Pas de développement durable de La Réunion sans société équitable ! Or, …

… « Plus les riches sont riches, plus la crise appauvrit le pays tout entier »

15 décembre 2012

Sous le titre « Le grand écart », la revue française ’Alternatives Économiques’ a publié le 7 décembre dernier un article très intéressant de l’économiste Denis Clerc sur l’aggravation des inégalités de revenus en France et sur les conséquences néfastes de cette situation injuste. « Plus les riches sont riches, plus la crise appauvrit le pays tout entier », écrit ce membre de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES), qui a publié récemment 25 questions sur la paupérisation des Français (éd. Armand Colin, 2010).

Nous reproduisons ci-après des extraits de cet article de Denis Clerc, en invitant les lecteurs de "Témoignages" à se poser la question : qu’en est-il à La Réunion et qu’en faisons-nous ? En effet, nous savons tous que les inégalités entre les plus riches et les plus pauvres sont beaucoup plus élevées à La Réunion qu’en France, car notre pays est toujours soumis à un système néo-colonial. Le texte qui suit nous incite encore davantage à lutter pour l’abolition de l’apartheid social imposé au peuple réunionnais par l’État et ses complices, profiteurs sur-rémunérés.

« L’INSEE vient de mettre en ligne les résultats détaillés de son enquête sur les revenus fiscaux et sociaux des ménages de France métropolitaine. Je ne reviendrai pas sur ce que (je l’espère) tout le monde sait déjà : la progression du nombre de personnes en situation de pauvreté : +500.000 entre 2009 et 2010, après +300.000 entre 2008 et 2009. La crise a donc fait 800.000 victimes de plus.

Ce que je voudrais souligner, c’est que, entre 2009 et 2010, toutes les catégories de la population ont vu leur niveau de vie baisser, plus ou moins sensiblement, à l’exception d’une seule : les 5% les plus riches ont connu une amélioration de 1,3% (en euros constants). Surtout, si l’on prend un peu de recul, et que l’on compare les chiffres 2010 avec ceux de 2009, on s’aperçoit que le dixième le plus pauvre a vu sa part dans le revenu de l’ensemble des ménages reculer, celle-ci passant de 3,9% à 3,5%, tandis que, au contraire, la part du dixième le plus riche a bondi de 23,4% à 24,9%.

Dans l’un et l’autre cas, les modifications peuvent paraître faibles. Mais, portant sur un revenu total de près de 1.400 milliards d’euros, cela représente des sommes considérables. Si l’on fait le calcul, les "riches" ont capté en huit ans 21 milliards de plus grâce à cette déformation de la répartition du revenu.

Quant aux pauvres, ils ont perdu 5 milliards. En gros, ils ont remboursé leur RMI/RSA, tandis que les plus riches encaissaient environ 3 fois les dépenses consenties au titre du RSA. Et l’on entend encore, en écho persistant, la voix d’un Laurent Wauquiez dénonçant « l’assistanat »  : sans doute estimait-il que l’on est encore trop bon pour les pauvres, et que ces 5 milliards qui leur ont été piqués n’étaient pas encore assez.

Va-t-il falloir que des gens meurent de faim (certains meurent déjà de froid) pour que l’opinion comprenne que les victimes de la crise se trouvent en rang serré dans les rangs des pauvres, et qu’elles n’ont qu’un désir : avoir un emploi leur permettant de vivre dignement ? Si je voulais être méchante langue, je ferais évidemment un lien entre la progression des revenus des riches et la baisse de ceux des pauvres : plus les riches sont riches, plus la crise appauvrit le pays tout entier. Je crois bien que je vais finir par être méchante langue ».


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