Hier à Saint-Denis

Paroles de manifestants au défilé du 1er mai

2 mai 2013, par Céline Tabou

Entre le Jardin de l’État et la Préfecture, des manifestants s’expriment.

Elie Hoarau : « La lutte n’est pas terminée »



• « Le Parti communiste réunionnais est traditionnellement présent au défilé du 1er mai. Il y a quand même cette année une exigence particulière à être présent. Tous les secteurs d’activité sont en crise, ce qui laisse entendre une hausse du chômage et la nécessité d’agir pour les travailleurs. C’est l’occasion aussi de faire savoir au gouvernement qu’il faut un changement radical de politique. Il est encore temps de le faire, mais il faut le faire maintenant parce que la situation est inquiétante et s’aggrave de plus en plus. La lutte n’est pas terminée, les combats qui vont se mener, notamment le 20 mai, seront également pour la défense de l’emploi. Le 20 mai sera l’occasion d’évoquer la priorité à l’embauche des Réunionnais, quand on voit qu’un récent rapport pointe du doigt les Réunionnais dans les administrations, c’est une raison de plus de se mobiliser ».

Maurice Gironcel : Il faut « aller au-delà de toutes les divisions »



• « Je vois que l’espoir est toujours là et que le combat est intact. Les diverses manifestations à La Réunion et en France montrent qu’il faut être présent et que le gouvernement entame des mesures politiques progressistes, avec la relance du pouvoir d’achat, création d’emploi. Il faut arrêter la connivence avec le monde de la finance, et aller au-delà de toutes les divisions syndicales. Les travailleurs doivent au contraire tout faire pour s’unir, c’est la seule issue pour avoir le changement de politique. L’union nationale ce n’est pas la solution, il faut l’union des travailleurs et des forces progressistes ».

Pierre Thiébault : « Le premier 1er mai, le plus revendicatif du gouvernement Hollande »



• « Ce 1er mai doit être le premier 1er mai le plus revendicatif du gouvernement Hollande. Revendicatif comme il ne l’a jamais été, car les atteintes faites au droit des travailleurs par le pouvoir actuel, on ne comprendrait pas que nous, qui travaillons en faveur du peuple, soyons absents de cette manifestation. L’heure est grave, la mesure phare du gouvernement qu’est l’ANI n’est pas encore signée, mon souhait est qu’en métropole comme à La Réunion, cette journée ait été une réussite totale. Pour moi, aujourd’hui, nous sommes à la limite d’un système qui protège les travailleurs et qui risque de disparaître. Battons-nous pour les salariés qui sont les forces vives de la nation ».

Sylvère Baret : « On va vers une précarisation à outrance des travailleurs »



• Nous sommes présents pour être solidaires avec les travailleurs qui subissent de plein fouet la politique d’austérité menée par le pouvoir actuel, et qui renie les promesses faites pendant la campagne, ce qui montre l’impopularité du pouvoir. Les travailleurs s’estiment trompés. Aujourd’hui plus que jamais, c’est un jour de mobilisation, de rassemblement des forces vives du pays, La Réunion, pour dire non à cette politique d’austérité et pour que le changement se fasse réellement. D’ailleurs, cela aurait dû passer par le non-cumul des mandats au lieu du mariage pour tous. On va vers une précarisation à outrance des travailleurs, c’est inadmissible dans un pays comme la France, pays des droits de l’homme ».

Henri Hippolyte : « Il est nécessaire de manifester et de lutter »



• « J’ai toujours été présent au défilé du 1er mai et de toutes les manifestations organisées par la CGTR, car je suis aussi un travailleur syndiqué. Manifester est important, car quand on voit les problèmes dans les secteurs public et privé, malheureusement, les mesures gouvernementales ne pourront pas stopper cette chute. Il est nécessaire de manifester et de lutter et de donner des solides garanties à la population pour qu’elle vienne manifester, car il ne s’agit pas seulement des travailleurs, mais d’une question de société qui se délite, il y a nécessité à manifester ».

