Les acteurs économiques chez le préfet

’Peut-être sommes-nous à la veille du miracle réunionnais’

21 septembre 2004

C’est en travaillant ensemble qu’on luttera contre le chômage. Le président de Région Paul Vergès voit dans le consensus la possibilité de réussir. Quant au préfet, qui avait rassemblé 80 participants, il veut ’conjuguer tous les efforts’.

"En ordre de bataille pour l’emploi", a soutenu le Préfet au sortir de la réunion qui a rassemblé pas moins de 80 participants. "Il est important de conjuguer tous nos efforts sur une ligne d’action commune pour permettre un début de réponse à la problématique majeure de l’emploi à La Réunion". Une problématique renforcée par une croissance démographique forte et l’estimation de 420.000 actifs d’ici 2020.
De cette première rencontre s’est dégagé un consensus : celui de travailler ensemble autour du problème décisif de l’emploi à La Réunion. "Nous avons des possibilités, des atouts, et le premier atout reste le facteur humain, notre jeunesse", précise quant à lui le président du Conseil régional.
Reste à dégager à présent, du travail émergeant des cinq ateliers définis hier, des "propositions concrètes pour passer des paroles aux actes d’ici la fin de l’année", resitue Paul Vergès. Une fin d’année qui sera marquée par le débat en novembre à l’Assemblée nationale sur le plan de cohésion sociale de Jean-Louis Borloo, adopté mercredi dernier en conseil des ministres.

Un forum sur les “métiers en tension”

Ces cinq ateliers visaient à faire un état des lieux des dispositifs en faveur de l’emploi, de la lutte contre le chômage, à confronter les expériences et analyses de terrain des différents participants pour dégager un diagnostic et des propositions partagées répondant aux particularités de l’emploi à La Réunion.
Un premier atelier, piloté par la Région, s’est intéressé aux grands projets des entreprises ou des collectivités publiques afin de mieux cerner leurs besoins en formation et en emplois. L’expérience de la Région dans le cadre du chantier de la route des Tamarins aura permis d’évaluer les besoins en emplois et en compétences pour permettre la formation de 250 personnes dont 70% ont aujourd’hui un emploi. Une seconde vague de formation débutera dès octobre pour le même volume de bénéficiaires.
Un second atelier, piloté par les partenaires sociaux, a permis de dégager les secteurs d’activité qui souffrent d’un manque de main d’œuvre. Dès février 2005, le forum de l’emploi sera, dans le prolongement de cette première réflexion, dédié aux "métiers en tension". L’Association des maires aura pour mission de plancher sur l’utilisation des emplois aidés, et de permettre un meilleur ciblage du public bénéficiaire, ambitionnant d’ici 2005, la possibilité d’insertion durable pour les CES et CEC. Le Département se concentrera sur la mobilité. L’État s’attachera quant à lui à lutter plus résolument contre le travail illégal.

Saint-Denis, laboratoire d’expérimentation

Enfin, Saint-Denis servira de laboratoire d’expérimentation afin de mesurer la pertinence des expériences retenues, et permettre avec la création d’un “conseil de proximité de l’emploi” de coordonner les initiatives de chaque partenaire. Si le bilan s’avère positif, un tel dispositif pourrait s’étendre à toutes les communes volontaires vers 2005.

"Même ceux qui devraient être avisés n’ont pas toujours un discours cohérent", souligne la présidente du Département Nassimah Dindar, rappelant que la problématique de l’emploi reste complexe et que l’union s’impose pour trouver "sur le moyen et le long terme des solutions pérennes". Cette méthode de travail proposée par le préfet Dominique Vian ne permettra certes pas une récolte immédiate avec une solution miracle au chômage, mais offrira l’opportunité de mettre chacun des acteurs concernés face à ses responsabilités.
Des interrogations majeures pourront ainsi être levées : quel usage fait-on des emplois aidés qui étaient censés initialement permettre la sociabilisation du public le plus en difficulté, en lui permettant d’acquérir une première expérience professionnelle ? Comment défendre un rattrapage ? Quid des potentialités du secteur marchand ? Quel est le positionnement des entreprises ? Quelles seront les modalités de gestion du plan Borloo ? Une gestion déconcentrée du FEDOM (Fonds d’emploi pour les DOM) serait préférable mais entraînera-t-elle une diminution des moyens attribués à La Réunion ?...
De nombreux questionnements vont s’extraire de ce premier consensus, et bien que la Région ait déjà en 2002 impulsé une initiative similaire avec le concours de nombreux partenaires pour faire remonter des propositions au gouvernement mais sans succès, une nouvelle tentative ne peut être que la bienvenue à la veille de l’application de la décentralisation.
"Peut-être sommes-nous à la veille du miracle réunionnais à condition d’un consensus", rapporte Paul Vergès, qui souligne à point nommé que "les mariages de raison sont toujours plus solides que les mariages de passion".

Estéfany


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