Intersyndicale, grève générale du 16 mai

Pour la solidarité, contre le travail forcé

13 mai 2005

La CFTC, la CGTR, FO, UNSA, FSU et Solidaires, regroupés en Intersyndicale, lancent un appel commun pour la grève générale du 16 mai, Lundi de Pentecôte. Au-delà de la suppression de ce jour férié, les revendications concernent aussi les retraites et les 35 heures.

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La loi relative à la solidarité pour l’autonomie des personnes âgées et handicapées fait que tous les salariés doivent travailler gratuitement le jour du Lundi de Pentecôte. Ivan Hoareau (CGTR) explique que cette journée de travail supplémentaire non rémunérée représente 0,5% du salaire annuel, la contribution reversée par les entreprises est de 0,3% du salaire. Le patronat gardera donc le reste. La démonstration prouve que "les salariés sont seuls à financer la mesure". Mais c’est aussi pour le responsable syndical une remise en cause des 35 heures, la durée du travail annuel passant à 1.607 heures, payées 1.600. Pour lui, cette mesure va aussi "à l’encontre de la création d’emplois".
(Voir les différents témoignages dans nos encadrés ci-après - NDLR)

Eiffel


CGTR : Sans oublier les retraites
Pour Ivan Hoareau et Jean-Marc Gamarus (CGTR), outre la bataille contre la suppression d’un jour férié, il y bien d’autres raisons pour que l’Intersyndicale appelle à la grève générale. Il s’agit selon eux de peser également sur les négociations autour du dossier des retraites, précisément sur les questions de reconnaissance de la pénibilité du travail et maintien au travail des seniors. Les organisations syndicales dénoncent aussi le coup porté au congé solidarité par la Loi programme pour l’Outre-mer, qui a substitué le remplacement du travailleur sur le départ par l’entrée de deux jeunes à temps partiel, au lieu d’un seul à temps plein. De plus, elle permet aux entreprises qui n’ont pas signé l’accord des 35 heures, d’utiliser le congé solidarité. Les 35 heures étaient pourtant la condition sine qua non. La manifestation de lundi se battra donc à la fois pour une retraite décente et contre la politique gouvernementale d’écrasement de la masse salariale.

CFTC : "Pseudo solidarité"
Paul Junot (CFTC) veut éviter tout malentendu : "la solidarité est une notion très forte chez les travailleurs. Mais cette mesure est une pseudo solidarité et nous allons saisir la Cour européenne de justice, car en nous obligeant au travail forcé, elle est illégale". Il s’emporte contre la campagne de presse lancée par le gouvernement pour contrer le mouvement de protestation. Il propose une autre solution : "prendre une fraction des richesses accumulées par les grandes entreprises". Pour lui, "les salariés refusent d’être les instruments du gouvernement et du MEDEF".

FSU : "L’Assemblée nationale fermée le 16"
Marie-Hélène Dor (FSU) souligne que "dans les services publics, c’est aussi une escroquerie, c’est bien une journée de travail gratuite, une journée de classe en plus, alors que le capital n’est pas touché". Elle invite à prendre exemple sur les députés qui ont voté la mesure en indiquant que "l’Assemblée nationale sera fermée le lundi 16 mai", ce qui est un comble.

Solidaires : "un recul sans précédent"
Jean-Claude Bénard (Solidaires) soutient que "si la réforme des retraites est un recul sans précédent, cette mesure est aussi un recul sans précédent. Pour la première fois, on augmente le temps de travail. C’est inadmissible de la part du gouvernement. Cette journée est un cadeau pour le patronat. Nous refusons aussi la création d’une caisse spécifique qui se dissocie de la Caisse d’assurance maladie, pour les personnes en situation de dépendance et de handicap". Selon lui, "l’État ne se donne pas les moyens pour la fraude fiscale, ne pas essayer de culpabiliser les gens".

FO : Prenons nos responsabilités
Éric Marguerite (FO) juge important de préciser que "la grève du 16 mai n’est pas contre la solidarité mais contre le travail obligatoire. Cette journée de pénitence est une véritable escroquerie qui se passe dans la confusion la plus totale. FO ne peut pas accepter cette situation. C’est une journée de travail en plus et une journée de repos en moins. Aux salariés de prendre leur responsabilité".

UNSA : "une mesure inutile"
Jacky Chane-Alune (UNSA) dénonce lui aussi le faux-semblant de solidarité et confie que les responsables des Maisons de retraite doutent eux-mêmes de l’efficacité de cette mesure. Il regrette que le recteur ait été obligé d’écourter les vacances alors que La Réunion aurait pu sortir du dispositif, puisque nous nous trouvons en période de vacances. Il ajoutait que selon l’INSEE lui-même, cette mesure ne permettrait aucune augmentation de croissance, ce qui lui fait dire que "cette mesure est inutile".

Acte de résistance sociale

Teddy Soret (SNUEP/FSU) qui préfère parler de charité plutôt que de solidarité, rappelle que la FCPE appelle les parents à ne pas envoyer leurs enfants à l’école et que le ministre de la santé, Douste Blazy, dit lui-même que ça ne réglera pas le problème des personnes âgées.
Jean-Marc Gamarus (CGTR) ajoute que 56% de la population est contre cette mesure. "Malgré l’impopularité de Raffarin, les salariés restent victimes de sa dictature", déclare-t-il, lançant encore une fois l’appel à la grève générale pour le lundi 16 mai. Un rassemblement est prévu à 9 heures sur la place de la Mairie de Saint-Pierre. C’est pour lui "un acte de résistance sociale du monde du travail".


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