Julie Pontalba : « Un 1er mai pour les militants syndicaux et politiques »



• Le 1er mai est une date importante au PCR pour se mobiliser pour les militants syndicaux et politiques. Surtout à cette époque, où les travailleurs sont si malmenés et où il y a si peu de travail pour les personnes. Seuls 33% de la population réunionnaise travaille, l’emploi est une question importante et plus que jamais elle doit l’être.

Pascal Basse : « Le Parti socialiste a choisi le déshonneur »



• « Nous sommes présents aujourd’hui pour soutenir les syndicats qui subissent la nouvelle loi ANI (Accord national interprofessionnel - NDLR) qui est une régression sociale. Je citerais Churchill, qui disant en 1938, quand on est parti à Munich se coucher devant les nazis par peur de la guerre, avec cet ANI, on a une loi où il y a eu le choix entre le déshonneur et le chômage. Le Parti socialiste a choisi le déshonneur et aura malgré tout le chômage. Le 1er mai est un mouvement social qui fait la fierté des travailleurs. Le 5 mai, nous prévoyons d’enterrer la 5e République et créer les conditions de la 6e ».

Eric Parlier : « Un acte de solidarité envers tous les Réunionnais qui luttent »



• « Le 1er mai a un sens fort, car c’est la journée des travailleurs, mais également des milliers de personnes qui sont privées d’emploi. Aujourd’hui, les travailleurs, les demandeurs d’emploi et les personnes aux minima sociaux sont partis pour être dans le pire étau de paupérisation. Notre présence ici est aussi un acte de solidarité envers tous les Réunionnais qui luttent aujourd’hui ».

Gilles Leperlier : « Nous devons faire de l’emploi la priorité des priorités »



• « En ce jour de lutte, ma place est dans la rue, avec celles et ceux qui mènent la lutte pour de meilleures conditions de travail. Mais ma pensée est avec celles et ceux qui n’ont pas d’emploi. Avec le chômage qui ne cesse d’augmenter, nous devons faire de l’emploi la priorité des priorités. Le dirigeant politique, économique ou social qui se lève le matin avec une autre préoccupation que celle de créer de l’emploi peut aller se recoucher. Face à l’urgence de la situation, des mesures peuvent être prises comme la priorité à l’embauche des Réunionnais dans les secteurs public et privé. Nous devons mener la lutte et c’est pour cela que nous appelons à la mobilisation de toute La Réunion le 20 mai prochain à 10h devant la Préfecture ».

Ivan Hoareau : « Un moment pour faire savoir notre mécontentement »



• « Ce 1er mai, comme tous les autres, est un moment pour les travailleurs de se retrouver, d’être solidaire entre travailleurs et, mais aussi un moment pour faire savoir notre mécontentement face à la politique d’austérité. On n’a pas élu François Hollande sur ce volet, parce que nous avons encore en tête les mots « ennemis de la finance ». C’est une déception, on n’attend pas le grand soir, mais cet accord de régression sociale est l’exemple qui montre jusqu’où le gouvernement peut aller. Dans l’Histoire de France, c’est la première fois que l’on voit un gouvernement socialiste signé un accord de ce genre. Cet accord de régression sociale s’adapte à la crise, avant c’était travailler plus pour gagner plus, maintenant c’est travailler moins pour gagner moins. Contrairement à ce qu’ils disent, les compensations sont du pipeau, car il n’y a pas d’équilibre dans le texte. On va vers une précarisation, car l’objectif du gouvernement est de sécuriser l’emploi, mais c’est tout le contraire. Les organisations syndicales vont lutter contre la politique d’austérité et contre la baisse des salaires. Car si les mesures ne sont pas bonnes, nous les combattrons ».

