La CGTR et les conséquences de la crise internationale à La Réunion

Pour la création d’une cellule de veille sociale

29 novembre 2008, par Manuel Marchal

Les salariés ne doivent pas être ceux qui doivent payer le prix d’une crise dont ils ne sont en rien responsables. Tel est le message de la CGTR. Le syndicat fait part de ses revendications pour éviter cette situation. Il demande notamment à l’Etat la mise sur pied d’une cellule de veille sociale, l’extension du dispositif du chômage partiel à La Réunion ainsi que des engagements sociaux de la part des entreprises qui souhaitent bénéficier d’aides publiques : pas de licenciement et pas de pression sur les salaires et les acquis.

« La crise ne doit pas être une double peine pour les salariés », affirme la CGTR. Ivan Hoareau rappelle que les travailleurs paient déjà les pots cassés par une modération salariale qui dure depuis longtemps. La crise ne doit pas être mise à profit par des entreprises qui gardaient sous le coude des plans de restructuration, et qui profitent de l’émotion suscitée par la situation actuelle pour licencier afin de dégager des profits supplémentaires. Une situation qui n’est pas sans rappeler celle qu’a connue notre île à l’époque du chikungunya.
Le secrétaire général de la Confédération note également que la crise financière est un facteur aggravant d’une situation qui était déjà difficile. En témoigne dans le BTP la diminution d’activités due à l’arrêt ou au report de grands travaux à la suite du changement de majorité après les Municipales.

Des licenciements en cours

À La Réunion, plusieurs entreprises prennent prétexte des conséquences de la crise financière pour faire pression sur les salariés, alors même qu’elles ont un carnet de commandes bien fourni. « On commence à voir des transactions de départ en échange d’un mois de salaire, la rupture conventionnelle facilite les choses », déplore Ivan Hoareau. Concernant les restructurations en cours ou à venir, la CGTR cite par exemple Réunion armatures, MJF et RICOBAT.
La CGTR appelle donc à la vigilance, et attend de l’Etat la mise en place d’une cellule de veille sociale, sur le modèle de ce qui existe pour assurer la sécurité des établissements financiers. Le syndicat constate qu’il est primordial de poser des conditions aux subventions publiques destinées à aider les entreprises à passer le cap de la crise. Une société aidée ne doit pas licencier.
Ivan Hoareau indique également que la situation actuelle peut être l’occasion de faire avancer des revendications augmentant les droits des travailleurs.
La CGTR demande l’extension à La Réunion du dispositif du chômage partiel. En effet, lorsqu’une entreprise met un travailleur au chômage pour une période temporaire, ce dernier n’a droit qu’à une indemnité qui est fonction du SMIC. Autrement dit, tous ceux qui ont un salaire supérieur au SMIC subissent une perte de revenu.

Relancer l’activité

Le chômage partiel permet au travailleur d’avoir une compensation calculée en fonction du montant de son salaire, mais elle ne s’applique qu’en France. Voici plus de deux ans, lors de l’épidémie de chikungunya, la CGTR avait déjà revendiqué cette mesure d’égalité. Aujourd’hui, il est important de régler cette question afin d’anticiper sur les possibles ralentissements temporaires d’activités pouvant se produire dans différents secteurs.
La CGTR demande également une relance de l’activité. Cette dernière doit profiter aux entreprises, et aussi aux travailleurs, par le biais d’augmentation de salaires, de développement des plans de formation et de versement de la prime transport. Cette dernière revendication fait d’ailleurs l’objet d’une lutte menée par les avitailleurs de l’aéroport, constate Ivan Hoareau.
La CGTR fait part de ses réserves quant au volet social du plan gouvernemental de lutte contre la crise (voir encadré). Le syndicat note que sur le plan européen, la tendance est à une plus grande déréglementation, avec une hausse du temps de travail hebdomadaire autorisé pouvant aller jusqu’à 65 heures. La vigilance s’impose pour ne pas que la crise financière ne soit synonyme pour le travailleur de diminution de ses droits, et d’une plus grande précarité.

Manuel Marchal


Des mesures contestables proposées par Paris

La CGTR constate que le volet social du plan de lutte face à la crise présenté par Nicolas Sarkozy ne répond pas aux attentes des travailleurs.
Le gouvernement veut étendre le Contrat de Transition Professionnelle (CTP). Si le CTP permet au salarié licencié économiquement de garder pendant un temps son salaire, il exonère totalement l’entreprise de sa responsabilité de reclassement dans ce cas.
Concernant le recours au travail du dimanche dans les grandes surfaces, la CGTR note que cela n’augmentera pas les salaires, et donc la consommation, et fera perdre des emplois au petit commerce. D’autres secteurs seront obligés de suivre (transport, restauration), ce qui entraînera une banalisation du travail le dimanche. Quant à la question du volontariat, elle ne se pose pas car, comme le souligne Ivan Hoareau, « on sait très bien que le salarié sera obligé de travailler ». Cette mesure est donc une pression sur les acquis sociaux.
La CGTR précise également que le recours au CDD sera favorisé, ce qui ne peut qu’aller vers une plus grande précarité.


"Combattre la crise : priorité à l’emploi, au salaire et aux droits des travailleurs"

La CGTR indique qu’en France, plusieurs entreprises ont saisi l’occasion d’une baisse de leurs commandes pour opérer des plans de licenciements et de chômages partiels sans commune mesure avec la perte financière de l’entreprise. Ivan Hoareau prend l’exemple de Renault qui met ses travailleurs au chômage pendant plusieurs semaines tout en distribuant des dividendes à ses actionnaires. Il constate que PSA a vu ses ventes baisser de 6%, mais a mis 20% de ses travailleurs au chômage technique.
Or, alors que la crise est là, le contexte est à la recrudescence des attaques contre les droits des travailleurs. La CGTR rappelle que jusqu’à présent, la directive européenne sur le temps de travail autorisait un temps de travail hebdomadaire maxi de 48 heures. Une dérogation était accordée à la Grande-Bretagne pour 65 heures par semaine. Plusieurs gouvernements, dont la France et l’Italie, ont demandé que la dérogation devienne le droit commun.
Le 16 décembre, à l’appel de la Confédération européenne des syndicats, les travailleurs manifesteront à Strasbourg devant le Parlement européen. Ce sera le point de départ d’une année internationale d’actions placée sous un mot d’ordre : "Combattre la crise : priorité à l’emploi, au salaire et aux droits des travailleurs".

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