Grève pour « les précaires de l’Éducation nationale »

Première journée d’action devant le Rectorat

29 janvier 2008

Elle avait promis la suprise : l’Intersyndicale n’a pas failli. Le rendez-vous était officiellement donné à 11 heures devant le Rectorat pour ce premier jour de grève, en faveur des personnels précaires de l’Éducation nationale, mais c’est au petit jour que les compères Corré (SGPEN-CGTR) et Picard (FSU) se sont enchainés aux grilles de d’administration. Quand le déni appelle à la révolte, pacifiste !

Les manifestants ont déclenché un brasier symbolique pour exprimer leur colère et leur amertume.
(photo SL)

Faute de table ronde Préfecture/État/Collectivités, de moratoire pour interrompre cette vague de licenciements préjudiciable au bon fonctionnement du système éducatif local, faute encore d’état des lieux des effectifs précaires de l’Académie et faute toujours de dialogue et de volonté de trouver des solutions pour éviter le chomage à des centaines de familles.... l’Intersyndicale, poussée dans ses derniers retranchements, promet une année de mobilisation multiforme.

Le Recteur annule ses visites

La grève d’hier n’est que le début d’un mouvement qui veut s’inscrire dans la durée, du moins, ce sont les autorités qui en décideront. Pour un jour de rentrée scolaire, après plus d’un mois de vacances, l’Intersyndicale se dit satisfaite de la mobilisation. Dans les collèges et lycées de l’ile, les grilles se sont ouvertes sur des Assemblées Générales de personnels afin que, dans chaque établissement, un bilan des suppressions de postes précaires engagées et des conséquences pour le fonctionnement éducatif puisse etre fait (voir zoom page suivante).
Cette rentrée a été matinale pour Patrick Corré et Christian Picard qui ont déjoué le déploiement des forces de l’ordre en s’introduisant dans l’enceinte du Rectorat au petit jour.
Une façon de dire : « nous sommes encore là et bien là ! » Ils voulaient aussi rappeler leur présence au Recteur en l’accompagnant dans ses visites prévues hier matin au collège Amiral Lacaze puis à celui du Chaudron à Saint-Denis, mais ce dernier a préféré finalement décommander.
André Simon, proviseur du premier établissement a fortement regretté ce désistement, lui qui comptait faire un point avec le Recteur sur la paupérisation en personnel que va entrainer le disparition de 5 contrats précaires. Les délégués syndicaux sont donc revenus à leur point de départ. À 9 heures, les forces de police s’installent devant les deux grilles du Rectorat, bien en rang pour controler les issues et invitent les manifestants (deux grosses poignées à cette heure) à rejoindre le trottoir. Maladresse quand on sait que dans ce dossier, ce sont des centaines de familles qui, après plusieurs années au service de l’Académie, vont se retrouver « sur le bord du chemin », pour reprendre la « fameuse » expression, gravée dans les mémoires locales, de Brigitte Girardin, ancienne Ministre de l’Outre-Mer.

«  Notre travail part en fumée !  »

Emprunt de malice autant que de détermination à ne pas céder aux pressions, le duo Corré/Picard s’introduit alors « an misouk » dans l’enceinte du Rectorat, où le Recteur siège alors, bien camoufflé dans son bureau. Au meme moment, un feu de pneus a été déclenché devant l’enceinte. Rien de méchant, juste de quoi entonner des slogans du style : « Notre travail part en fumée ! », « On brule nos vies ». Un brasier symbolique pour exhaler un peu de la colère et de l’amertume qui touchent les manifestants.
Les premières informations de terrain remontent alors : pas de cantine au collège de Mille Roches, Sainte-Rose ; on pense à la fermeture du coté de Saint-Louis au collège Thérésien Cadet à défaut de personnels suffisant pour assurer l’accueil des éléves.
Forte mobilisation à Jean Inglo, au Port, suivie par le collège de l’Oasis, selon les données transmises par les professeurs de lycée Jean Letoullec, arrivés devant le Rectorat. Les choses bougent à différents degrés dans les établissements de l’ile : les syndicats sont satisfaits.
Parmi les manifestants, on retrouve Jean-Pierre Técher, responsable de l’association Agir contre le Chomage qui vient en soutien aux personnels et dénonce les positions paradoxales du gouvernement (voir témoignage p.4). On retrouve aussi le président de Coll’Air qui cherche absolument à attirer sur lui l’attention des journalistes mais en vain. L’arrivée de la députée Huguette Bello rassemblera les foules, concentrera les applaudissements (voir p.5). Personnels précaires, titulaires, professeurs : ils étaient une centaine à s’être donnés la main hier devant le Rectorat pour ce premier mouvement, prémice d’une mobilisation dans la durée.
Chaque matin se tiendront des Assemblées Générales dans les établissements pour décider de la suite à donner au mouvement. Une chose est assurée, les syndicats ne s’arreteront pas là.

Stéphanie Longeras


« Un véritable encouragement à poursuivre la lutte »

Suite à la mobilisation d’hier, le SGPEN-CGTR et la FSU ont diffusé un communiqué commun dont on lira ci-après le contenu.

La FSU et le SGPEN-CGTR se félicitent de la mobilisation des personnels de l’Education nationale ce lundi 28 janvier 2008, jour de la rentrée scolaire à La Réunion.
Il est toujours difficile de mobiliser un jour de rentrée, et pourtant, les personnels ont montré leur détermination ne serait-ce que par leur présence dès 5h30 devant les grilles du Rectorat.
Ne pouvant se livrer cette fois-ci à un auto-satisfecit sur les bonnes conditions de la rentrée, Monsieur le Recteur n’a pas daigné recevoir l’intersyndicale pourtant présente sous ses fenêtres aujourd’hui.
La présence de plus de 200 manifestants devant les grilles du Rectorat, le soutien actif de la première fédération de parents d’élèves, la tenue de multiples assemblées générales dans bon nombre d’établissements scolaires, les taux élevés de grévistes enregistrés ici et là constituent pour nous un véritable encouragement à poursuivre la lutte pour le maintien en postes de tous les personnels et la transformation des emplois précaires en emplois statutaires.
Le succès de cette journée d’action nous confère donc une responsabilité particulière : celle de renforcer la dynamique de résistance face à l’inacceptable.
Dans ces conditions, les représentants de l’Etat seraient mal inspirés de miser sur un essoufflement du mouvement de soutien aux personnels précaires et de défense du service public d’éducation.

Pour la FSU, Christian Picard
Pour le SGPEN-CGTR, Patrick Corré


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