L’UFR sur la réforme de la dépendance :

« Pas question de confier au privé la solidarité nationale »

22 janvier 2011, par Sophie Périabe

L’année 2011 sera marquée par de nombreuses réformes, de la justice, de la fiscalité et de la dépendance notamment. C’est cette dernière qui inquiète l’Union des femmes réunionnaises (UFR) qui a tenu une conférence de presse hier pour alerter l’opinion publique, car, selon Huguette Bello, sa présidente, nous tendons vers une marchandisation du système de solidarité.

A La Réunion, nous comptons aujourd’hui 62.000 personnes âgées de plus de 65 ans contre 24.000 en 1982, et en 2040, elles seront 219.000. Dans 30 ans, 1 Réunionnais sur 10 aura au moins 75 ans.
« C’est donc un enjeu majeur pour La Réunion », et la France. « La question du financement est un véritable casse-tête et suscite beaucoup de polémiques », indique Huguette Bello.
Reportée maintes fois depuis 2007, la réforme de la dépendance est à l’ordre du jour cette année.
La présidente de l’UFR redoute un retour en arrière. En effet, selon elle, « nous avons un système actuellement, l’APA (Aide personnalisée à l’autonomie), qui ne fonctionne pas si mal et surtout il n’y a pas de recours sur succession. Il ne faudrait pas qu’on retourne à une aide où l’État reprendrait ce qu’il a donné sous la forme d’un recours sur succession, comme au temps du PSD (Prestation spécifique de dépendance) », prévient-elle. Ce serait un vrai désastre pour de nombreuses familles réunionnaises, surtout les plus modestes.
Aujourd’hui, l’APA est versée à 12.152 personnes âgées à La Réunion. Financée par l’assurance maladie, cette aide est versée par le Conseil général. Dans notre département, sur les 1,4 milliard d’euros du budget du Conseil général, 74 millions sont consacrés à l’APA. « A l’heure actuelle, il manque encore des compensations de l’État », assure la présidente de l’UFR.

Les femmes encore plus touchées par la dépendance

Toujours selon Huguette Bello, ce serait, une nouvelle fois, les femmes qui seraient les premières victimes de la dépendance. « Que ce soit au niveau des personnes qui sont aidées (une plus grande espérance de vie chez les femmes) ou des personnes qui aident (70% des personnes qui aident leur proche grâce à l’APA sont des femmes) », rappelle la présidente de l’association.
A La Réunion, la solidarité familiale est encore très présente, mais « l’État a aussi sa responsabilité ». La dépendance, c’est aussi une affaire de prévention, il est important d’anticiper.
La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie préconise notamment la création d’un droit universel de compensation personnalisé à l’autonomie, basé sur la solidarité nationale. « Il n’est pas question de confier au privé la solidarité nationale », martèle Huguette Bello.
Dans le contexte de vie chère, « une députée UMP a proposé une cotisation supplémentaire pour les salariés de plus de 50 ans. L’État veut collecter l’épargne individuelle des salariés d’un certain âge », dénonce encore la maire de Saint-Paul.
Ce gouvernement veut remettre en cause toutes les mesures prises par le Conseil national de la Résistance après la guerre pour reconstruire notre pays.
Aujourd’hui, dans ce pays parmi les plus riches de la planète, « chaque être humain a droit à la dignité et au respect jusqu’à la fin de sa vie », a conclu Huguette Bello.

SP

Huguette Bello

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