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Publication du rapport de l’Observatoire national de la pauvreté
9 mars 2006
Le rapport publié récemment par l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale met à nouveau en évidence la dégradation de la situation des moins nantis, liée à la montée du chômage et de la précarité dans le travail. La France devient ainsi un pays de précarité de masse. À La Réunion, l’importance du chômage accentue encore ce phénomène : selon la moyenne utilisée au niveau européen, plus d’une famille sur deux vit sous le seuil de pauvreté. Paradoxalement, on constate que le gouvernement impose sans débat des lois qui visent à renforcer davantage la précarité dans le monde du travail.
Fin 2003, 3,7 millions de pauvres si l’on se réfère à 50% du niveau de vie médian traditionnellement utilisé en France, 7 millions si l’on prend le seuil de 60% du niveau de vie médian d’un pays, en dessous duquel on est considéré comme pauvre dans l’Union européenne : les chiffres du dernier rapport de l’Observatoire national de la pauvreté expriment le nombre croissant des plus démunis en France. Sachant que l’on considère que pour une personne seule, le revenu médian en France est de 1290 euros (voir encadré), le seuil de pauvreté se situe à 772 euros.
Selon les auteurs du rapport, cette aggravation s’explique notamment par "la situation dégradée du marché du travail" depuis 5 ans, simultanément au "durcissement des conditions d’indemnisation du chômage (...) à l’origine d’une vive augmentation du nombre d’allocataires de minima sociaux". Or, glisser vers le revenu minimum fait mécaniquement glisser une famille sous le seuil de pauvreté, avec les drames que l’on suppose.
Hausse du chômage et baisse des droits du chômeurs font donc des dégâts considérables, mais être salarié, ce n’est pas être protégé de la pauvreté. L’Observatoire écrit que "si le fait d’accéder à l’emploi constitue un élément essentiel pour sortir de la pauvreté et une priorité de l’action publique, l’emploi ne protège pas toujours de la pauvreté". Et d’ajouter que "les conditions d’emploi dégradées, l’alternance entre périodes d’emploi et chômage peuvent conduire à la pauvreté et les incitations financières à la reprise d’activité peuvent s’avérer insuffisantes pour lutter contre la pauvreté".
Conséquence de l’inégalité
7 millions de personnes en France, cela représente 12% de la population. Si on applique à La Réunion le même seuil de pauvreté qu’en France, le taux dépasse 50%, soit plus d’une famille sur deux.
Les auteurs du rapport relèvent que la richesse produite se situe dans les Départements d’Outre-mer entre 50% et 63% du PIB français. Pour l’Observatoire de la pauvreté, cette inégalité s’explique par les facteurs suivants : "le tissu économique est structuré autour d’activités moins génératrices de valeur ajoutée qu’en métropole (forte tertiairisation, faible poids de l’industrie) ; une forte natalité (se traduisant par une part plus faible dans la population des personnes en âge de travailler), le moindre taux d’activité féminin". Ceci résume "un plus faible développement économique" malgré une hausse importante du niveau de vie depuis l’abolition du statut colonial dans ce qui constitue aujourd’hui les Départements d’Outre-mer.
Mais ce qui favorise incontestablement la plus forte pauvreté, c’est le chômage bien plus important ici qu’en France. En 2004, le taux était de 9,8% en France, 33,5% à La Réunion. Et pour le même niveau de diplôme, l’Observatoire reconnaît une plus grande difficulté d’obtenir un travail dans un DOM qu’en France.
"Le contraste est frappant"
Résultat : "compte tenu des écarts de revenus par habitant entre les DOM et la métropole, l’application du seuil métropolitain conduit à des taux de bas revenus très élevés : la proportion de ménages dont les revenus sont inférieurs à 50% de la médiane métropolitaine va de 18% pour la Martinique à 45% pour la Guyane", il est de 31,7% à La Réunion. Et si l’on prend comme référence le seuil de comparaison européen, qui est de 60% du revenu médian, c’est une famille réunionnaise sur deux qui est pauvre, c’est-à-dire avec moins de 774 euros pour une personne seule.
RMI et CMU sont les indicateurs primordiaux de la pauvreté dans l’Outre-mer. Dans le rapport, des données de l’INSEE datant de 2004 précisent qu’à La Réunion, le RMI concerne près d’un travailleur sur 5 âgée de 20 à 59 ans (3,17% en France), tandis que la proportion de personnes ayant droit à la CMU est de presque 43% (moins de 7% en France). "Le contraste avec la métropole est frappant", explique-t-il dans son rapport, "mais ce contraste forme lui-même un ensemble cohérent d’observations caractérisant une pauvreté plus intense mais aussi plus diffuse dans la population, globalement plus intégrée à la société".
