Grève de la faim à RFO

Pas d’intégration après 15 ans de travail

1er septembre 2005

Depuis lundi dernier, deux maquilleuses de Télé Réunion sont en grève de la faim. Elles revendiquent leur droit à l’intégration, après 15 années de bons et loyaux services pour la chaîne publique.

Sylvette Aubert et Marie Lindjie Passée veulent coûte que coûte être intégrées. "Cela fait 15 ans que l’on travaille sous le statut d’intermittentes", indique la première. "On ne peut pas être intermittentes pendant tout ce temps", déplore-t-elle. Le Code du travail est ici bafoué, et les 2 grévistes souhaitent que la Direction de RFO entende leur revendication, tout à fait justifiée. "Quand on dépasse 140 jours de travail, on peut prétendre à un CDI, à un statut", poursuit Sylvette Aubert.
Aujourd’hui, nous pouvons effectivement parler d’emplois précaires au sein d’une chaîne publique. La Direction de RFO ne privilégie pas la piste de l’intégration des 2 maquilleuses, mais pourtant nous entendons parler de l’intégration des techniciens. Après 5 ans de travail, ils ont plus de chance. C’est un peu la goutte d’eau qui fait déborder le vase. Les 2 grévistes, qui ont travaillé depuis plus de 15 ans, ne comprennent pas pourquoi elles ne peuvent profiter de cette intégration. Mardi soir, elles étaient reçues par la Direction. Sans grandes nouvelles ! Elles sont aliénées par leur statut d’intermittentes, et RFO Réunion ne disposerait pas de moyens pour créer des postes pérennes pour les 2 grévistes. "Mais ils ont les moyens de créer des postes en haut de l’échelle pour des salariés venus de Paris", s’insurge Sylvette Aubert. Et de continuer : "s’ils n’ont pas d’argent pour nous, pourquoi créer des postes pour eux ?".
Autour du problème que rencontrent les 2 maquilleuses se cache un plus vaste chantier, celui des pigistes, des journalistes payés à petits sous, tandis qu’une cohorte d’élus dispose d’un revenu indexé à 75%. Pour certains, la tension est palpable dans les murs de RFO. "J’ai pu être intégré, et je suis heureux que cela s’est fait dans mon cas. J’ai vu les 2 grévistes depuis mardi en rentrant au travail, et j’avoue que je trouve justifiée leur démarche. La Direction doit maintenant prendre ses responsabilités, et intégrer ses dernières, mais pas qu’elles. Il y a en effet un certain nombre de pigistes qui triment, avec en poche une Maîtrise d’info’com. C’est sûr, notre Direction doit prendre des mesures importantes", déclare un confrère, qui préfère préserver son anonymat. On peut comprendre...

Bbj


Soutien de la Fédération du personnel du spectacle

"La Direction de RFO se doit de trouver une solution"

Voici un communiqué de la Fédération du personnel du spectacle, de l’audiovisuel et de l’action culturelle CGTR, en soutien aux deux maquilleuses grévistes de RFO.

"La Fédération du personnel du spectacle, de l’audiovisuel et de l’action culturelle CGTR a pris connaissance de l’action de 2 salariées maquilleuses à RFO.
La question soulevée par l’action engagée par ces 2 travailleuses l’est depuis plusieurs années et la Direction de RFO a manifesté d’une inertie particulière dans cette affaire.
Il est évident que les dispositions légales relatives aux Contrats à durée déterminée ne permettent pas d’utiliser les contrats d’usage pour occuper des emplois liés à l’activité permanente de l’entreprise. C’est une position constante de la jurisprudence. La Direction de RFO le sait, en a été informée en son temps par l’administration du travail et n’a rien fait sinon laissé traîner l’affaire malgré les demandes répétées des syndicats.
Bien mieux, les maquilleuses de RFO étaient employées en toute illégalité dans le cadre du régime des intermittents du spectacle.
Depuis le conflit des intermittents, les pratiques abusives des entreprises publiques avaient été révélées et les 2 ministres qui se sont succédé s’étaient engagés à régulariser la situation.
Le ministre actuel, M. Donnedieu de Vabres, en a fait une priorité. Il semble que pour la Direction de RFO, désignée pourtant par le gouvernement, les orientations gouvernementales ne sont que des billevesées destinées à calmer le mouvement des intermittents.
Aujourd’hui, la grève de la faim de nos 2 camarades de RFO, rejointes par une responsable de l’habillage, doit conduire l’entreprise RFO à régulariser la situation de ces 3 personnes. C’est non seulement le droit qui est en cause mais la morale des dirigeants du service public.
La FSACR CGTR apporte son soutien aux revendications des salariés de RFO. C’est l’unité de tous les salariés de RFO et de leurs organisations qui permettra de faire reculer la Direction de RFO."


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus