109.877 demandeurs d’emploi

Plus de 100.000 chômeurs à La Réunion

27 mars 2009, par Manuel Marchal

Avec 16,8% de hausse entre janvier 2008 et janvier 2009, la situation était déjà dramatique, mais les dernières données du Pôle Emploi sont encore plus inquiétantes. Entre février 2008 et février 2009, le nombre de Réunionnais privés d’emploi inscrits dans la catégorie de référence a augmenté de plus de 20%. Quant au nombre total d’inscrits au Pôle Emploi, il augmente de 10.453 personnes. La crise s’amplifie, et l’urgence s’accélère.

En pleine bataille sociale pour le pouvoir d’achat, les derniers chiffres du chômage rappellent l’urgence d’une solution pour sortir de la crise. Le nombre de chômeurs inscrits en catégorie 1 a augmenté de 20%. C’est sans doute une hausse sans précédent depuis le début des statistiques.
Le nombre total d’inscrits au Pôle Emploi augmente quant à lui de plus de 10% sur un an pour dépasser les 100.000 : 109.877 travailleurs.
À l’intérieur de ce nombre, celui des chômeurs immédiatement disponibles est de 87.280 (catégorie A). Il augmente de 16,4% en un an. C’est cette catégorie qui connaît la plus forte hausse en nombre avec une augmentation de 12.290 personnes.
Pour leur part, les jeunes de moins de 25 ans inscrits au Pôle Emploi sont plus de 17.000. Leur nombre est en hausse de 9,6%.
Quant à la catégorie 1 (travailleurs immédiatement disponibles à la recherche d’un emploi durable), c’est celle qui connaît la plus forte hausse en pourcentage (+20,2%), pour atteindre 66.100 travailleurs.
Cette augmentation signifie que cette année, ce sont au moins 11.470 Réunionnais supplémentaires et leur famille qui connaissent une baisse de leur pouvoir d’achat.
Ces séries de chiffres rappellent que le droit à un travail est toujours loin d’être respecté à La Réunion. Cette situation dure depuis des décennies. Jamais aucun gouvernement en place à Paris n’a mis en œuvre une politique inversant cette tendance, alors que l’emploi est un droit constitutionnel garanti par l’État. Derrière ces nombres, combien de drames dans notre pays ? Combien d’existences brisées, d’intelligence et d’énergies gaspillées ?

Les exclus du RSTA

Dans le contexte actuel, ces données sont là pour rappeler également le poids considérable de la masse des exclus du dispositif présenté par l’État pour augmenter le pouvoir d’achat. Le préfet propose une prime de 100 euros pour les salariés du privé et du public ayant un revenu inférieur à 1,4 SMIC, ainsi que pour les contrats aidés dans les collectivités et les associations. Mais tous ces travailleurs représentent une minorité à La Réunion. Alors que la vie est chère pour tout le monde.
Les derniers chiffres du chômage donnent une première idée du nombre de personnes qui seront privées de cette aide de l’État, tout simplement parce que ce même État n’est pas capable à La Réunion de faire respecter un droit constitutionnel. Ce sont donc plus de 100.000 Réunionnais inscrits au Pôle Emploi qui n’auront pas droit à la prime de 100 euros par mois.
Mais tous les chômeurs ne sont pas inscrits au Pôle Emploi. Selon des chiffres publiés en 2007, plus de 140.000 Réunionnais étaient allocataires d’un minima social. Ces allocations faisaient vivre plus de 250.000 personnes.
Tous ont besoin d’une réponse à l’urgence sociale qu’ils connaissent quotidiennement. Tous ont le droit à une baisse significative des prix et à une revalorisation substantielle de leurs revenus.

Les limites d’un modèle

Mais au-delà de cette urgence, il apparaît plus que jamais nécessaire de trouver des solutions efficaces pour contrer une crise qui s’aggrave. Or, tout ce qui a été tenté jusqu’à présent n’a pas marché, c’est ce que rappellent durement les derniers chiffres du chômage.
Ces solutions réunionnaises qui méritent d’être tentées, elles figurent dans le Plan réunionnais de développement durable. Elles ont été proposées par les Réunionnais à tous les candidats à l’élection présidentielle. L’aggravation de la situation est un nouvel appel à la mise en œuvre au plus vite d’un projet réunionnais de développement durable. Cette nouvelle stratégie s’appuie sur de nouvelles filières. Elles marquent une rupture avec un modèle économique mis en œuvre après une longue période coloniale qui ne s’est achevée officiellement que voici 63 ans. Comme l’indique la vigueur des mouvements sociaux outre-mer, et les 46 jours d’existence du COSPAR à La Réunion, ce modèle est arrivé au bout de ses limites. Le moment est venu de construire de nouvelles industries, qui sont autant de gisements d’emplois pour les Réunionnais.

Manuel Marchal


5.673 chômeurs rayés des listes

Le nombre de sorties de statistiques du chômage est en diminution de 7,4% sur un an. En février dernier, un peu plus de 9.000 Réunionnais ne sont donc plus dans les chiffres officiels, mais parmi eux, moins de 20% ont repris une activité. 53% ont été rayés car ils n’ont pas fait l’actualisation de leur situation, et 9,1% ont été radiés administrativement. Cela fait un total de 5.673 personnes dont rien ne dit qu’elles ont pu avoir droit à un travail.


Une offre durable pour 65 demandeurs

3.681 offres ont été recensées par le Pôle Emploi. Mais sur ce total, seulement 40% sont des contrats d’une durée supérieure à six mois. Ce nombre baisse de 7,3% en un an. Autrement dit, face à la crise, les offres d’emplois sont de plus en plus précaires.
Rapporté au nombre total d’inscrits au Pôle Emploi, on a une offre d’un contrat de plus de six mois pour plus de 65 candidats.


Un nouveau mode de comptage

Le Pôle Emploi présente une nouvelle manière de compter ses inscrits. Les Catégories 1, 2 et 3 sont fusionnées dans la Catégorie A, alors que pour obtenir le nombre total de demandeurs d’emploi à La Réunion, y compris ceux qui ne sont pas disponibles, il faut additionner les nouvelles Catégories A, B et C.

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