Manifestation à Saint-Denis : Pour une réforme des retraites juste et équitable

Plus 3.000 Réunionnais ont manifesté à Saint-Denis

25 juin 2010, par Edith Poulbassia

Reculer l’âge légal de la retraite de 60 à 62 ans, le taux plein à 67 ans, 41,5 ans de cotisation à partir de 2018... Les Réunionnais qui ont manifesté hier dans les rues de Saint-Denis n’en veulent pas. La solution, selon eux, pour sauver le système de retraite par répartition : « l’emploi, les salaires, la justice et la solidarité ».

Malgré la pluie, plus de 3.000 personnes, selon les syndicats, ont défilé hier matin depuis le Petit Marché jusqu’à la Préfecture, dans la bonne humeur, au son des djembés et des kayambs. En tête du cortège, la bannière de l’intersyndicale CFTC-CGTR-UIR CFDT-UNSA-FSU-Solidaires donnait le ton : « Jeunes, salariés, retraités, battons-nous pour une réforme juste et équitable ». Employés du BTP, des Impôts, de La Poste, dokers, Éducation nationale... telles étaient les professions représentées à cette manifestation contre la réforme des retraites.

Ivan Hoareau, secrétaire général de la CGTR, s’est dit satisfait de cette mobilisation, faisant remarquer que les manifestants étaient beaucoup plus nombreux que pour le 1er mai. « Je crois que le travail d’explication commence à porter », a-t-il déclaré. Pour le syndicaliste, il est clair que la « bataille est devant nous », avec un rendez-vous important en septembre où il faudra « mettre le paquet ». Le projet de réforme doit en effet être examiné en Conseil des Ministres le 13 juillet, et présenté à l’Assemblée Nationale en septembre. Les syndicats auront-ils alors les moyens de faire reculer le gouvernement ? « C’est difficile, reconnaît Ivan Hoareau, car faire reculer Nicolas Sarkozy sur les retraites, c’est le faire reculer sur sa politique en général. Mais si le projet passe, on peut y apporter de sérieuses modifications ». Le tour de force pourra se concrétiser, à condition d’impliquer les jeunes et les associations, a affirmé Ivan Hoareau.

« Une mobilisation réussie »

Pour la CFTC, cette seconde manifestation est « une mobilisation réussie ». Paul Junot, secrétaire général du syndicat, est confiant pour la suite. Comme pour le CPE (Contrat Première Embauche) en 2006, la CFTC espère bien contraindre le gouvernement à revoir sa copie quant à l’avenir des retraites. Dès lundi, le syndicat devrait rencontrer le Député René-Paul Victoria pour qu’il « porte les messages du peuple » à l’Assemblée Nationale. Pour Paul Junot, derrière cette réforme des retraites se cache une volonté d’instaurer un système par capitalisation. « Le Conseil d’orientation des retraites (COR) indique que l’équilibre ne sera pas atteint malgré tout. En 2050, il y aura au mieux 20 milliards de déficit ».
Dans son « inventaire de la réforme » face aux manifestants, Jean-Pierre Rivière de l’UIR-CFDT a quant à lui affirmé que « le gouvernement fait porter aux jeunes le poids des retraites ». Un point de vue que partage Jean-Odel Oumana, membre de la FSU, mais aussi vice-président de la FCPE, venu manifester : « Reculer l’âge de la retraite, c’est mettre en péril l’emploi des jeunes. Comment nous demander de travailler plus longtemps avec un taux de chômage si élevé ? A quel moment les jeunes vont-ils entrer sur le marché du travail ? La solution, c’est de permettre aux jeunes de mettre un pied dans l’entreprise. Nous aurons ainsi des futurs cotisants ».
De l’avis de tous, ce début de mobilisation devra donc s’élargir. Sur le plan national, les syndicats devraient décider des actions à venir le 29 juin.

EP

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