UFR présente sa motion “Petite Enfance”

’Pour construire des bâtiments de prestige, se demande-t-on combien ça coûte ?’

16 août 2005

Le dimanche 14 août, les femmes de l’Union des femmes réunionnaises se sont rencontrées à la mairie de Sainte-Suzanne. Elles ont présenté la motion “Petite Enfance” qui dénonce le manque de structure d’accueil pour les enfants de moins de trois ans. Donnant leur avis sur la place de la femme au sein de la société réunionnaise, elles ont proposé des idées pour la création d’emplois dans le secteur de la petite enfance.

La Présidente de l’UFR, Huguette Bello, constate le déficit en structures d’accueil - les crèches - pour les enfants de moins de trois ans. Une étude menée par la revue “Tableau économique de La Réunion édition 2003-2004” précise à la partie "Équipements sociaux pour l’enfance et la jeunesse" que "les crèches collectives ou parentales sont encore peu nombreuses et ne peuvent accueillir que 31 enfants pour 1.000 nés au cours des trois dernières années. Les places créées ne suivent pas le cours ascendant des naissances et le taux d’équipement tend à diminuer, comme en métropole (cependant encore bien supérieur avec 65 places pour 1.000 enfants au 1er janvier 2001). Parmi les DOM, La Martinique se distingue par son bon niveau d’équipement en crèches avec 102 places pour 1.000 enfants".

Des crèches, une nécessité du monde d’aujourd’hui

Face à cette situation, les communes de Cilaos, de la Petite-Île, de l’Entre-Deux, de l’Étang-Salé, de Bras-Panon, de Sainte-Rose, de Saint-Philippe, des Avirons, de Salazie n’ont pas signé de “Contrat petite enfance”, rappelle-t-elle. Elle déplore les promesses faites par les uns et les autres lors de la signature de ces contrats. "J’entends trop souvent que les frais pour la construction, l’équipement et le fonctionnement pour l’accueil des enfants de moins de trois ans sont trop chers. Quand on construit des bâtiments de prestige, demande-t-on combien ça coûte ?". Face à ce manque, elle déplore que "des femmes quittent leur emploi pour s’occuper de leur enfant".

"Éloignées du marché du travail, la réintégration est difficile", ajoute-elle. "Notre société fonctionne comme celle du 19ème siècle. L’image de la femme au foyer et de l’homme gagne-pain est très présente". Aujourd’hui, les femmes veulent avoir des enfants, un emploi et se former. "Les grands-mères ne peuvent pas garder leurs petits-enfants car beaucoup travaillent", souligne Graziella Leveneur, la secrétaire de l’UFR. Malgré un haut niveau d’instruction, peu de femmes accèdent aux postes de responsabilités ou de cadres. Le manque de structure pour l’accueil des enfants de moins de 3 ans est un frein pour l’évolution professionnelle des mères. S’ajoute à cela "une remontée de la fécondité", continue Graziella Leveneur. "Nous comptons mener une campagne d’information sur ce fait. Elle ne sera pas comme celle des années 60", précise-t-elle. De 1967 à 1999, "le nombre de femmes actives a augmenté de 400 %".

Le secteur social est le parent pauvre

Pour les adhérentes de l’UFR, "les institutions sont inadaptées face à l’évolution de la société réunionnaise". Graziella Leveneur insiste sur le fait que le social n’est pas forcément une priorité pour les décideurs. "Or le secteur social de la petite enfance est créateur d’emplois". Les crèches et les garderies d’enfants sont un secteur à forte évolution : +62 % d’emplois salariés de 1992 à 2002. "Avec d’un côté, un effectif des moins de 3 ans de près de 43 000 enfants, un besoin potentiel de 27.000, et de l’autre les 4.682 places actuelles en accueil continu (collectif ou individuel), plus 800 prévues d’ici fin 2005 dans le cadre de divers contrats enfance signés entre les communes et la CAF, les besoins sont évalués selon une hypothèse de la CAF à 7.309 places, en tenant compte des solidarités familiales possibles". Sans comprendre le personnel d’accueil, de secrétariat et l’agrément de 1.835 à 3.655 assistantes maternelles, il est donc nécessaire de créer : 1.092 à 2.562 emplois au sein de nouvelles structures d’accueil permanent. Ainsi la société réunionnaise pourra envisager un développement équilibré avec la contribution des femmes dans le respect de leur qualité de mères et de travailleuses.

Jean-Fabrice Nativel


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La France a ratifié "Convention Internationale des Droits de l’Enfant"
La " Convention Internationale des Droits de l’Enfant ", adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies le 20 novembre 1989, a force de loi. La France l’a ratifié le 2 juillet 1990 et elle a fait du 20 novembre la journée national des droits de l’enfant. L’article 18 de ce texte dit : "les États parties prennent toutes les mesures appropriées pour assurer aux enfants dont les parents travaillent le droit de bénéficier des services et établissements de garde d’enfants pour lesquels ils remplissent les conditions requises".

En France, un million d’enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté
"En France, les conditions de vie des enfants sont, dans l’ensemble, bien supérieures à celles que connaissent et subissent des millions d’enfants à travers le monde. Pour autant, des sujets d’inquiétudes existent. Un rapport de février 2004, émanant du CERC (Conseil de l’emploi, des revenus et de la cohésion sociale), indique, qu’en France, un million d’enfants vivent en dessous du seuil de pauvreté. Les risques d’inégalités entre les régions françaises, à la suite de la décentralisation. En effet, ce dispositif accorde des prérogatives aux régions et départements notamment en matière d’aide sociale. Chacun d’entre eux ne consent pas les mêmes efforts".


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