Ordonnances du gouvernement

Pas de réponses aux problèmes essentiels de La Réunion

23 juillet 2005

Soumises pour avis au Comité supérieur de l’emploi où elles ont été rejetées par les syndicats, les ordonnances que compte appliquer dans un mois le gouvernement sont loin de répondre aux besoins considérables des Réunionnais dans le domaine de la lutte contre le chômage.

(pages 4 & 5)

Si en France les syndicats dénoncent le fond et la forme des ordonnances que veut prendre le gouvernement, que dire alors pour La Réunion, où le taux de chômage est plus de trois fois plus important et où les revenus sont plus faibles et plus inégalement répartis ?
Les mesures du gouvernement se concentrent sur le secteur marchand, en “assouplissant” davantage le Code du travail pour “faciliter” l’embauche. Un secteur marchand, qui, à La Réunion, n’a rien à voir avec ce qui existe en France et qui ne peut pas régler à lui seul le problème du chômage.
Car si l’on s’en tient aux mesures actuelles contenues dans la loi-programme, où sont les créations d’emplois promises ? Selon l’INSEE, le secteur marchand a créé l’an passé 3.000 emplois contre 3.800 en 2003 et 5.000 en 2001, l’année précédant le changement de majorité parlementaire. Ces créations sont de toute façon notoirement insuffisantes pour faire face aux milliers de personnes (7.250 entre 1990 et 1999) qui chaque année viennent grossir notre population active, du fait de la poursuite de l’accroissement démographique. Le Contrat “nouvelles embauches” apparaît comme une nouvelle opportunité pour le patronat, si l’on se réfère à l’attitude de ces représentants au Comité supérieur de l’emploi. Mais est-ce en déréglementant davantage le droit du travail que l’on va créer des emplois durables ?

CES-CEC : pas de réponse

Ne peut-on pas dire qu’avant de penser à réduire les droits des travailleurs pour créer de nouveaux emplois, ne vaut-il pas mieux déjà se pencher sur les moyens à se donner pour préserver ceux qui existent déjà ? Depuis 2002, les gouvernements successifs montrent qu’ils veulent en finir avec les emplois “aidés” du secteur non marchand. Des emplois qui concernaient le 31 décembre 2004 plus de 20.000 Réunionnais. Ce sont les CES, CEC, emplois-jeunes qui travaillent dans les collectivités locales, dans les administrations de l’État ou dans les associations.
Après la suppression des emplois-jeunes, ce sont maintenant les CES et CEC qui sont menacés. On promet le Contrat d’avenir comme dispositif de substitution, mais à voir le peu d’empressement des collectivités à signer de tels contrats, notamment celles dirigées par des partisans du gouvernement, on peut légitimement craindre que des milliers de personnes vont se retrouver à la rue dans les mois qui viennent. Quelle reconnaissance pour ceux qui se sont investis plusieurs années dans un travail sous-payé !

Aucun engagement chiffré

Dans les quatre ordonnances que le gouvernement veut faire passer en force, on ne trouve rien qui puisse garantir aux Réunionnais que les emplois dits “aidés” seront préservés. Rien non plus pour améliorer la situation socio-économique de notre île afin de donner la possibilité aux entreprises d’embaucher. Rien pour ouvrir le dialogue vers la société toute entière afin de réfléchir à des propositions pour sortir de la crise dans la concertation la plus large.
Le gouvernement continue sur la voie tracée par ses prédécesseurs : diminuer le coût du travail sans qu’en contrepartie les bénéficiaires de ces cadeaux s’engagent sur des objectifs chiffrés d’embauche. Il veut passer en force, sans tenir compte des différentes propositions réunionnaises.

Manuel Marchal


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