Assemblée d’Agir pou nout tout à Saint-Paul

Pour une journée ’sans achat’ le 29 août

9 août 2008, par Manuel Marchal

La bataille pour le pouvoir d’achat est le combat de tous les Réunionnais rappelle Agir pou nout tout. Hier, lors d’une rencontre avec la population de l’Ouest à Saint-Paul, l’assemblée a adopté une résolution : faire du 29 août une journée ’sans achat’. Ce jour-là, Yves Jégo doit venir à La Réunion signer une charte avec des distributeurs. Mais cette charte maintient la liberté des prix, rappelle Agir pou nout tout qui met en avant plusieurs propositions pour gagner la bataille du pouvoir d’achat : créer une conférence permanente pour l’emploi, supprimer la TVA et l’octroi de mer quand il existe sur les produits de la grande distribution et faire figurer sur les emballages la formation du prix du produit vendu : « celui qui achète a le droit de savoir ».

Dans la bataille pour le pouvoir d’achat, l’emploi tient une place importante comme l’a souligné le débat.
A la tribune, on reconnaît notamment Jean-Pierre Técher, Jean-Hugues Ratenon, Huguette Bello et Maryse Dasche.
(photo MM)

Le collectif Agir pou nout tout avait rendez-vous avec la population de l’Ouest hier à Saint-Paul. Un nombreux public avait répondu à l’appel. Aux côtés de Jean-Hugues Ratenon et d’autres membres d’Agir pou nout tout, la députée-maire de Saint-Paul, Huguette Bello, et Jean-Pierre Técher du CLÉ ont participé aux débats.
Jean-Hugues Ratenon indique tout d’abord que l’inflation à La Réunion est supérieure à ce que connaît la France. « La vie est toujours plus chère, alors que les revenus et les salaires sont inférieurs à la France », précise-t-il. Cette vie chère est reconnue par l’Etat, puisqu’il verse à ses travailleurs une prime de vie chère. « Pourquoi la vie chère n’est pas reconnue dans les minima sociaux », poursuit-il ?

Conférence permanente pour l’emploi

Huguette Bello, députée-maire de Saint-Paul, précise qu’une étude d’Agir pou nout tout a montré que l’écart des prix avec la France est d’au moins 50%. « Les prix sont particulièrement élevés à La Réunion », souligne-t-elle.
Outre la lutte contre la vie chère, la bataille du pouvoir d’achat passe aussi par l’emploi et les salaires. Jean-Hugues Ratenon constate qu’en quelques années, le nombre d’emplois co-financés par l’Etat est passé de 50.000 à moins de 20.000. Ce sont donc 30.000 emplois de moins pour les Réunionnais.
De plus, « Yves Jégo n’a pas hésité à accuser la population réunionnaise en annonçant que 3.000 emplois ne trouvaient pas preneurs à La Réunion. Tout le monde a vu que l’ANPE n’a pas pu faire la lumière sur ces 3.000 emplois ». Et maintenant, de 3.000 on serait passé à 1.500.
« Nous avons fait la proposition d’une conférence permanente pour l’emploi afin qu’un maximum de Réunionnais puisse avoir un emploi pérenne », ajoute Jean-Hugues Ratenon. Cette proposition est entre les mains de l’ANPE.
L’urgence est la la « solution équitable », pour gagner la « bataille du pouvoir d’achat ». Mais « au lieu de nous écouter, le gouvernement polémique ».

L’urgence sociale

Cette vie chère et cette inflation frappent de plein fouet une population gravement touchée par la précarité, insiste Huguette Bello. Les chiffres sont éloquents, avec 30% de la population relevant des minima sociaux, et près de 354.000 Réunionnais à la CMU complémentaire, plus de 74.000 allocataires du RMI, plus de 14.000 agents non-titulaires dans la fonction publique. A l’image de La Réunion, Saint-Paul est touchée par cette urgence sociale. Plus de la moitié de la population est couverte par la CMU-C, presque 10.000 allocataires du RMI, 300 du RSO, 1.311 familles touchant l’API.
Et le chômage vient d’augmenter de 2,7%. « Il faut être vraiment davantage solidaire, la population n’en peut plus ». « La Réunion est en situation d’urgence sociale », poursuit la députée-maire de Saint-Paul. Elle est touchée par les « conséquences d’une politique désastreuse » à Paris. « Le RSA est une perspective qui n’éclaire pas l’avenir des allocataires des minima sociaux ». Huguette Bello note également que par rapport au SMIC, le RMI a perdu 25% de sa valeur, « sur fond idéologique de culpabilisation des pauvres ».

