Situation bloquée dans une société du Groupe Quartier-Français

Plus de 2 semaines de grève à Rhums Réunion

4 août 2007, par Manuel Marchal

Cela faisait hier deux semaines de grève à Rhums Réunion. Malgré une proposition des grévistes et la participation de l’Inspection du Travail aux négociations, la situation est toujours bloquée dans cette entreprise du Groupe Quartier-Français. La grève continue au moins jusqu’à lundi. Les travailleurs sont soutenus depuis le début par la CGTR.

20 travailleurs contraints depuis 2 semaines de cesser le travail pour se faire entendre. Cela faisait 20 ans qu’une grève n’a pas eu lieu à Rhums Réunion, entreprise du Groupe Quartier-Français située au Port, mais force est de constater que le dialogue social n’est plus possible. En effet, depuis 2 semaines, les travailleurs sont en grève pour une meilleure répartition des richesses.
Les travailleurs demandent une augmentation de 150 euros bruts. Des négociations ont eu lieu, mais elles n’ont pas abouti. De son côté, la Direction propose une hausse de sa participation sur les chèques déjeuners.
Dans une volonté d’ouverture, et « afin de parler le même langage », souligne Mme Grondin, déléguée syndicale, « nous sommes prêts à répercuter le coût que la société est prête à investir dans les avantages sociaux sur notre revendication ». Autrement dit, si par exemple la Direction souhaite investir 50 euros par salarié en avantages sociaux, les travailleurs sont prêts à se contenter d’une augmentation de 100 euros bruts. Vue comme une possible sortie de crise, cette proposition a finalement été rejetée par la Direction qui refuse toute augmentation de salaire.

Un groupe international

Parmi les arguments invoqués par la Direction, la crainte qu’une augmentation de salaire obtenue par les travailleurs de Rhums Réunion devienne une revendication pour ceux des autres entreprises du groupe.
Le Groupe Quartier-Français à La Réunion, ce sont des sociétés telles que les Sucreries du Gol et de Bois-Rouge, Bourbon Plastiques, les chocolats Mascarin, la SOREMIR, REUDIS, la centrale thermique de Bois-Rouge ou la distillerie de la Rivière du Mât. C’est le premier producteur européen de sucre de cannes avec 150.000 tonnes, principal groupe industriel de La Réunion. Il a réalisé en 2005 un chiffre d’affaires de 290 millions d’euros, dont 70% en Europe où il distribue 200.000 tonnes de sucre. Il emploie 1.000 personnes réparties sur plusieurs continents. Le Groupe Quartier-Français, ce sont des sociétés aux Antilles, en France, en Espagne et en Tanzanie.
Les grévistes ont donc affaire à un adversaire de taille.
Pour justifier leur revendication, ils s’appuient sur une hausse importante de l’activité au cours de ces dernières années. Cette augmentation de la productivité s’est traduite en emplois. Mais même avec ces recrutements, les travailleurs constatent que leur charge de travail augmente. Autrement dit, ils travaillent plus et gagnent la même chose.
Précisant que l’entreprise réalise un chiffre d’affaires annuel de 18 millions d’euros selon la Direction, la déléguée syndicale rappelle l’échelle des rémunérations à Rhums Réunion : une hausse de 3% tous les 3 ans d’ancienneté, et une hausse exceptionnelle de 15% pour ceux qui sont depuis 15 ans dans l’entreprise. Mais au-delà de 15 ans de présence dans l’entreprise, la grille s’arrête pour le salarié.

Plus forte charge de travail

Depuis le début du conflit, les travailleurs sont unis. Le mouvement est suivi par 20 salariés sur 27. Mais pour le moment, les discussions n’ont pas avancé.
Cette situation a soulevé l’étonnement de la CGTR. En effet, récemment les ouvriers d’une autre entreprise du Groupe Quartier-Français, la sucrerie du Gol ont été contraints de lancer une grève. En une matinée, les négociations avaient abouti sur un protocole d’accord. À Rhums Réunion, la grève dure maintenant depuis plus de deux semaines. La CGTR se demande pourquoi ce qui a été possible au Gol ne l’est pas ici.
En tout cas, la base à partir de laquelle les rémunérations sont calculées a changé. Les fruits de la hausse de productivité n’ont pas été équitablement répartis car même si des emplois ont été créés, la charge de travail des salariés a augmenté.
Face à cette situation nouvelle, une adaptation s’impose afin de mieux partager les richesses créées par les travailleurs. Pour ces derniers, elle doit se traduire par une augmentation de leur pouvoir d’achat.

Manuel Marchal


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