Face à la crise du chômage

Pas de confiance sans transparence

4 juillet 2005

Il y a encore quelques décennies en France, être salarié c’était occuper un emploi à vie. Le modèle social issu du programme du Conseil national de la Résistance se voulait solidaire en cas de perte d’emploi, d’incident, de maladie. Aujourd’hui, ces aléas sont sources d’exclusion et de grande précarité. Le grand défi qui s’offre alors à nos dirigeants est de renverser la balance qui consiste à détruire plutôt que de construire. Mais comment envisager de restaurer la confiance sans penser instaurer la transparence ?

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Depuis plus de 20 ans, les Français entendent le même discours : il faut mettre en place des mesures pragmatiques pour lutter contre le chômage. En 1993, avec 3 millions de sans emploi en France, François Mitterrand déclarait publiquement qu’"en matière de lutte contre le chômage, on a tout essayé." Dominique de Villepin, tout juste propulsé à la tête du gouvernement, soutient en revanche que "nous n’avons pas tout tenté", qu’"il n’y a pas de fatalité." La France, ses 3 millions de chômeurs, ses 1,2 millions de érémistes (dont 75.000 foyers réunionnais au 1er janvier 2005) doivent selon lui reprendre confiance et faire preuve de "volonté."
Après une chute à 2 millions de chômeurs en 2000, après une nouvelle augmentation à 2,5 millions en 2004, après les déclarations d’un ancien Premier ministre qui soutient aux Français pouvoir "diminuer le nombre de chômeurs d’ici la fin 2005" et créer 10% d’emplois supplémentaires, les Français devraient encore avoir confiance en ce gouvernement inchangé qui occulte à nouveau le cri de colère des urnes.

Aide-toi

Comment expliquer qu’avec 2,3% de croissance en France en 2003, seulement 17.000 emplois ont été créés ? Comment justifier des allégements de charges patronales croissants, sans contrepartie, sans création d’emploi, sans même une revalorisation des métiers et des professions ?
Comment demander aux Français, qui encaissent coups d’assommoir sur coups d’assommoir depuis trois ans, de resserrer encore leur ceinture, alors que les dépenses de fonctionnement de l’État ont dans les faits augmenté de 23 milliards d’euros ces deux dernières années ?
Il nous faut comprendre que la France a toujours eu un chômage structurel très important, qu’elle a les effets de la croissance à gérer, la conjoncture européenne, la mondialisation, l’augmentation de 8 ans de l’espérance de vie, le prix du baril du pétrole... Il nous faut comprendre que l’État providence et le gouvernement ont leurs limites. Mais le gouvernement perçoit-il les limites d’acceptation du peuple ?

Ne pas succomber à la peur

Loin d’impulser une logique de croissance, les Français doivent accepter de partager le travail, d’occuper des emplois à durée déterminée, des contrats précaires peu valorisés et sous-payés. Avec le développement massif des flux d’investissement internationaux qui conduisent à la fuite des entreprises, notre économie et les travailleurs doivent se mettre à la page de la flexibilité. Malgré les désengagements successifs de l’État, la perte brutale de nos acquis sociaux, arrachés à force de luttes populaires, malgré des salaires, des retraites, un pouvoir d’achat en peau de chagrin, la remise en cause des services publics, de l’accès aux soins...
Les Français ne doivent pas succomber à la peur ! Il nous faudrait encore croire en ce gouvernement qui en appelle à notre responsabilité individuelle, à notre civisme ? Encore croire en ces effets d’annonces et promesses fallacieuses ? Avec un budget de 1 milliard d’euros pour 2005, le ministre de la Cohésion sociale reconnaît lui-même qu’il n’a pas les moyens de sa politique.

Ou se tourner vers les collectivités locales

L’on demande alors la mobilisation des élus locaux pour agir au niveau des bassins d’emplois, instaurer une véritable politique régionale du travail. Il faut agir sur le macro-économique.
Mais là encore comment demander aux collectivités locales de faire l’impossible avec des transferts de compétences qui occultent la péréquation des moyens financiers nécessaires ? Comment leur demander de créer du développement local avec un tel désengagement de l’État, au sein d’un tel capitalisme sauvage ?

Estéfany


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