Grève reconduite au Lycée Patu de Rosemont à Saint-Benoît

Pour que les jeunes Réunionnais puissent étudier

4 juillet 2006

Au Lycée Patu de Rosement, 13 personnes travaillent à la vie scolaire. Parmi elles, 4 ont le statut de MI-SE (Maître d’internat et Surveillant d’externat). Deux partent cette année. L’État veut les remplacer par des Contrats d’avenir dans le cadre des “emplois vie scolaire”. Les surveillants se mobilisent contre cette mesure qui remet en cause le droit des Réunionnais à poursuivre des études après le Bac.

Que faire après le Bac ? Comme chaque année, la question se pose pour des milliers de jeunes. Beaucoup veulent poursuivre leur formation, mais combien devront renoncer à cause de revenus trop faibles ?
Pour qu’étudier ne soit pas réservé aux enfants des classes aisées, les surveillants du Lycée Patu de Rosemont à Saint-Benoît sont en grève depuis hier. À l’origine de ce mouvement auquel adhère la quasi-totalité des personnes concernées, la mise en œuvre d’une mesure du gouvernement censée refléter sa "mobilisation pour l’emploi".
Alors que le Bac et la Coupe du Monde monopolisent l’actualité, le gouvernement lance une nouvelle offensive pour précariser les emplois de la vie scolaire dans les collèges et les lycées.
Le Rectorat ne remplace plus les postes de surveillants qui se libèrent par des postes équivalents sur le plan statutaire. Il les transforme en Contrats d’avenir dans le cadre d’un nouveau plan de précarisation massive dans la Fonction publique : les “emplois vie scolaire” (voir encadré).

"Il faudra être riche pour pouvoir étudier"

À Patu de Rosemont, "les surveillants protestent contre le remplacement de leur poste par des Contrats d’avenir", explique Stéphanie Hamdi, surveillante gréviste. "Ces contrats vont priver les étudiants d’un travail précieux qui leur permettait de combiner étude et travail". Car jusqu’à présent, les postes de surveillants sont occupés par des MI-SE, emplois réservés à des étudiants, ou par des assistants d’éducation, emplois prioritairement réservés aux étudiants.
Ce sont "des contrats adaptés pour permettre aux jeunes de passer leurs examens, les concours et profiter d’un ascenceur social important", rappelle Stéphanie Hamdi, ce qui n’est pas le cas des Contrats d’avenir.
"Demain, comment vont se former nos jeunes Réunionnais ?", s’interrogent les grévistes de Patu de Rosemont. Avec la suppression des postes de surveillants, "il faudra être riche pour pouvoir étudier". Ce qui veut dire que "les jeunes qui n’en ont pas les moyens n’auront plus accès aux études supérieures, car une bourse est rarement suffisante pour couvrir les besoins étudiants".
"Nous ne voulons pas payer le prix des économies de l’État", affirment les grévistes.

Poursuite du mouvement

Un poste de surveillant remplacé par un Contrat d’avenir, c’est une porte qui se ferme pour un jeune dont la famille n’a pas les moyens de financer les études. Cela est d’autant plus vrai qu’à La Réunion, le taux de chômage intolérablement élevé limite fortement le champ des “petits boulots” auxquels les jeunes peuvent avoir recours pour faire face aux besoins de la vie étudiante. Contre cette injustice, les surveillants de Patu de Rosemont se lèvent. Ils poursuivent aujourd’hui le mouvement.

Manuel Marchal


Les “emplois vie scolaire” annoncés par le gouvernement

Nouveau plan d’appauvrissement des Réunionnais

Les “emplois vie scolaire” c’est quoi ? C’est une nouvelle catégorie d’emploi à temps partiel, sous payé. Ainsi, un contrat “emploi vie scolaire” travaille 26 heures par semaine pour à peine 900 euros par mois. Pour quasiment la même durée de travail, un surveillant MI-SE a un salaire qui dépasse le SMIC, des conditions statutaires qui lui garantissent un emploi le temps de poursuivre avec succès ses études et une commission paritaire responsable des nominations et des mutations.
Mais depuis 3 ans, les gouvernements qui se succèdent ont réussi à mettre à mal cet ascenseur social créé par le Front populaire. Un poste de surveillant pour un jeune issu d’un milieu populaire, c’était la porte de l’enseignement supérieur qui s’ouvrait... Mais force est de constater que cette possibilité se ferme. En remplaçant les surveillants par des Contrats d’avenir, l’État fait des économies. Mais il prive les plus démunis du droit d’étudier.
Les conditions de recrutement des “emplois vie scolaire” excluent de fait les étudiants de ce type de travail. En effet, il faut remplir les conditions du Contrat d’avenir, c’est-à-dire relever d’un minima social (RMI, API, AAH...).
Un jeune venant d’obtenir le Bac et souhaitant poursuivre des études ne répond pas à ces conditions. Sur le plan national, le Ministère de tutelle annonce 45.000 emplois vie scolaire, ce sont autant de postes de surveillant supprimés. Sous couvert de "mobilisation exceptionnelle en faveur de l’emploi", le gouvernement bloque l’ascenseur social et divise les jeunes. Cela ne résout pas la crise.


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