POLITIQUE

Où sont les emplois promis aux Réunionnais ?

3 août 2011

Le dossier du recrutement des travailleurs du chantier de la centrale d’EDF en construction au Port confirme la volonté du gouvernement de ne pas respecter les engagements pris.

Nicolas Sarkozy, Conseil Interministériel de l’Outre-mer, 6 novembre 2009

« Je ne vois pas pourquoi des Ultramarins de catégorie A ne seraient pas affectés en plus grand nombre à des postes à responsabilités Outre-mer. Je vous annonce donc la constitution d’un "vivier de talents ultramarins’", qui sera interministériel et aura pour vocation de proposer, à chaque fois qu’un poste Outre-mer, sera vacant, au moins un candidat ultramarin s’il en a les compétences. Il s’agit à compétences égales, de favoriser l’affectation des Ultramarins en Outre-mer ».

Le chantier d’EDF, "Le Quotidien", vendredi 29 juillet 2011.

(photo Toniox)

« Selon la direction d’EDF, les ouvriers étrangers sont actuellement "une centaine". Des travailleurs rencontrés mardi (26 juillet) par "Le Quotidien" estiment pour leur part leur nombre à 250, en majorité des Espagnols, mais aussi des Portugais, Roumains et Bulgares ».

Conclusion

(photo Toniox)

Nicolas Sarkozy disait promouvoir l’emploi des Ultramarins, qu’attend-il aujourd’hui pour rappeler à l’ordre son ami et président d’EDF, Henri Proglio (à droite) qui va à l’encontre de sa politique ? À l’instar de grands patrons qui se sont fait remplacer pour n’avoir pas suivi les ordres du chef de l’état, Henri Proglio vivrait-il ses derniers jours à la présidence d’EDF ? À moins que tous les discours de l’UMP sur l’emploi n’étaient là que pour tromper les Réunionnais.


Où sont les promesses du CIOM ?

Des déclarations aux actes, il y a un fossé que l’on peut mesurer avec ce gouvernement. Le dossier de l’emploi est exemplaire, avec la comparaison des promesses du Conseil interministériel sur l’Outre-mer (CIOM) et la réalité.

Quand en 2009 Paris est confronté à un mouvement social de grande ampleur dans tout l’Outre-mer, il décide de convoquer des États généraux pour éteindre l’incendie. Quand il annonce cette nouvelle en février 2009, le chef de l’État affirme qu’un cycle se termine, et que d’autres méthodes doivent être mises en œuvre afin de donner davantage de responsabilités.
Durant plusieurs mois, les États généraux donnent lieu à des propositions. À La Réunion, même les jeunes qui n’y étaient pas invités présentent leur contribution " Nou lé kapab, 1.000 projets pour l’avenir des jeunes Réunionnais".

Des exogènes pour l’endogène

En novembre 2009, au soir du premier, et à ce jour le seul, Comité interministériel sur l’Outre-mer, le président de la République annonce une série de mesures visant à promouvoir la responsabilité. Il est décidé de nommer un sous-préfet à la Cohésion sociale et un commissaire au développement endogène, tout comme il est aussi convenu de faciliter l’accès des originaires d’une collectivité d’Outre-mer à l’administration de ce territoire. L’objectif est notamment de sortir les réunions de hauts fonctionnaires en préfecture de la « caricature ». Toutes ces déclarations sont écoutées avec attention, car à La Réunion, l’État a un très grand pouvoir dans l’emploi. Ce sont en effet les postes de fonctionnaires d’État qui forment la majorité des titulaires de la fonction publique. Dans un contexte de chômage massif, de pouvoir d’achat réduit à cause de la vie chère, et de jeunesse au niveau de qualification toujours plus élevé, les postes de fonctionnaires d’État mis en jeu chaque année suscitent une plus forte concurrence qu’ailleurs. Ils forment un gisement d’emplois durables.
La rentrée de septembre allait permettre d’évaluer le suivi de ces mesures.
Personne n’a noté de changement. Les assistants d’éducation sont poussés au chômage. Quant aux professeurs, ce sont au contraire des Réunionnais qui sont invités à émigrer en France pendant que des centaines d’autres enseignants venus d’autres Académies sont intégrés au système éducatif de notre île.
Sur les nominations aux deux nouveaux postes de hauts fonctionnaires créés à la suite du CIOM, le gouvernement a poursuivi dans la tradition de promouvoir des exogènes aux commandes des institutions soi-disant chargées du développement endogène. Ainsi, tous les commissaires au développement endogène sont issus d’autres territoires que celui sur lequel ils sont nommés. C’est la même chose pour les sous-préfets à la Cohésion sociale, mis à part l’exception martiniquaise.

Une constante chez l’UMP

À La Réunion, la nomination d’un Réunionnais à un poste à haute responsabilité dans la fonction publique d’État reste donc exceptionnelle, comme cela l’était auparavant. Mais dorénavant, le gouvernement n’hésite pas à souligner ce caractère exceptionnel dans ses actes. La dernière fois qu’une telle nomination a été décidée, une ministre s’est déplacée spécialement pour l’événement, c’était Roselyne Bachelot en janvier dernier. Ce qui est montré comme exceptionnel devrait pourtant être la norme si les déclarations du gouvernement étaient suivies d’effet.
Le refus de recruter des Réunionnais pour pourvoir à tous les postes sur le chantier de la centrale thermique du Port se situe dans le prolongement de cette politique. EDF est une entreprise où l’État est le principal actionnaire. La direction d’EDF ne peut être que le résultat d’une décision du gouvernement. Ce dernier peut donc peser sur toutes les décisions stratégiques d’EDF. Faire venir de 10.000 kilomètres de la main d’œuvre sur un chantier d’une telle importance en est une. Et cette décision va totalement à l’encontre du discours du président de la République au Conseil interministériel sur l’Outre-mer. Du discours aux actes, un fossé : c’est une constante chez l’UMP, aussi bien à Paris qu’à La Réunion avec Didier Robert.

M.M.

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