Grève des agents ANPE

« On s’oriente bien vers la privatisation du service public de l’emploi »

19 décembre 2007

À l’appel de l’Intersyndicale CGTR-SNU-FO-UNSA, 40% des agents ANPE de La Réunion ont suivi hier un mouvement de grève pour marquer à nouveau leur opposition au projet de fusion ANPE/Assedic qui amorce la privatisation du service de placement des demandeurs d’emploi. Cinq agences sont restées portes closes.

Rassemblés hier matin au Centre Jacques Teyssier de la Saline-les-Bains, une soixantaine d’agents ont dressé le bilan de leur entretien, la veille au soir, avec le Directeur Général de l’ANPE, en visite dans notre département. Une entrevue provoquée par les syndicats qui se sont imposés lors d’une réunion d’encadrement.

« Du blablabla, rien de concret »

Mais cet échange avec Christian Charpy, DG de l’ANPE, n’aura pas permis d’apaiser les inquiétudes des agents qui accusent ce projet de fusion extrêmement dangereux pour les demandeurs d’emploi comme pour l’ensemble des salariés. « Le premier constat est que la venue du Directeur Général ne change rien à la donne, explique Pascal Hoareau, délégué CGTR-ANPE. On s’oriente bien vers la privatisation du service public de l’emploi. On ne parle plus de service public, mais de mission de service public exercée par une structure de statut privé ». Les agents vont donc passer de la fonction publique à un statut de salariés du privé, perdant ainsi localement leur majoration de salaire, prime de vie chère. Ce transfert remet également en cause l’un des principes fondateurs du service public de l’emploi, à savoir la nécessaire indépendance et neutralité des agents. Sans cette garantie, ils seront exposés aux pressions extérieures de toutes sortes visant à servir des intérêts autres que ceux des demandeurs d’emploi, instrumentalisés à leur tour.
« Le discours de M. Charpy se veut rassurant sur les perspectives de la fusion, poursuit Pascal Hoareau. C’est simplement le relais du discours gouvernemental : du blablabla, rien de concret ». Pas d’argument, effectivement, s’agissant de la prise en compte de la situation particulière de La Réunion, de son chômage de masse qui touche un jeune sur deux, des importants besoins de formations, etc... Quel impact positif pourrait avoir ici cette fusion ? Aucune réponse, aucun argument. Juste la confirmation qu’à La Réunion, comme en Métropole, elle s’opérera de la même façon. Le point sur lequel le DG s’avance, c’est quand il assure que les agents conserveront leur mission de conseil, alors que le projet de loi soutient qu’ils auront à s’acquitter de l’ensemble des missions propres aux deux administrations, de l’inscription à l’indemnisation en passant par le placement, le contrôle, etc... « Cette confusion des missions est bien inscrite dans le projet de loi, et bien que M. Charpy se veuille rassurant, c’est l’application de la loi qui prévaudra », analyse le syndicaliste.
À la veille des fêtes, l’Intersyndicale se satisfait de l’ampleur de la mobilisation d’hier qui témoigne d’une vraie inquiétude des agents ANPE. En clôture de son Assemblée générale, elle a acté la poursuite du mouvement et de nouvelles actions au moment de l’examen parlementaire du projet de loi entre le 15 et le 21 janvier 2008. Elle poursuit ses prises de contact avec les élus locaux pour leur faire part de leurs revendications, et rencontre aujourd’hui, après la Sénatrice Gélita Hoarau, la Députée Huguette Bello.

Stéphanie Longeras


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