Grève à EDF

Pour renforcer l’emploi et les services publics

22 septembre 2006

Grève d’avertissement hier à la centrale thermique du Port où 60% des agents ont suivi le mouvement lancé à l’appel de la CGTR-EDF. Tous les départements d’Outre-mer étaient hier dans la lutte. Les syndicalistes posent la question de l’avenir du service public de l’énergie dans les DOM.

Hier matin, à l’appel de la CGTR-EDF, les agents EDF de la centrale thermique du Port étaient en grève.
C’est une action d’avertissement, une Commission mixte paritaire nationale de l’entreprise publique devait donner son avis hier sur le renouvellement des moyens de production d’électricité. "Dans les DOM et en Corse, nous revendiquons une construction, une exploitation et une maintenance des nouvelles installations assurées à 100% par EDF", affirme Max Banon, de la CGTR-EDF.
La Réunion est particulièrement concernée par ce qui sera décidé. La centrale du Port, d’une puissance de 170 mégawatts, voit son autorisation d’exploiter expirer en 2010. Elle doit donc être remplacée. Construite par EDF, la centrale est exploitée par l’entreprise publique, elle emploie 140 agents et fournit 21% de la production annuelle d’électricité à La Réunion. Pour la CGTR, EDF prévoit que la future centrale sera gérée par une filiale de l’entreprise publique. Le premier résultat concerne l’emploi. Il n’y aurait plus de 40 agents EDF dans le futur ouvrage, les autres travailleurs étant régis par le statut IEG, moins avantageux pour le salarié.

"Réduction d’effectif est à prévoir"

Autre répercussion sur l’emploi : la conjonction du renouvellement des moyens de production et l’arrivée en fin de carrière est l’occasion de trancher dans les effectifs. Le document remis hier à Paris à la Commission paritaire précise clairement qu’"il est impossible de détailler l’impact social des évolutions technologiques (...) il est estimé sur la base des premiers éléments exprimés par les constructeurs, qu’une réduction d’effectif est à prévoir. La pyramide des âges facilite cette évolution car plus de la moitié des agents travaillant actuellement en production partira en inactivité d’ici à 2015". La création de filiales, c’est donc moins d’emploi et moins de garantie statutaire.
La CGTR-EDF craint que ce désengagement d’EDF de la production d’électricité par la création de filiales soit le prélude à une privatisation dans le transport et la distribution de l’énergie. Or, dans une île située sur la trajectoire des cyclones, les rétablissements coûteux de lignes en urgence font partie des missions de l’entreprise publique EDF. Quelle est la garantie qu’une filiale ou une entreprise privées puisse réparer aussi rapidement, et qui va payer ? interroge Max Banon.
L’autre revendication portée par la CGTR est le maintien de la péréquation tarifaire. C’est une garantie pour que les Réunionnais puisse accéder à l’électricité au même prix qu’en France, alors qu’à La Réunion le coût de production est deux fois plus élevé. Au moment où la direction nationale d’EDF parle de "péréquation géographique", la CGTR mobilise pour "la défense d’une péréquation tarifaire intégrée".

Quel service pour les Réunionnais ?

Pour la CGTR-EDF, la question essentielle est de décider le type de service sur lequel s’appuyer pour construire le développement de La Réunion. "Lorsque l’on entend Nicolas Sarkozy parler de "service au public", ce n’est pas la même chose que "service public"", poursuit Max Banon.
Au lendemain de cette grève d’avertissement, la CGTR-EDF compte continuer l’action, interpeller la population et les collectivités. Les élus doivent se positionner sur cette question, dit en substance Max Banon. Et il demande de ne pas prendre une décision dans l’urgence sans se projeter dans l’avenir. Pour le syndicaliste, les Réunionnais doivent avoir droit aux mêmes services publics qu’en métropole, puisque La Réunion est un département, "l’État doit garantir la continuité territoriale dans le service public de l’énergie".
Max Banon rappelle qu’en Corse, un projet de création de filiales dans la production était annoncé. "En mobilisant et en créant un rapport de force favorable, les Corses ont obtenu que dans les centrales électriques à construire, l’exploitation et la maintenance seront faites par des agents EDF, entreprise publique". "Tout est question de rapport de force", conclut Max Banon, "nous allons mobiliser pour que la population et les élus prennent conscience de l’importance de cette question" : la production d’électricité dans les mains du secteur privé ou l’existence d’un service public fort dans ce secteur stratégique pour le développement ?

M.M.


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