L’UFAP et la situation dans les prisons à La Réunion

’On se demande si on est en République française’

1er février 2005

Après dix jours sur le terrain des centres pénitentiaires réunionnais, le secrétaire et le secrétaire général de l’UFAP déplorent l’insalubrité, la surpopulation carcérale, l’insuffisance de la sécurité, mais aussi l’absence de dialogue social avec l’administration pénitentiaire.

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L’Union régionale de l’Union fédérale autonome pénitentiaire (UFAP) a reçu durant une dizaine de jours ses représentants fédéraux. Dix jours consacrés à "établir une formation syndicale afin d’approfondir la connaissance des nouvelles lois et de la nouvelle réglementation pénitentiaire", explique le secrétaire national de l’UFAP, David Besson. C’est la première formation syndicale proposée depuis dix ans dans les Départements d’Outre-mer.
Avant cette mission de formation, la seule ressource du personnel était une cassette vidéo.

Pour un dynamisme nouveau

Le secrétaire général adjoint, Jean-François Forget et David Besson ont rencontré les représentants du syndicat au sein des trois établissements. Au moment du départ, ils déplorent que l’administration pénitentiaire n’a pas facilité leur séjour et déclare, navrés, que "à La Réunion, il y a une absence totale de dialogue social et un trop grand manque d’intérêt". Un désintéressement commun à tout l’Outre-mer et peut-être plus marqué ici, sensible même à la Préfecture, selon les représentants syndicaux qui ont rencontré aussi bien les chefs d’établissements que le préfet.
Cette mission de formation a été très bien accueillie par le personnel comme le note Marseille Dijoux, délégué régional : "nous avons beaucoup de Réunionnais qui sont revenus au pays, et qui impulsent un nouveau dynamisme".

L’insalubrité, une catastrophe

Au cours du dernier déplacement du secrétaire général de l’UFAP à La Réunion, il y a trois ans, de nombreux sujets ont été pointés, principalement la surpopulation carcérale et l’insalubrité des établissements. Trois ans après, le contexte reste inchangé. Pour Jean-François Forget : "L’insalubrité est toujours une catastrophe à Saint-Denis, le quartier disciplinaire est invivable". Il se demande aussi quand les travaux du centre de Saint-Pierre seront menés à terme. À l’issue des visites des établissements, de leurs dortoirs, il n’en revient pas : "On se demande si on est en République française".
L’organisation syndicale réclame la construction d’une Centrale à La Réunion pour les prisonniers qui ont une lourde peine, a peu près 400 personnes. Il regrette qu’il n’y ait aucun établissement pour mineurs prévu dans aucun DOM. Actuellement, on compte à La Réunion 17 mineurs pour 15 cellules.

Domenjod en 2008 ?

Quant aux nouvelles lois comme le placement extérieur, la libération conditionnelle et le placement sous surveillance électronique, elles ne sont pas sollicitées, ou insuffisamment, "ce n’est pas avec une vingtaine de bracelets électroniques qu’on peut résoudre le problème de la surpopulation carcérale, peut-être peut-on résorber le nombre de peines non-effectuées", note Jean-François Forget.
La mise en application du placement sous surveillance électronique s’est faite sans concertation et sans aucune création d’emplois. Il n’y aura pas de nouvel établissement avant 2008, à part celui de Domenjod dont les travaux de constructions doivent commencer en 2006. L’UFAP sur ce dossier se montre soucieuse du sort réservé aux riverains et aux expropriés.

Mauvaise gestion du personnel

Autre point noir, la gestion du personnel. À Saint-Pierre ou à Saint-Denis, des personnels de surveillance sont mis à d’autres missions comme la comptabilité. Ce qui bloque la création d’emplois.
L’UFAP soulève aussi le problème de la sécurité du Centre pénitentiaire du Port dont ils ont particulièrement discuté avec le préfet, qui a ainsi semble-t-il découvert la situation. Pour le secrétaire général adjoint : "Le Ministère doit délivrer les ressources nécessaires pour que les autorités pénitentiaires puissent posséder des effectifs suffisants pour accomplir leur mission".

Pour un organisme de suivi des effectifs

Autre problème évoqué, les gardes statiques à l’hôpital. Quand un détenu va à l’hôpital pour une consultation, sa surveillance est assurée par le personnel pénitentiaire. Trop fréquemment il n’y a qu’un seul surveillant, alors que la loi exige une escorte de deux personnes.
De plus, en cas d’hospitalisation, la police qui devrait assurer la surveillance la confie au personnel pénitentiaire. "Le transfert de compétence, de charge, doivent s’accompagner de moyens", remarque Jean-François Forget.
L’UFAP demande la création d’un organisme, d’une commission de suivi de gestion des effectifs qui seraient chargés d’évaluer officiellement les besoins.

Se mettre autour de la table

À La Réunion la situation n’est pas belle, elle est inchangée. Le désintéressement de la Préfecture et le manque d’intérêt des chefs d’établissements pour leur personnel désolent les représentants syndicaux, qui estiment au contraire qu’il faut que "tout le monde se mette autour de la table, car l’investissement des personnels quels qu’ils soient, est complet et total. Mais ils sont exploités dans l’indifférence".
Le 20 janvier, l’UFAP, affiliée à l’UNSA-Justice, avait appelé à un mouvement de grève ; appel qu’elle renouvelle pour le 5 février, jour de la réouverture du dossier sur l’Aménagement de la réduction du temps de travail et avant, courant mars, la réforme statutaire du personnel de surveillance.

Eiffel


Communiqué

APPEL DES SYNDICATS CFTC - CGTR - FO - UNSA - UIR CFDT

Halte à la casse sociale généralisée

Salariés du privé et du public, travailleurs privés d’emploi, retraités, étudiants, devant la politique de plus en plus agressive du Gouvernement et du MEDEF, et face à leur volonté de casse sociale généralisée, cinq organisations syndicales vous appellent à la mobilisation !

Le samedi 5 février 2005

Mobilisons-nous pour contrer un Gouvernement conservateur qui privilégie des mesures favorables aux plus riches, met en œuvre une régression sans précédent et développe l’insécurité sociale.

Mobilisons-nous pour que le profit et la rentabilité, et donc la privatisation, ne soient pas les critères de décision politico-économiques.

Mobilisons-nous pour mettre un terme au démantèlement des droits sociaux au profit du patronat et du MEDEF.

Mobilisons-nous :

- Pour la défense des 35 heures et des jours fériés (lundi de Pentecôte).

- Pour l’amélioration du pouvoir d’achat.

- Pour une politique de développement de l’emploi stable.

- Pour l’application du Code du travail et contre les menaces de dérégulation dont il est l’objet.

- Pour la défense des services publics.


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