Union de la CGTR, de la CFDT et de la FRBTP contre l’embauche de travailleurs espagnols à Bois-Rouge

Pour le droit à l’emploi des Réunionnais à La Réunion

26 mai 2018

Jeudi, la CGTR et la CFDT ont manifesté à l’entrée de l’usine sucrière de Bois-Rouge pour protester contre l’embauche de travailleurs espagnols. Hier, la FRBTP a apporté son soutien à ce mouvement. Pour que les entreprises soient obligées de recourir à des Réunionnais pour occuper ces postes, il est nécessaire d’avoir un droit réunionnais qui s’impose aux droits français et européens, ce que ne permet pas le cadre actuel.

L’obligation de diffuser toutes les embauches par Pôle emploi et celle du recours à la main d’oeuvre réunionnaise pour y pourvoir, à moins d’établir un constat de carence : ces possibilités sont interdites par le cadre actuel qui met les travailleurs réunionnais en concurrence avec ceux d’autres pays à La Réunion.

La Réunion compte plus de 180.000 personnes inscrites à Pôle emploi. Le nombre de travailleurs totalement privés d’emploi est officiellement supérieur à 130.000. C’est une situation bien plus grave qu’en France. Pourtant, elle ne donne pas lieu à des mesures spécifiques à la hauteur de la crise.

Depuis 1946, La Réunion est un département français. Les mêmes lois qu’en France doivent donc s’appliquer. À la différence des autres anciennes colonies devenues collectivités, La Réunion est la seule à ne pouvoir adapter la loi ou à en créer de nouvelles dans les domaines de compétence des collectivités territoriales. C’est ce qui découle de l’alinéa 5 de l’article 73 de la Constitution. Dans le droit européen, la spécificité est reconnue dans l’article 342 du Traité de Lisbonne. Il permet d’adapter les politiques européennes à La Réunion car notre île a un statut de région ultrapériphérique.

Cette spécificité a ses limites, car cela n’a pas empêché d’appliquer aussi à La Réunion la suppression des quotas sucriers. Les conséquences pour notre île sont bien différentes qu’en France, car le coût de production réunionnais est plus élevé, et à cela s’ajoute l’éloignement des marchés potentiels d’exportation. L’embauche de travailleurs espagnols pour réaliser des travaux à l’usine de Bois-Rouge souligne encore les limites de la reconnaissance de la spécificité.

Conséquence de l’intégration

Dans l’usine de Bois-Rouge, l’intégration à l’Union européenne s’applique. Le propriétaire de l’usine peut choisir une entreprise située en Europe pour y faire des travaux, et cette dernière a la possibilité de faire venir de ce continent des travailleurs. C’est le principe de la « concurrence libre et non faussée » sur lequel s’appuie l’orientation ultra-libérale de l’Union européenne. Jeudi, CGTR et CFDT ont manifesté contre ces embauches. Selon les syndicats, des Réunionnais peuvent accomplir les tâches confiées aux travailleurs espagnols.

Hier, la FRBTP a fait part de son soutien aux syndicats : « il n’est pas acceptable de faire appel à des travailleurs extérieurs de l’île, surtout s’agissant de compétences locales ». L’organisation patronale ajoute que « dans le cas où celles-ci n’existeraient pas ou ne seraient pas disponibles, ce type de chantier devrait être l’opportunité pour les entreprises locales de faire monter en compétences leurs salariés, de les former à de nouvelles techniques, de développer leur savoir-faire et ainsi de les valoriser. Ces initiatives permettant également, par effet combiné, aux entreprises réunionnaises de se positionner sur de nouveaux marchés ».

Syndicats et patronat appuient leur revendication sur l’important taux de chômage qui existe à La Réunion. De plus, le BTP a perdu près de 10.000 emplois depuis 2010. Aussi les représentants des salariés et des patrons estiment que tout doit être mis en œuvre pour favoriser l’embauche de Réunionnais ce qui n’est semble-t-il pas pour eux le cas à l’usine de Bois-Rouge.

Obligation d’un nouveau cadre

Ce qui se passe sur ce chantier rappelle le fond du problème : le cadre institutionnel de La Réunion. Si une société peut faire venir à La Réunion des travailleurs venant de n’importe quel pays de l’Union européenne sans aucun problème, c’est parce que La Réunion est un département français. Les directives européennes transcrites dans le Code du Travail s’y appliquent. Le principe de la « concurrence libre et non faussée » s’applique notamment aux travailleurs. Elle permet leur mise en concurrence pour augmenter les profits.
Compte-tenu du taux de chômage à La Réunion, le recours obligatoire à des Réunionnais pour occuper un poste créé quand les compétences existent à La Réunion est une revendication portée par le PCR qui prend de plus en plus d’ampleur. C’est ce que souligne l’union des représentants des salariés et du patronat du BTP dans l’affaire de l’usine de Bois-Rouge.

Mais pour que les Réunionnais puissent faire appliquer une telle mesure à La Réunion, il est nécessaire de sortir du cadre actuel. Cela suppose en effet que des mesures spécifiques créées à La Réunion puissent prendre le pas sur le droit européen. Cela nécessite au minimum la suppression de l’alinea 5 de l’article 73 de la Constitution, et d’aller vers de nouveaux rapports entre La Réunion et l’Union européenne.

M.M.

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Messages

  • La Réunion, c’est un département français, donc dans l’Europe, ces salariés détachés ici sont dans leurs droits et l’entreprise qui les emploi aussi ! C’est la concurrence c’est tout. Nou lé bien content d’avoir le choix pou achete manger, abonnement telephone, assurances etc moins cher pck néna la concurrence, pou les entreprises lé pareil, zot i choisi cet zot i pense etre le mieux. Certainement que les salariés la la déja travaille su un installation similaire et zot néna de tres bonnes référence passée, et aussi coute moins cher. Avec les blocages pou un rien ici, band patron la peur emploi demoune ici malheureusement, zot la pou creuse zot tombe zot mm ! L’europe i donne subvention en millions d’€ à la reunion, faut accepte les conditions aussi !


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