Succès de la manifestation des syndicats hier à Saint-Denis

« Pour bloquer l’attaque contre nos retraites »

11 septembre 2013, par Céline Tabou

Plusieurs milliers de personnes étaient réunies ce mardi 10 septembre pour un défilé à Saint-Denis, à l’appel de l’intersyndicale, afin de dénoncer la réforme des retraites du gouvernement de Jean-Marc Ayrault. L’ensemble des organisations syndicales ayant lancé cet appel étaient présentes lors de cette manifestation, « ce qui est une satisfaction », a indiqué Marie-Hélène Dor, de la FSU. Une délégation du PCR a apporté son soutien au mouvement, et a présenté à la presse ses revendications.

Un défilé imposant à l’appel de l’Intersyndicale. (photo Toniox)

Hier matin à Saint-Denis, les syndicats ont défilé entre le Jardin de l’État et la préfecture. Le mot d’ordre de cette mobilisation contre le projet de loi sur les retraites était « l’emploi et les salaires », a expliqué Ivan Hoareau. Le secrétaire général de la CGTR s’est dit « contre cette réforme des retraites. Mais les problématiques centrales sont l’emploi et les salaires ». Ce dernier a réitéré ses déclarations précédentes concernant le contexte particulier de La Réunion.

De nombreux militants communistes réunionnais, venus de toute l’île, ont participé à ce défilé. Et une forte délégation de la direction du PCR a apporté son soutien au mouvement en soulignant les caractères spécifiques des dégâts très graves provoqués par le projet de réforme des retraites dans notre pays.

« Pas de perspectives d’avenir »

Les syndicalistes FO, CGTR, Solidaires, FSU, UNEF et SAIPER sont unanimes et contestent l’allongement de la durée de cotisation, qui va augmenter la durée de travail. « Alors que 60% des jeunes sont sans emploi, ils ne pourront pas avoir de vraie retraite », ont-ils expliqué.

Pour la représentante de la FSU, la manifestation « montre que face à un tel sujet sensible, les arguments ont porté ». En particulier ce sujet d’inquiétude : les jeunes, dont 56,2% sont sans emploi. « Cette réforme est nocive pour les jeunes, les chiffres parlent d’eux-mêmes. En effet, pour les jeunes qui sortent du système éducatif à 27 ans, en moyenne, si l’on fait le calcul, il leur faut un emploi de suite et cotiser 43 ans. Ils n’auront donc une retraite décente qu’à 70 ans. Cela ne donne pas de perspectives d’avenir ».

L’emploi pour des retraites décentes

Pour Ivan Hoareau, « il faut une autre réforme et un autre financement », car pour les syndicats « ce sont toujours les mêmes qui paient ». Pour les syndicalistes, « le patronat doit contribuer au déficit de la Caisse des retraites ».

Les médias ont évoqué les points de la motion de l’intersyndicale déposée à la préfecture, parmi lesquels : « une politique de relance et d’emploi », « un départ à 60 ans avec une retraite à taux plein », « l’augmentation immédiate des salaires dans le privé » et « l’augmentation du point d’indice dans la fonction publique ». Pour Marie-Hélène Dor, « si on n’est pas entendu, on va démontrer que cette réforme est néfaste pour les jeunes ».

« Mobilisation correcte »

De son côté, pour Yves Gigan, de la CGTR Fonction Publique, « la réforme des retraites aggrave la situation. On a une présence massive de précaires dans la Fonction publique territoriale et on veut allonger le temps de travail et augmenter les cotisations, cela va aggraver encore plus les choses ».

Par ailleurs, pour Stéphane Maillot, président de l’UNEF, « on a un gouvernement qui a dit faire de la jeunesse sa priorité, qui devait faire preuve de respect vis à vis des syndicats et mener un dialogue sociale. Mais on voit aujourd’hui que ses engagements ne sont pas tenus. On entend les mécontents, des jeunes et des travailleurs, qui veulent que la réforme soit amendée ». Pour conclure, le président de l’UNEF a indiqué que « la mobilisation est correcte pour nous ; luttons pour bloquer l’attaque contre nos retraites ».

