Conflit aux Centrales thermiques du Gol et de Bois-Rouge

Pourquoi ça coince ?

4 septembre 2004

La semaine s’achève et toujours rien de nouveau dans le conflit qui touche les centrales thermiques du Gol et de Bois-Rouge. Lundi, une réunion s’était tenue sous les auspices de la Direction départementale du travail, mais n’avait débouché sur rien. Depuis, c’est par communiqués interposés que les choses se déroulent. De son côté, la CGTR se déclare toujours ouverte au dialogue alors la direction elle, se retranche derrière une formule : “la CGTR fait de la surenchère”, et ce, alors que la menace d’une grève est toujours dans l’air, puisque le préavis lancé par la CGTR court jusqu’au 24 septembre à minuit.

Pourquoi ce conflit ? Pourquoi ça coince ? Pour Patrick Hoarau, secrétaire de la CGTR-EDF, les discussions butent actuellement sur deux points. En premier lieu, l’application d’une disposition intitulée “Pers 96”, relative au versement d’une indemnité “pour travaux pénibles et salissants”. Ce point particulier fait partie d’un protocole signé entre la direction et les organisations syndicales et s’applique aux salariés des centrales thermiques du Gol, de Bois-Rouge et de Guadeloupe.
Pourtant, fait remarquer Patrick Hoarau, les 12 autres points de cet accord signé le 12 février dernier ont déjà été appliqués... à part le versement de l’indemnité en question. Pourtant, le point 14 de ce protocole stipule que "l’ensemble des décisions contenues dans le relevé de conclusion du groupe de travail sont applicables dans leur intégralité". Reste que sept mois plus tard, le point concernant le versement des indemnités n’est toujours pas réglé...

Manque à gagner

À ce jour, la direction propose le versement non plus d’une indemnité, mais d’une prime de 1.500 euros. Une proposition que réfute la CGTR et ce pour deux raisons. Premièrement, il était prévu une indemnité... et la direction propose une prime.
Or, fait remarquer Patrick Hoarau, une indemnité n’est ni fiscalisable, ni cotisable, ce qui n’est pas le cas d’une prime, du moins pour le salarié. En second lieu, la CGTR fait remarquer qu’il s’agit ni plus ni moins que d’appliquer une disposition déjà signée et applicable aux salariés relevant du statut IEG (Industries électriques et gazières) donc applicable aux salariés des centrales de Bois-Rouge et du Gol.
Enfin, compte tenu du retard pris par la direction pour la mise en place de cette indemnité, cela représenterait à ce jour environ 3.000 euros par salarié. Sachant que les deux centrales comptent environ une centaine d’employés, on mesure le manque à gagner pour les agents concernés.
Ce retard est d’autant plus incompréhensible que certains n’hésitent pas à faire remarquer qu’au sein même d’EDF, des membres du personnel, dont le lieu de travail se situe dans un bureau climatisé, bénéficient de cette prime... pour travaux pénibles et salissants !

Une procédure d’embauche contestée

L’autre point sur lequel la discussion est bloquée porte non pas sur le recrutement d’un cadre venu de métropole, comme cela a été dit, mais sur la manière dont les choses se sont déroulées.
Il faut savoir que pour la mise en service de la seconde tranche de production de Bois-Rouge, une réunion s’était déroulée entre direction et représentants du personnel le 29 avril dernier pour définir le nombre de postes à pourvoir, et sur la façon dont ils allaient être pourvus. Dans cet organigramme, il était prévu entre autres, 6 assistants de conduite avec "4 ou 5 recrutements extérieurs".
Après sélection d’une quarantaine de postulats, 9 furent préselectionnés et 5 recrutés. Il était également prévu “1 ou 2 postes” par voie de promotion interne et finalement, un poste fut créé.
À l’essai pendant quelques mois, explique Patrick Hoarau, un agent déjà en poste fut tout simplement victime de harcèlement jusqu’à être publiquement traité d’incompétent par l’encadrement. Lequel agent, las de ces brimades, préféra réintégrer son poste d’origine... laissant ainsi le poste vacant. Et c’est sur ce poste vacant que fut donc recruté, sans aucune concertation, en violation du protocole signé le 29 avril, le cadre venu de métropole. La solution préconisée par la direction, qui consiste à faire passer ce cadre sur un autre poste vacant ne satisfait guère la CGTR.

"Privilégier la promotion interne"

"Pourquoi là encore ne pas faire de la promotion interne, lancer un appel à candidature ?" s’interroge Patrick Hoarau qui demande que soit respecté le protocole signé le 29 avril.
Et pour ce faire, la CGTR a engagé une action en justice pour demander à la direction de respecter sa signature en s’appuyant sur l’article 1.134 du Code civil qui dit ceci : "Les conventions légalement formées tiennent lieu de loi à ceux qui les ont faites. Elles ne peuvent révoquées que par leur consentement mutuel, ou pour les causes que la loi autorise. Elles doivent être exécutées de bonne foi". C’est sur la base de cet article que la CGTR a demandé au tribunal de Saint-Denis de dire le droit...
De la décision de justice qui sera rendue, dépendra donc la résolution d’un point au moins sur les deux qui opposent la CGTR et la direction des centrales du Gol et de Bois-Rouge, sachant que le préavis de grève court toujours jusqu’au 24 septembre...

S. D.


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