Hier matin au Lycée Georges-Brassens à Saint-Denis

« On sait qu’il y a des solutions, mais il faut passer par la grève ! »

29 janvier 2008

La mobilisation a été suivie au lycée Georges-Brassens, situé juste à côté du Rectorat : l’ensemble du personnel ATOS ainsi que 17 professeurs ont répondu à l’appel à la grève.
(photo SL)

Comme dans tous les établissements de l’île, la matinée a commencé par une Assemblée générale des personnels au lycée Georges-Brassens situé juste à côté du Rectorat. L’ensemble du personnel ATOS ainsi que 17 professeurs ayant cours ce jour-là ont répondu à l’appel à la grève, soit une mobilisation suivie pour un jour de rentrée, premier temps du mouvement qui va se décliner au-jour le jour, en fonction des établissements.

6 chômeurs de plus au 31 janvier

« C’est à l’unanimité que les ATOS ont décidé de faire grève aujourd’hui », explique Jean-Pierre Naze, délégué syndical du SNFPT (Syndicat national de la fonction publique territoriale). A 9 heures 30, l’AG, avec le corps enseignant cette fois, a abouti à 5 abstentions et 17 professeurs grévistes ayant cours ce jour-là. Au 31 janvier, soit dans 3 jours, 5 ATOS sur 6 employés en contrats précaires, ainsi qu’un personnel administratif en CAV se retrouveront au chômage.
Après 8 ans d’exercice au sein de l’établissement, Marine (prénom d’emprunt - Ndlr) a appris 2 jours avant les vacances scolaires, par le chef d’établissement, que son contrat d’agent administratif ne serait pas reconduit. « J’espérais etre intégrée mais qu’est-ce que je peux faire ? J’ai commencé à rechercher un travail mais... (souffle) rien ! ». Marine suit donc le mouvement ,mais sans trop d’illusions. Murielle, 27 ans, qui travaille aux côtés de Marine, a elle aussi décidé de faire grève non pas pour défendre son poste, mais par solidarité avec ses collègues. Employée en CAV depuis bientôt 2 ans, son contrat prendra fin au 31 mars et elle ne s’en plaind pas. « Vu le nombre d’heures et le salaire, ce travail n’est pas intéressant pour moi, mais je l’ai accepté pour acquérir ma première expérience ». En effet, bien que titulaire d’un Bac Pro secrétariat et comptabilité, aucun employeur n’a laissé sa chance à Murielle, toujours sous couvert d’inexpérience.

« ... on y arrivait encore grâce à ces contrats précaires... »

Au total, entre les ATOS et les personnels administratifs et de vie scolaire, le lycée compte autant de titulaires que de précaires, 16 contre 17 pour un effectif scolaire de 1.460 élèves. « Restauration, sécurité, hygiène, laboratoire, CDI, internat... ils font un travail phénoménal dans l’établissement », soutient Jean-Pierre Naze. « Au départ, le Recteur nous a dit fermement qu’il n’y avait aucune solution, puis après, il en trouve pour une minorité. On sait qu’il y a des solutions, mais il faut passer par la grève ! ». Concrètement, les dispositions d’avant-grève du Recteur auront pour seul effet dans l’établissement de prolonger un personnel en CAV de plus de 50 ans d’1 an, soit une possibilité inscrite au contrat que le Rectorat refusait au départ d’appliquer.
A noter qu’elle ne concernera au total que 16 contrats sur toute l’Académie qui, au bout de 1 an, se retrouveront au point de départ. « Si rien ne bouge, je crains le "on va faire avec", estime pour sa part Jean-Claude, ATOS titulaire à Georges Brassens. Mais quand les classes seront sales, il faudra subir la pression derrière. C’était déjà difficile pour une personne d’entretenir 14 classes, alors 20 ! On jonglait jusque-là, et on y arrivait encore grâce à ces contrats précaires qui, il faut le rappeler, sont intégrés dans l’équipe, font le travail d’un titulaire, ont à charge un secteur qu’ils assument seuls ». Qui nettoyera demain les salles de classes ? Les professeurs ? Les élèves ? A l’évidence, il semble difficile pour les titulaires de faire des heures supplémentaires, quand bien même elles seraient enfin payées.

S. L.


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