Précariser davantage
C’est sur cette société minée par la pauvreté de masse et le chômage que s’abattent aujourd’hui les mesures prises par le gouvernement visant à fragiliser les droits des travailleurs. L’adoption du Contrat nouvelle embauche sans débat par ordonnance, l’utilisation de l’article 49-3 pour faire voter sans discussion le Contrat première embauche signifient l’irruption brutale pour notre île de la précarité dans le droit du travail.
Or, comme l’explique le rapport de l’Observatoire national de la pauvreté, la dégradation du marché du travail est la première responsable de l’augmentation du nombre de pauvres.
Le fait de placer le travailleur sous la menace d’un licenciement sans motif est un moyen de l’obliger à accepter n’importe quel travail : temps partiel, heures supplémentaires non payées, bas salaires... C’est justement le développement de cette précarité que relève dans son rapport l’Observatoire national de la pauvreté quand il écrit que "les conditions d’emploi dégradées, l’alternance entre périodes d’emploi et chômage peuvent conduire à la pauvreté".
Loin d’être un moyen de lutter contre la pauvreté à La Réunion, les nouveaux contrats de travail que le gouvernement cherche à faire passer en force ont le potentiel d’aggraver encore une situation déjà intolérable.
Manuel Marchal
An plis ke sa
Lu dans le rapport
o Le seuil de pauvreté : 774 euros
Le taux de pauvreté monétaire est défini comme la proportion d’individus ayant un niveau de vie inférieur à un montant donné, dit seuil de pauvreté. Ce seuil est calculé par rapport à la médiane de la distribution des niveaux de vie (la moitié de la population a un niveau de vie supérieur à la médiane, la moitié a un niveau de vie inférieur), définissant ainsi une notion de pauvreté relative. Le seuil traditionnellement utilisé en France est fixé à 50% du niveau de vie médian. On utilise toutefois de manière croissante un seuil fixé à 60% du niveau de vie médian, notamment retenu par l’Union européenne pour comparer la pauvreté monétaire relative entre les différents pays européens. Les données relatives à la pauvreté monétaire sont issues de l’enquête sur les revenus fiscaux, dont les résultats, comme nous l’avons indiqué, ne sont disponibles qu’avec un décalage important dans le temps. Ainsi la dernière enquête disponible est-elle relative aux revenus de 2002, complétée par des premiers chiffres pour l’année 2003. En 2003, le seuil de pauvreté pour une personne seule, à 60% de la médiane, valait 774 euros par mois, et celui à 50% de la médiane valait 645 euros.
Une personne vivant seule est donc pauvre au seuil de 60% dès lors que son revenu mensuel disponible est inférieur à 774 euros. Les membres d’un couple sans enfant seront considérés comme pauvres si le revenu disponible de leur ménage est inférieur à 1.161 euros par mois (774 euros x 1,5). Il faut ensuite ajouter au revenu disponible du ménage 232 euros par enfant de moins de 14 ans et 387 euros par personne de plus de 14 ans supplémentaire, pour déterminer si les individus composant un ménage sont pauvres ou non.
o Une plus grande pauvreté des femmes
Alors que les femmes comptent pour 51% de la population totale, elles représentent 53% de la population pauvre. Cet écart homme/femme se retrouve dans les taux de pauvreté : en 2002, le taux de pauvreté monétaire des femmes au seuil de 60% est de 12,6%, contre 11,8% pour les hommes. Il est particulièrement marqué aux âges adultes (12,2% contre 11,1% entre 16 et 64 ans) et âgés (11,6% contre 9,7% au-delà de 64 ans). Cette plus grande pauvreté des femmes est un phénomène relativement structurel : l’écart de taux de pauvreté entre hommes et femmes est ainsi stable sur la période 1999-2002.
La plus grande pauvreté des femmes ne se vérifie toutefois pas à situation familiale ou professionnelle donnée. Elle s’explique donc essentiellement par un effet de structure, les femmes étant largement majoritaires parmi les chefs de famille monoparentale, ou les personnes âgées vivant seules et n’ayant jamais travaillé. D’autres éléments, liés à la situation des femmes sur le marché du travail, permettent d’expliquer cet écart : écarts persistants de salaire avec les hommes, prépondérance des femmes (80%) parmi les travailleurs à bas salaire.
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