Manifestation des Assistants(es) d’éducation à Saint-Denis

Pas d’avancées mais des brutalités

25 juin 2009, par Jean Fabrice Nativel

Malgré la demande du Préfet cette semaine devant les assistants(es) d’éducation vivant au chevet de la Préfecture depuis trois semaines, la rencontre avec le recteur n’a pas eu lieu. En revanche d’un des bâtiments de la Préfecture, des AE ont été dégagés avec force sans qu’on se demande si parmi ces personnes une d’entre elles ne serait pas enceinte.

RIEN, sur ce constat s’est terminée la journée d’action des assistants(es) d’éducation de l’Éducation Nationale à Saint-Denis hier. Ils demandent la pérennisation de leurs emplois ! Commencée à 10h30 à l’ancienne Gare Routière, la manifestation des agents non-titulaires de l’État a emprunté les rues des Limites, du Maréchal Leclerc et Paris avec des pauses aux portes des commerces, de la Direction du Travail, de l’Emploi et de la Formation Professionnelle avant une halte finale à la Préfecture. Là où siègent depuis 3 semaines des pères et mères de famille qui sont sur le point de perdre leurs emplois.

Un des bâtiment de la Préfecture occupés

Par la voie de Marie-Doriane Dijoux, ce personnel précaire des établissements scolaires ont sollicité une rencontre avec le Préfet. Il ne pouvait les recevoir car il est « hors du département » explique-t-on. Ce qui ne veut pas dire que s’il était la, il les aurait reçus. Alors qu’il était prévu de bloquer la route pour se faire entendre, c’est au Bâtiment D DR1 Réglementation Générale de la préfecture que le cortège se rend.
Le groupe des AE se scinde : un est bloqué au portail et un autre a eu le temps de parvenir au bâtiment et de l’occuper. Il y trouve même une table ronde avec des stylos où le Préfet est invité. Au sujet de cette fameuse table ronde, les AE demandent à ce qu’on leur rende la leur, de table… ronde ainsi que la nourriture qui leur a été dérobée. Et si le préfet ne trouve pas de table ronde parmi les personnes en lutte, il y a des ébénistes.

Dégagés sur le bitume

L’occupation du bâtiment ne va pas durer. Après que les forces de l’ordre aient demandé aux AE de le quitter et eux de résister. C’est par la force qu’ils ont été très vite délogés. Pris par les pieds et les bras, les policiers les ont acheminé vers l’extérieur et jeté sur le macadam, dont leur porte-parole Marie-Doriane Dijoux. Ce qui ne leur a pas empêché de reprendre leur combat devant les fenêtres de la préfecture.
Dans l’après-midi à 16h, les AE vont au rendez-vous avec le Recteur « sur demande du préfet ». La rencontre tant attendue n’aura pas lieu pour une histoire liste de noms qui ne correspond pas à celle du représentant du Recteur. Après échanges et concertation, la délégation décide de regagner leur campement de la préfecture.

Rendez-vous reporté

Que se passera-t-il aujourd’hui ? Les portes du rectorat seront-elles bloquées ? On ne sait pas. Mais un point est certain, les AE veulent voir autour de la même table qui plus est ronde : le Préfet et le Recteur. Et enfin de se regarder les yeux dans les yeux –peut-être pas la main dans la main-, de parler avec franchise et de s’accorder sur une solution pour ces précaires dont pour 348 contrats prennent fin.

Texte et photo


C’est pas moi, c’est lui

Hier matin à Saint-Denis, les AE dans leur course au CDI ont obtenu les soutiens de l’UNEF représentée par Gilles Leperlier et du PCR, par la présence de Fabrice Hoarau. Cette situation, ils la déplorent et s’indignent. Il en est de même pour Jean-Hugues Ratenon au nom d’Agir Pou Nout Tout.