 Céline Tabou 

TEMOIGNAGES
Une partie de la délégation du PCR où l’on reconnaît notamment Henry Hippolyte, Ary Yee Chong Tchi Kan, Yvan Dejean, Elie Hoarau, Gélita Hoarau, Pierre Thiébaut, Adrien Larivière et Ginette Sinapin. (photo Toniox)

Yvan Dejean : « La réforme est une totale injustice sociale »


« La mobilisation d’aujourd’hui est une belle mobilisation pour un jour de semaine. Nous sommes présents pour dire que la réforme est une totale injustice sociale. La situation sociale a été confirmée par l’INSEE, qui la qualifie d’hors-norme. Nous posons une question : face au chômage, comment les gens qui ne travaillent auront 43 ans de cotisations ? La majorité de la population sera condamnée au minimum vieillesse. En effet, seulement 240.000 Réunionnais ont droit au travail ; parmi eux, 175.000 sont dans le privé, dont une majorité est en CDD ou en temps partiel, ne leur permettant pas d’avoir 43 ans de retraite. L’avenir paraît sombre, nous demandons le retrait de cette réforme ».

Ginette Sinapin : « Cette réforme ne fait qu’appauvrir encore plus les agriculteurs »


« Nous sommes présents pour soutenir les travailleurs et les retraités. Mais aussi apporter notre solidarité aux agriculteurs, en emploi ou à la retraite, qui touchent des retraites de misère. On demande 300 euros de plus de retraite pour les agriculteurs pour qu’ils aient quelque chose de décent à au moins 700 euros. Certains agriculteurs touchent seulement 100 euros par mois, c’est inadmissible. On le voit à Bras Panon, où bon nombre des travailleurs agricoles ne parviennent pas à avoir une retraite décente, alors qu’ils ont travaillé dur toute leur vie. Cette réforme ne fait qu’appauvrir encore plus les agriculteurs, qui pourtant contribuent activement à faire vivre notre société ».

Maurice Gironcel : « C’est maintenant qu’il faut que cela change »


« Les travailleurs ont aujourd’hui raison de descendre dans la rue car ce projet de réforme de la retraite pose le problème de l’emploi. Le déficit des retraites existe parce qu’il n’y a pas d’emploi. Tout le monde sait que les travailleurs qui cotisent renflouent les caisses. Le problème est que l’on fait tout le temps payer les mêmes, c’est-à-dire les travailleurs. Alors que l’on sait aujourd’hui qu’un accord a permis de donner 30 milliards d’euros au patronat. Je pense qu’il faut être équitable et que ce ne soient pas toujours les mêmes qui paient. A La Réunion, avec le chômage, beaucoup ne pourront avoir une retraite décente mais devront se compter du minimum vieillesse. C’est pourquoi, nous pensons qu’il faut avoir une vision réunionnaise des problèmes, arrêter de réfléchir à partir de Paris. Les pouvoirs doivent écouter les Réunionnais et c’est aux Réunionnais de décider. Au PCR, nous avons fait des propositions qui doivent être débattues. François Hollande n’a toujours pas respecté ses engagements en matière de développement durable, ce qui nécessite la création d’activités et d’aller au-delà des limites de la politique actuelle. Cette politique qui fait qu’aujourd’hui la moitié de la population vit en-dessous du seuil de pauvreté, que le chômage est toujours aussi élevé. C’est tout cela qu’il faut changer et on dit à François Hollande qu’il doit respecter ses engagements. C’est maintenant qu’il faut que cela change ».

Pierre Thiebaut : « La dernière mouture est basée sur une simple raison comptable »


« Depuis plus d’un an, nous avons un gouvernement de gauche et voilà une sixième mesure prise par ce gouvernement sur les retraites. La dernière mouture est basée sur une simple raison comptable. Elle est dans la lignée de la loi Fillon, qui a déjà fait ses preuves. La mesure proposée est inéquitable car elle est supportée essentiellement par les salariés, par l’augmentation de la CSG. Les chiffres qu’on nous donne sont dramatiques : d’ici 2020, les salariés vont perdre 13% de retraite. J’espère qu’à La Réunion et en France, la manifestation sera largement suivie parce qu’on est à une période difficile ».

Gélita Hoarau : « Parler de retraite à des jeunes dans de telles conditions c’est un leurre »


« Quand on sait que 60% des jeunes sont au chômage et que le gouvernement veut rallonger la durée de cotisation, parler de retraite à des jeunes dans de telles conditions c’est un leurre. Car on se dit que ceux qui sont au chômage vont arriver à 65-70 ans avec quelle retraite ? Les femmes et notamment les jeunes femmes sont encore pénalisées parce qu’elles sont les principales victimes du chômage. Sans compter les inégalités de salaire entre homme et femme, qui déséquilibre les pensions, car les inégalités existent depuis que les femmes travaillent et elles vont se poursuivre jusqu’à la retraite. Car le calcul des pensions est basé sur les salaires. C’est pour ces raisons que nous sommes présents aujourd’hui dans cette manifestation ».

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