« Une bataille du peuple réunionnais »

« Nous ne devons pas oublier une chose essentielle : que la question des salaires revienne sur le devant de la scène », souligne-t-elle avec force. « Les pauvres dépensent en totalité leurs maigres revenus, augmenter les minima sociaux, c’est éviter que le pouvoir d’achat des pauvres décroche, et c’est relancer l’économie », ajoute-t-elle.
« Il faut que la France applique la Déclaration universelle des droits de l’Homme qu’elle a signée », cette déclaration reconnaît en effet les droits à un travail, à un logement, et à un revenu suffisant pour vivre dignement. « Nous devons agir plus, pour une Réunion plus fraternelle, plus solidaire, plus égale ».
Après ces interventions, le débat a soulevé de nombreuses questions. C’est tout d’abord celle du droit des Réunionnais à avoir un emploi dans leur pays. Pourquoi une banque à La Réunion préfère-t-elle faire venir des cadres de France plutôt qu’embaucher une Réunionnaise qui est davantage diplômée ? (voir texte ci-après) Ce qui fait dire à Jean-Pierre Técher qu’« il faut arrêter avec la soumission ».
L’assemblée générale s’est conclue par l’adoption d’une proposition d’Agir pou nout tout présentée par Marlène Jeanne : organiser le 29 août, date de la visite d’Yves Jégo, une journée sans achats dans toute La Réunion. « Le pouvoir d’achat n’est ni de droite ni de gauche, c’est une bataille du peuple réunionnais, nous réclamons l’alliance de tout le monde », conclut Jean-Hugues Ratenon.

Manuel Marchal


« Celui qui achète a le droit de savoir »

Pour illustrer l’ampleur du phénomène de la vie chère à La Réunion, le porte-parole d’Agir pou nout tout relève qu’un vendeur de meuble dionysien a baissé ses prix de 50% pour faire du chiffre d’affaires. Mais même en vendant à moitié prix, ce commerçant reconnaît publiquement faire des bénéfices. Ce qui veut dire que sur le prix normal, la marge est donc supérieure à 100%.
D’où cette proposition d’Agir pou nout tout : que sur chaque produit, une étiquette fasse apparaître le prix de revient de la marchandise, ainsi que son prix d’achat par le commerçant. « Celui qui achète a le droit de savoir », ajoute Jean-Hugues Ratenon. Mais cette proposition n’a pas recueilli le moindre écho de la part du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer.
Par ailleurs, Agir pour nout tout revendique la suppression de la TVA et de l’octroi de mer (quand il existe) sur tous les produits de la grande distribution. Cette proposition n’a pas eu de réponse du gouvernement.


Pouvoir d’achat : trois propositions d’Huguette Bello

La députée-maire rappelle que lors du débat sur le budget de l’Outre-mer l’an dernier au Parlement, elle a fait trois propositions qui sont restées sans réponse.
La première concerne la hausse de l’allocation logement et la révision des barêmes, pour que les Réunionnais puisse avoir droit à l’égalité de cette prestation.
La seconde est la proposition d’étendre à La Réunion la carte "Famille nombreuse". En France, cette carte permet aux familles de plus de trois enfants de bénéficier de réductions dans les transports, mais aussi sur de nombreux produits dans les magasins.
La troisième est l’extension de la CMU-complémentaire aux allocataires du minimum vieillesse et de l’allocation adulte handicapé. L’application des franchises médicales et du déremboursement de centaines de médicaments met en effet en péril leur pouvoir d’achat.

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