Alimentation : +7,7%

Pouvoir d’achat : qu’attend l’Etat pour atténuer l’impact de la crise ?

16 décembre 2008, par Manuel Marchal

Dans son dernier indice des prix, l’INSEE confirme la perte du pouvoir d’achat des Réunionnais. L’Etat a les moyens d’agir rapidement contre cette dégradation en faisant baisser significativement les prix du gaz et des carburants, à moins qu’il veuille apparaître aux yeux de la population comme le principal responsable de cette crise.

La publication du dernier indice des prix à la consommation, daté du mois dernier, confirme la perte de pouvoir d’achat des Réunionnais. Les prix dans l’alimentation ont en effet augmenté de 7,7% sur un an, les produits pétroliers de 14,1%, les transports et communication de 4,8% et les loyers de 3%.
La comparaison avec la France est édifiante. C’est en effet par rapport aux données métropolitaines que sont calculées les hausses des minima sociaux. En France, les prix dans l’alimentation ont augmenté de 4,7%, les produits pétroliers de 10,7%, les loyers de 2,6% et les transports et communications de 1,9%.
Ces chiffres confirment donc également qu’à La Réunion, le coût de la vie augmente plus vite qu’en France. Alors que le SMIC, le RMI, les retraites et les autres revenus fixés par l’Etat sont fonction de la variation du coût de la vie en France.
Autrement dit, la perte de pouvoir d’achat des Réunionnais n’est pas seulement due à la crise. Cette dernière est un facteur aggravant à une situation structurelle.

52% sous le seuil de pauvreté

De plus, il est à noter qu’à La Réunion, 52% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cela implique que dans le budget, la part de l’alimentation, du loyer et des moyens de déplacement est bien plus importante. Car ces dépenses sont incompressibles. En effet, quel que soit son budget, il est nécessaire de se nourrir, de se loger et de se déplacer pour aller travailler ou rechercher un emploi.
Ces dépenses prennent encore davantage de place dans les budgets, puisque l’Etat reconnaît lui-même qu’à La Réunion, le coût de la vie est d’ores et déjà 50% plus élevé qu’en France. Donc ce sont des prix qui sont déjà 50% plus élevés, qui ont un rythme d’augmentation plus rapide que dans le secteur géographique dans lequel sont définies les augmentations des revenus décidées par l’Etat.
En un mot, la perte de pouvoir d’achat pour toutes les familles, hors fonctionnaires indexés, qui ont un revenu décidé par l’Etat est encore plus grande à La Réunion.
L’Etat ne peut qu’être conscient de cette réalité. Mais manifestement, il n’agit pas pour améliorer la situation. Techniquement, il dispose de deux leviers pour augmenter ce pouvoir d’achat. Soit il augmente les minima sociaux, le SMIC et les retraites, soit il diminue les prix qu’il a la possibilité de déterminer.
Sur l’augmentation des revenus, force est de constater que puisqu’ils sont définis par rapport à une réalité qui n’est pas celle de La Réunion, le pouvoir d’achat diminue.

Pourquoi tergiverser sur les carburants ?

Sur la baisse des prix, le gouvernement avait la possibilité de faire un geste fort en répercutant sur le prix des carburants et du gaz la baisse du prix du baril de pétrole. Mais tout le monde a pu constater qu’alors que partout ailleurs la baisse est d’au moins 20%, La Réunion a la particularité de connaître une baisse de seulement 6% depuis le mois d’août. Des possibilités existent dans les marges des compagnies pétrolières, elles sont utilisées partout, alors pourquoi pas à La Réunion ?
Face à la situation de crise actuelle, devant l’aggravation du chômage et la perte de pouvoir d’achat ressentie très durement par la grande majorité de la population, l’Etat serait donc bien inspiré d’agir dans les plus brefs délais pour décider une baisse significative des prix des carburants et du gaz. Autrement dit, pourquoi attendre l’année prochaine ? Faute de quoi, il apparaîtrait aux yeux de la population comme le principal responsable de l’appauvrissement du pays et le complice des pétroliers.

Manuel Marchal

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