Dans 9 jours, les nouveaux prix des carburants

Pour une baisse d’au moins 20 centimes pour tout le monde

23 janvier 2009, par Manuel Marchal

Sur la base de plusieurs éléments, il apparaît que le représentant de l’État peut décider d’une baisse d’au moins 20 centimes pour tout le monde le 1er février prochain. Toute autre décision moins favorable au pouvoir d’achat ne pourrait que s’opposer à la revendication légitime de la population.

Le 15 décembre dernier, le préfet annonçait avec 1 mois et 15 jours d’avance un scoop : le prix des carburants va baisser. De combien ? Suffisamment pour que La Réunion puisse peut-être retrouver sa position de DOM le mieux loti.
En effet, telle était la situation avant la diversion lancée contre la Région au début du mois de novembre. Quelques semaines plus tard, il s’avère que La Réunion est le DOM où le prix des carburants est le plus cher.
En Martinique, le prix du litre de gasoil est de 94 centimes, soit 16 centimes de moins qu’à La Réunion. Ce prix a été fixé au mois de décembre, à une époque où le prix du baril de pétrole était plus cher qu’aujourd’hui. En France, avec un taux de taxe beaucoup plus important qu’à La Réunion, il devient difficile de ne pas trouver des stations qui vendent le litre de gasoil au même prix qu’en Martinique.
Ces deux seuls éléments permettent d’aller vers une conclusion : une baisse d’au moins 20 centimes est possible le 1er février. Toute autre décision moins favorable au pouvoir d’achat ne pourrait que s’opposer à la revendication légitime de la population, voici pourquoi.

41 millions d’euros d’amende pour entente illicite

À quelques jours de l’annonce des nouveaux prix des carburants, force est de constater que l’enveloppe de 2,5 millions d’euros prélevée sur les recettes de l’octroi de mer et destinée aux professionnels de la route est bientôt épuisée. Elle sera d’autant plus rapidement épuisée que les entreprises ayant perçu jusqu’à présent les aides ne représentent qu’une infime partie du nombre des ayants-droits. Loin d’être pérenne, cette aide est un geste politique exceptionnel de la Région fait sur proposition du préfet pour apaiser une situation de blocage de l’économie. Autrement dit, le 1er février, le problème posé par les professionnels de la route restera entier car ils reviendront au point de départ : ils paieront le même prix que tout le monde.
Cela veut dire aussi que leur revendication particulière s’inscrit aujourd’hui dans la revendication générale d’une baisse des prix pour tout le monde.
45 jours avant la publication de sa décision, le préfet avait annoncé au "JIR" que les prix allaient baisser le 1er février. Ce "scoop" a été confirmé par son directeur de cabinet mardi à des représentants syndicaux des transporteurs. Reste à en connaître le montant.
Il s’avère que depuis la fixation des derniers prix par le préfet et l’interview de ce fonctionnaire dans le "JIR", a été rendue publique une information capitale pour tous ceux qui luttent pour la transparence dans la formation des prix. Le 4 décembre, quatre compagnies aériennes ont été condamnées à une amende de 41,1 millions d’euros pour entente illicite à l’encontre d’Air France pour le marché de fourniture de carburant sur la ligne La Réunion-Paris en 2002 et 2003 (voir encadré).

Quelles informations à la disposition du préfet ?

Cette amende donne un aperçu du préjudice subi par cette entreprise et ses usagers. Elle précise également les surprofits exceptionnels que les pétroliers arrivent à engranger sur le dos d’une des premières compagnies aériennes mondiales. Cette condamnation permet d’apporter un éclairage sur les pratiques commerciales utilisées par les compagnies pétrolières opérant à La Réunion. Car si les compagnies pétrolières ont été capables de tricher avec Air France, jouent-elles la transparence avec le préfet, leur seul interlocuteur, pour la fixation des prix des carburants ? Le doute est plus que permis, d’autant plus que Paris affirme même vouloir enquêter sur la formation du prix que les pétroliers présentent au préfet. Or, la dépense en kérosène d’Air France ne représente qu’une fraction de la consommation de carburant des automobilistes et transporteurs. Sur ce "juteux" marché qu’est La Réunion, manifestement, les pétroliers ne jouent pas la transparence.
À partir de ce doute, prenant en compte les tarifs pratiqués par ailleurs, rappelant qu’avant le mois de novembre, La Réunion était le DOM où le prix des carburant était le meilleur marché, sachant que le prix de la matière première a encore diminué et considérant les propos du préfet le 15 décembre dernier indiquant que la baisse des prix le 1er février est de l’ordre du « naturel », alors les prix décidés par le fonctionnaire compétent dans ce domaine ne pourront que correspondre à la revendication de la population d’un juste prix, c’est-à-dire une baisse d’au moins 20 centimes le 1er février prochain.

Manuel Marchal


Arrêt du 4 décembre du Conseil de la Concurrence

41,1 millions d’euros d’amende pour entente illicite

Voici le communiqué du Conseil de la Concurrence qui a annoncé la condamnation de quatre compagnies pétrolières opérant à La Réunion.

« Saisi par la société Air France d’une plainte concernant le déroulement anormal d’un appel d’offres pour l’approvisionnement de ses avions en carburants sur l’escale de La Réunion, le Conseil de la Concurrence rend aujourd’hui (le 4 décembre - NDLR) une décision dans laquelle il sanctionne quatre compagnies pétrolières (Chevron-Texaco, Total, Exxon et Shell) pour un montant total de 41,1 millions d’euros.
L’entente a entraîné une augmentation du coût des prestations d’approvisionnement en carburant pour Air France sur l’escale de La Réunion.
Les documents saisis lors des perquisitions à Paris, à La Réunion et à Londres ont permis de montrer que les compagnies pétrolières en cause se sont concertées en 2002 pour obtenir une répartition du marché lancé par Air France et garantir leur part de marché respective. En limitant conjointement les volumes offerts, elles ont contraint Air France à ne pouvoir faire autrement, pour couvrir ses besoins en carburant, que d’accepter les quatre offres sans pouvoir en rejeter aucune, ni négocier les prix.
L’entente a entraîné une forte augmentation du coût des prestations d’approvisionnement en carburant sur cette escale pour Air France (+30%) sur la période 2002-2003. (...) Ces sommes seront recouvrées au bénéfice du Trésor public. Mais Air France dispose également de la faculté de demander par ailleurs réparation du préjudice qu’elle a subi auprès des tribunaux compétents. »

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