En remontant la rue du Maréchal Leclerc, le cortège des manifestants a été encouragé dans leur action par des écoliers tandis que pour d’autres personnes, c’était non ! C’est leur opinion et on ne peut que la respecter. Sauf qu’aujourd’hui des emplois sont menacés et ce même si les AE avaient signé un contrat de 3 ans renouvelable une fois.
Ces contrats pour certains arrivent à leur fin. Que faut-il faire ? Laisser la situation telle quelle ? Se laver les mains où dire ce n’est pas notre problème ? Le gouvernement a annoncé des licenciements et le non-renouvellement de contrats dans la fonction publique. Les AE sont-ils du lot ?
Dans leur lutte, les AE ont obtenu le soutien des collectivités —maires, président du Conseil régional et présidente du Conseil général— et des parlementaires –députés(es), sénateurs(trices)-. Cependant, on peut relever que pour le Préfet et le Recteur, les réunir autour d’une table ronde avec les AE semble être impossible ? Et pourquoi cela ?

À force de jouer à dire c’est pas moi, c’est lui, on file tout droit vers la fermetures des établissements scolaires. Une manière de mettre de côté le cas des AE et de les oublier !


Motion du Conseil général

Soutien aux assistants d’éducation

Hier au Conseil général, six motions ont été présentées en assemblée plénière sur le RSA, la compensation de l’APA, les assistants d’éducation, le financement des logements locatifs très sociaux, sur l’avenir de l’Agence Départementale d’Insertion (ADI), sur la programmation des structures médico-sociales.
Pour les assistants d’éducation, le Conseil général va transmettre une demande à l’Etat. « L’assemblée départementale insiste auprès de l’Etat pour qu’une attention particulière soit portée à la situation de ces personnels et notamment pour mener une analyse juridique qui permette, en concertation avec les parlementaires de La Réunion, de fonder des mesures dérogatoires pour assurer la continuité des contrats des assistants d’éducation ».

E.P.


Réunion des AED et de l’intersyndicale

Condamnation des méthodes de l’administration

Le Sgpen-CGTR annonce dans un communiqué que suite à la réunion de l’intersyndicale CGTR, FSU, CFDT, CFTC, SAIPER, UNSA Education, ouverte aux associations des assistants d’éducation (collectif des AED et Kassed…), une délégation a été constituée pour rencontrer le Recteur l’académie et un représentant du Préfet dans les locaux du Rectorat, mais que malgré les engagements pris la veille par le Préfet, le Recteur d’académie, par le biais de son directeur de cabinet, a refusé de recevoir la délégation sous prétexte de la présence de représentants syndicaux.
Cette exclusion des organisations syndicales foule au pied les bonnes pratiques du dialogue social, s’indigne le Sgpen-CGTR.
C’est non seulement « un signe de mépris à l’endroit des organisations syndicales » mais c’est également « une insulte » à la lutte des AED qui se trouvent ainsi privés d’être accompagnés et assistés de représentants syndicaux dans le cadre d’audiences.
La CGTR condamne fermement la mise sur la touche des organisations syndicales et estime que ce n’est pas au Recteur, dans le silence complaisant du préfet, de designer les membres des délégations qu’il entend recevoir.
La CGTR demande aux autorités de retrouver raison et d’ouvrir le dialogue nécessaire au règlement positif du dossier sensible de AED.


Fondation France Outre-mer

La position de l’administration est
« insoutenable et irresponsable »

Dans un communiqué, sous la signature de son délégué permanent Samuel Mouen, la Fondation France Outre-mer apporte son soutien aux Assistants d’Education. Tout d’abord « pour faire appliquer l’un des droits fondamentaux de l’Homme et du Citoyen repris dans la Constitution (le droit de résistance à l’oppression… 1789) ». Ensuite « parce que l’attitude du Rectorat est inacceptable et moralement insoutenable ». En effet, « le traitement de ce dossier concernant les Assistants d’Education est inégal en comparaison de ce qui se fait pour d’autres concitoyens au niveau national », précise la Fondation.
Elle constate qu’« un tel comble conduirait non seulement à douter de la volonté du gouvernement dans le cadre des Etats Généraux, mais aussi et surtout amènerait une crainte sérieuse de la Fondation à désespérer une jeunesse considérablement en mal de vivre ».
La Fondation France Outre-mer demande donc au Préfet et au Recteur d’agir dans le sens d’une solution durable, « qui éviterait par là même que La Réunion ne tombe de nouveau dans une étourderie sociale qui ne dit pas son nom ».



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