge aussi sur le caractère isolé ou pas de l’initiative de l’entreprise de recrutement de travailleurs intérimaires.
Car selon les propos tenus par la délégation de l’USTKE lors d’une rencontre avec la direction de Manpower, ce sont 14.000 personnes qui se sont installées en cinq ans, entre 2000 et 2005. Rapportée à la population de La Réunion, c’est comme si tous les ans pendant 5 ans, 9.000 personnes venaient dans notre île pour s’y installer, et donc beaucoup parmi elles pour y travailler. Dans le contexte de pénurie d’emploi que nous connaissons, chacun peut imaginer les tensions sociales que provoquerait un accroissement aussi important de la population active, bien supérieur en tout cas aux créations d’emploi.
C’est donc le problème du respect d’une loi qui est le fond de l’affaire. Car cette loi s’appuie sur une réalité propre au pays. Et ce que montre la mobilisation de la population en Nouvelle-Calédonie, c’est que l’on n’impose pas à un pays une manière de faire. Voilà qui fait réfléchir.

M.M.


Ralenti sur une banderole

Sur une des banderoles des manifestants devant Manpower était écrit le nom d’Air Austral. Aucun spectateur du journal de Télé Réunion hier soir n’a pu la rater puisqu’elle est passée au ralenti. Pourquoi donc cette insistance ? Et pourquoi n’a-t-il pas été question du fond du problème, à savoir les 14.000 personnes qui sont venues s’installer en Nouvelle-Calédonie en quatre ans ?
C’est à se demander si l’objectif du reportage n’était pas uniquement de servir les intérêts de ceux qui veulent s’en prendre à Air Austral ?

Luttes pour l’emploi

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus