Lycée professionnel de Roches-Maigres

Plus de 80% des contrats aidés “vie scolaire” disparaissent

28 janvier 2008

« Sans faire de catastrophisme, on peut tout de même être très inquiets », estime le proviseur du lycée professionnel de Saint-Louis.

Au LP de Roches Maigres, plus de la moitié (56,8%) du personnel de l’établissement est employé sur des contrats précaires, et 9 sur 11 de ces contrats, employés à la vie scolaire, disparaissent à la prochaine rentrée. C’est ce qu’a fait apparaître le Proviseur du lycée, Yves Baillieux, dans un document établi le 13 décembre dernier,
Sur 11 personnels affectés à la vie scolaire ou à l’administration et embauchés sur des contrats précaires, 3 postes budgétaires - 1 CAV (Contrat d’avenir) et 2 CAE (Contrat d’aide à l’emploi) - seront supprimés au 31 janvier sur décision rectorale.
A la même date, 6 autres postes viennent à échéance et ne pouvaient être prolongés que pour 6 mois, avec l’accord du Conseil d’administration du lycée. Or, le 29 novembre, lorsque le Conseil d’administration a examiné cette question, une majorité de membres s’est opposée à un renouvellement de ces contrats précaires.
« Le Conseil d’administration n’a pas souhaité entrer dans le jeu d’un remède provisoire, pour 6 mois seulement. À peine seraient-ils vraiment formés qu’il faudrait s’en séparer », explique Yves Baillieux, le Proviseur du lycée, pour qui ce choix exprime le mécontentement de ses collègues devant une nouvelle fournée de suppressions, 6 mois plus tard. « Dans le cas de personnel administratif, au service des bourses, par exemple, on ne peut embaucher quelqu’un pour 6 mois », poursuit-il.

9 travailleurs au chômage

De sorte qu’en plus des 3 postes supprimés, 6 postes ne seront pas renouvelés, soit une perte de 9 membres du personnel à statut précaire, sur les 11 affectés à la vie scolaire, qui constituent près de la moitié des 25 emplois en contrats précaires, lesquels constituent à leur tour plus de la moitié des 44 personnels non enseignants de l’établissement.
Donc, 9 personnes “disparaissent” à la fin du mois - dont 6 par la volonté du lycée lui-même, mais du fait d’une politique générale qui fait passer à la trappe les emplois précaires sans les remplacer par des contrats fermes. La grande crainte du responsable de l’établissement est de voir cette “purge” des emplois précaires se poursuivre jusqu’au moment où il deviendra très difficile, pour ne pas dire impossible, de faire fonctionner l’établissement. De plus, à la vie scolaire et dans l’administration, le personnel ne peut être remplacé « au pied levé », ajoute le proviseur.
Au lycée professionnel de Roches Maigres, la plupart des services - administratifs ou pédagogiques - reposent principalement sur du personnel non titulaire. Ils étaient donc 11 précaires pour 2 titulaires à la vie scolaire ; le C.I.O (centre d’information et d’orientation) n’a qu’un personnel, et c’est un non titulaire ; quant aux 5 personnes qui font fonctionner le centre de documentation, elles sont 4 en statut précaire, tandis que 2 membres de l’administration sur 6 sont embauchées sur des contrats précaires. La crainte du proviseur est de voir disparaître aussi ces 2 “précaires”, qui représentent 33% du personnel administratif. « C’est énorme ! », estime le proviseur.
Pour le moment, donc, ce sont des postes de la vie scolaire ou de l’administration qui disparaissent. « Nous avons toutes les raisons de nous inquiéter pour la prochaine rentrée 2008. Le ministre de l’Education nationale est de plus en plus friand d’enquêtes et de travaux que doit “faire remonter” la base. Avec la suppression du personnel administratif, viendra un jour où nous ne pourrons plus répondre aux demandes de la hiérarchie. C’est une grossière erreur de croire que l’informatique peut remplacer le personnel physique. Un chef d’établissement - lycée ou collège - a son temps “mangé” de plus en plus par des travaux administratifs et a de moins en moins de temps à donner à la pédagogie, ou à des réunions avec les professeurs ou avec les parents. On est pris soit par la paperasse, soit par des réunions », explique Yves Baillieux.
Or, pour 1 heure de réunion avec la hiérarchie, les responsables d’établissement du Sud de l’île doivent faire au moins 4 heures de transport puisque, faute d’un deuxième département, il n’y a pas d’Inspection académique dans le Sud.

« Ce qui va changer, c’est l’environnement »

« Quand je vois les consignes données par le Recteur pour août 2008... On nous demande d’avoir des projets d’établissement qui soient en conformité avec le projet académique, pour répondre aux demandes du ministère... Et quand je vois tout ce qu’il y a à faire pour satisfaire le ministère, je me dis qu’on y arrivera jamais si, en plus, on nous enlève du personnel qui pourrait nous aider à dégrossir le travail. Cela va être la panique... ».
Voilà comment un proviseur - qui ne manque pas d’expérience - voit venir les deux prochaines rentrées scolaires. Yves Baillieux, Proviseur au lycée professionnel de Roches Maigres, totalise 15 ans d’exercice en lycées professionnels et 30 ans d’exercice de personnel de Direction. « On a toujours des professeurs en face des élèves. Ce qui va changer, c’est l’environnement. Je me refuse à faire du catastrophisme à la Freedom ; ce n’est pas tout le personnel qui disparaît. Mais on peut quand même être très inquiets », conclut-il.

P. David

Luttes pour l’emploi

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