Accentuation de la pénurie d’emploi dans notre île

Plus de 134.000 demandeurs d’emploi : +19% en un an

29 avril 2010, par Manuel Marchal

Les dernières données publiées par le Direction du Travail illustrent une nouvelle aggravation de la situation. Alors qu’en France, les chiffres officiels de mars font état d’une diminution du nombre des demandeurs d’emploi, c’est le contraire à La Réunion. Résultat : alors qu’en France, la hausse du nombre de travailleur privé d’emploi est comprise entre 10% et 12,5%, elle est de plus de 19% à La Réunion dans tous les cas, alors que le taux de chômage dans notre île était déjà trois fois supérieur à celui de la France.

19,6% : c’est la hausse du nombre de travailleurs inscrit au Pôle emploi entre mars 2009 et mars 2010. À la fin du mois de mars, le nombre de Réunionnais inscrit au Pôle emploi s’établissait précisément à 134.145, soit une hausse de 1,5% sur un an.
Cette tendance se vérifie partout, et la comparaison avec la France est édifiante. Ainsi, le nombre de travailleurs inscrits dans ce que l’administration appelle la catégorie de référence, c’est-à-dire ceux qui ont eu moins de 78 heures d’activité, était à La Réunion à la fin du mois de mars de 106.170, soit en hausse de 1,2% par rapport au mois précédent, et de 19,2% sur un an.
En France, le nombre de demandeurs d’emploi dans la catégorie de référence est en baisse de 0,2% au mois de mars, pour une augmentation annuelle de 10,1%. Cela veut donc dire que le nombre de travailleurs contraints à l’inactivité totale a augmenté deux fois plus vite à La Réunion qu’en France entre mars 2008 et mars 2009.
De France proviennent des nouvelles qui sont extrêmement inquiétantes. La crise est si grave que des travailleurs manifestent non pas pour préserver leur emploi, mais pour augmenter les indemnités de licenciement auxquelles ils ont droit. Ces mouvements sont animés d’un tel sentiment de désespoir que des travailleurs excédés occupent leur entreprise et vont même jusqu’à prendre en otage des dirigeants.
Ces images qui nous viennent de France sont l’illustration d’un pays en pleine crise sociale. À La Réunion, cette crise s’aggrave deux fois plus vite, et elle s’ajoute à un contexte de pénurie d’emploi généralisée depuis déjà plus de trente ans. Car déjà en 1974, la proportion de travailleurs privés d’emploi était de 25%. 36 ans plus tard, le taux de chômage officiel dépasse 25%. Au cours de ces 36 ans, les gouvernements de différentes tendances politiques ont appliqué des mesures destinées à faire reculer le chômage. Paris a même mis en œuvre des dispositions spécifiques appelées loi-programme ou loi d’orientation. Mais ces dernières n’ont pas réussi à donner à notre île les leviers de son développement. Il a suffi que quelques dirigeants politiques prennent des décisions irresponsables pour faire chuter le BTP, secteur alors le plus dynamique de notre économie, ce qui a précipité notre île dans la crise. Durement touchée par les conséquences de la crise mondiale, la France tente de limiter les dégâts. Mais tout ce qui est fait à Paris pour colmater les brèches ne suffit pas dans notre île pour stopper l’aggravation de la situation. Les perspectives ne sont guère réjouissantes. Les actions de Didier Robert pourraient en effet donner le coup de grâce à une économie sévèrement touchée. Force est de constater qu’il n’y a plus de chantier, et que si le tram-train et la Maison des civilisations et de l’unité réunionnaise ne sont pas lancés dès cette année, la pénurie d’emploi risque d’atteindre des sommets sans précédent dans notre Histoire.

Manuel Marchal

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