Marie-Hélène Dor : « Les travailleurs et les sans emploi sont en droit d’attendre autre chose »



• « On constate aujourd’hui qu’il n’y a pas de rupture, en tout cas ces promesses ne sont pas au rendez-vous. Les travailleurs et les sans emploi sont en droit d’attendre autre chose que l’ANI. Il y a une évidence, l’impossibilité d’admettre cet accord qui se traduit par une révélation des clivages qui ont toujours existé et particulièrement à cette période. Il y a des syndicats qui se disent réformistes, ont le porte-plume facile quand il s’agit de signer avec le PS, et beaucoup avec des textes similaires, par le passé. Ensuite, la question de l’université n’est toujours pas réglée à La Réunion, même s’il y a eu une rallonge, cela ne résout pas tout. Il y a les postes dans les services publics, même s’il est prévu de rétablir les postes, la compensation ne suffit pas. La question salariale se pose aussi, le pourcentage de perte de pouvoir d’achat, la souffrance de plus en plus grande au travail, voici les grands axes qui exigent des réponses ».

Max Banon : « Ce 1er mai dénote une résistance de la population et des travailleurs »


• « Ce 1er mai dénote une résistance de la population et des travailleurs qui veulent de vrais changements. Il faut que la population s’unisse et débatte sur les vraies questions de l’emploi, du logement, du pouvoir d’achat. Personne n’a la solution, mais c’est ensemble que l’on va trouver des solutions. Beaucoup d’observateurs politiques et économiques à La Réunion disent qu’il faut un nouveau modèle de développement pour cela, il faut échanger et arrêter les polémiques stériles qui ne mènent nulle part. Dans le contexte économique et social que connaît La Réunion, la concertation est indispensable et la population devra s’en saisir afin de faire des propositions et organiser les actions à venir ».
Alexia Aki : « On voit un recul de l’identité et de la culture réunionnaise »



• « Je fais partie de la plate-forme “Préférence régionale pour l’Emploi à La Réunion” qui milite pour l’emploi et la reconnaissance de l’identité créole. On voit que François Hollande renie ses promesses. On voit aussi un recul de l’identité et de la culture réunionnaise. François Hollande avait promis de signer la charte européenne des langues régionales, il ne l’a toujours pas fait. En cette fête du Travail, nous avons tenu à représenter les chômeurs qui ne parlent pas. Ce défilé est un moyen de faire entendre la voix des demandeurs d’emploi. La préférence régionale n’est plus tabou, on veut aujourd’hui des preuves, des mesures concrètes parce qu’on en a assez des doubles discours ».

Amandine Ramaye : « Le 1er mai est l’occasion de revendiquer le droit à avoir un travail »



• « Notre plate-forme Rezistans est présente aujourd’hui pour soutenir l’organisation “Préférence régionale pour l’Emploi à La Réunion” qui nous a invités pour la priorité à l’embauche des Réunionnais, qui est l’un des points de notre plate-forme. Nous avons obtenu 10.618 signatures et nous représentons les Réunionnais qui exigent des élus la priorité à l’embauche des Réunionnais. Le 1er mai est l’occasion de revendiquer le droit à avoir un travail ».

Témoignages de manifestants


Michel : « C’est une fête importante pour les travailleurs. Chaque année, je participe à cette manifestation qui reste symbolique. Je travaille dans le BTP, la crise a entraîné de nombreuses difficultés auprès des patrons, mais ils accentuent la crise en licenciant. Dans mon entreprise, on dit toujours qu’il y a de plus en plus de gens, mais quand on travaille et que certains sont absents, on voit le manque de personnel. On travaille alors plus et plus longtemps parce qu’il y a des besoins. Je pense que si Didier Robert, qui après avoir supprimé la Rocade, le tram-train, et d’autres projets, lance la Route du Littoral, il y a des chances que l’activité se relance. Mais il faut surtout que les gens bien placés fassent leur travail ».

Jean-Albert : « Avec Nicolas Sarkozy, on allait nous tuer à petit feu, mais avec François Hollande, ce sera plus rapide. Il a fait beaucoup de promesses et a peu donné. Le 1er mai est la fête des travailleurs, ceux qui ont travaillé toute leur vie pour avoir aujourd’hui des retraites de misère. Il y a beaucoup à faire et beaucoup à combattre, c’est ça le problème ».

Pierre : « C’est important d’être présent aujourd’hui pour rappeler au monde patronal que les travailleurs font les entreprises et non pas les actionnaires. Il faut laisser du temps à François Hollande, mais on espère qu’il mettra ses promesses en applications. Ce 1er mai est un symbole fort ».

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