Emploi

Près de 1.000 ex emplois-jeunes au bord du chemin ?

La MAPREJ dresse un bilan catastrophique

16 septembre 2003

Au 31 août, 125 ex emplois-jeunes n’ont pas été ’reclassés’ et sont demandeurs d’emploi. Et les chiffres annoncés pour les 3 mois à venir sont catastrophiques : plus de 800 autres personnes seront d’ici à la fin de l’année, dans la même situation. Sans compter les aides-éducateurs dont le contrat est arrivé à échéance et qui n’auront pas de poste d’assistant d’éducation. Où est l’engagement de Brigitte Girardin : ’aucun jeune au bord du chemin’...?

Il est hors de question de jeter la pierre sur la MAPREJ (Mission d’appui à la pérennisation et au reclassement des emplois-jeunes). Elle fait tout ce qui est en son pouvoir pour trouver une solution pour celles et ceux dont le contrat emploi-jeune est arrivé à échéance. Mais le tissu économique réunionnais n’est pas extensible, le moral des chefs d’entreprise n’est pas à l’euphorie...
Toujours est-il que les chiffres sont là : au 21 août 2003, il y a "officiellement" quelque 4.595 Réunionnaises et Réunionnais en CEJ (contrat emploi-jeune), hors Éducation nationale (1.135) et hors police (170).
Mais 367 contrats ont été « rompus entre le 1er octobre 2002 et le 31 août 2003 ». Sur ces 367 contrats interrompus ces 11 derniers mois, pour 242 Réunionnaises et Réunionnais « une solution a été trouvée ». Solution qui malheureusement, ne correspond pas toujours aux souhaits déclinés. Mais 125 autres sont demandeurs d’emploi. Chômeurs. Au bord du chemin.

Plus de 800 dans les prochains mois

La situation est tout aussi catastrophique pour d’autres. En premier lieu, « sur les 1.178 postes pourvus arrivant à échéance avant le 31 août 2003, 800 bénéficient d’une aide à la consolidation, ce qui représente 67,9% du total ». Mais ce qui veut dire aussi que pour 378 personnes (1.178 moins 800), il n’y a pas eu d’aide à la consolidation.
En l’absence de précision, deux hypothèses sont à formuler pour ces jeunes : les associations, collectivités, établissements publics les ont engagés, sans pour autant avoir recours à une aide extérieure (possible, mais très très hypothétique). Mais il est fortement probable que ces jeunes n’ont pas été engagés, et que pour tout un tas de raisons, les dispositifs de consolidation n’ont pas pu être mis en place, ce qui signifie clairement que ces 378 personnes vont, à court ou moyen terme, se retrouver, eux aussi, au bord du chemin. Mais la question va se poser dans les semaines voire les mois qui viennent pour un bon nombre d’autres personnes. En effet, « sur les 560 postes pourvus qui arriveront à échéance entre le 1er septembre 2003 et le 31 décembre 2003, 127 bénéficient d’une aide à la consolidation, soit 22,6% ».
Même remarque que précédemment : que vont devenir les 433 personnes ? Il convient néanmoins de préciser que ces conventions de consolidation peuvent être signées entre aujourd’hui et le 31 décembre. Mais au vu des chiffres précédents, il ne faut pas s’attendre à du 100%.
Enfin, sur l’ensemble des 4.595 poste pourvus et dont l’échéance tombe en 2004 ou après, 1.046 bénéficient d’ores et déjà d’une aide à la consolidation, soit 22,8%. Mais quel avenir pour les 3.549 autres personnes qui n’auront pas la chance de voir leur employeur signer une convention ?

Malgré les engagements de Chirac Raffarin et Girardin

125 jeunes aujourd’hui, plus 378 dans les semaines à venir, plus 433 avant la fin de l’année : total 936 jeunes. Près de 1.000 jeunes seraient donc au chômage avant fin décembre ?
On est loin, très très loin des engagements pris. Celui de Jacques Chirac en avril 2002 : « En ce qui concerne , le dispositif institué en 1997, l’État apportera aux titulaires des emplois jeunes la garantie qu’ils ne seront pas abandonnés à la fin de leur contrat. Je m’engage soit à ce qu’ils puissent accéder à la fonction publique, soit à ce qu’ils soient accompagnés et aidés pour accéder à un emploi en entreprise ».
Celui de Brigitte Girardin, le 10 décembre 2002 : « C’est la confirmation de l’engagement de la ministre de l’Outre-mer de ne laisser aucun jeune au bord du chemin ». Celui de Jean-Pierre Raffarin, le 21 février 2003, lors des Assises régionales des libertés locales, alors qu’il recevait une délégation du Collectif Emplois en Danger et réaffirmait les engagements pris par le président de la République et la ministre de l’outre-mer.

Combien d’aides-éducateurs au bord du chemin ?
Vendredi dernier, une délégation du Collectif Emplois en Danger, accompagnée de la députée Huguette Bello, rencontrait les responsables du rectorat. Elle était reçue par le directeur de cabinet de Christian Merlin. À l’issue de leur entrevue, il était apparu que 650 postes d’assistants d’éducation allaient être créés. Cela ne fait pas le compte : 3.700 demandes ont été formulées ; 600 aides éducateurs n’ont plus de contrat ; le nombre de postes de MI-SE est estimé, à La Réunion, à près de 1.900. Rappelons que le dispositif instaurant les MI-SE est supprimé, ces jeunes se retrouvent donc au chômage. Rapide calcul : 600 aides éducateurs plus 1.900 MI-SE égal 2.500 postes supprimés. Nombre de postes créés : 650 (même si certains de ces postes sont à mi-temps, et que l’on pense que certains postes vont être occupés par deux étudiants). Le compte n’y est pas.
Il faudra encore attendre quelques semaines pour connaître le nombre exact d’anciens aides-éducateurs qui ont signé un contrat d’assistant d’éducation. On connaîtra donc le nombre de ceux qui se retrouveront au bord du chemin.

Et en juin prochain, combien seront-ils à voir leur contrat être terminé ? Quelle solution pour eux ? Le nombre de postes d’assistants d’éducation va-t-il augmenter ?
Autres questions : Le gouvernement va-t-il créer des passerelles pour leur permettre d’intégrer l’IUFM ou autre structure de formation d’enseignants ?

Enfin, le sujet va-t-il être abordé lors du débat sur l’éducation ? Même si tel devait être le cas, si des solutions réunionnaises allaient être proposées, encore faut-il qu’elles soient retenues par la commission, et, ensuite approuvées par les parlementaires. Et dans l’attente, que vont faire ces jeunes ?

Fort déséquilibre entre micro-régions
Lors de la réunion du comité de pilotage, la MAPREJ a aussi donné quelques précisions quant à la répartition géographique des aides proposées à la consolidation de ces emplois jeunes. Il en ressort que pour l’arrondissement Nord, sur 2.097 postes, 608 ont fait l’objet d’une consolidation (28,9%). Pour l’arrondissement Est, ces chiffres sont de 543 postes, dont 134 consolidations (24,6%). Pour l’arrondissement Ouest, ils sont de 453 postes, dont 132 consolidés (29,1%) et enfin l’arrondissement Sud a 1.502 postes pourvus, dont seulement 172 consolidés (11,45%). Ces chiffres sont à mettre en parallèle avec ceux du taux de chômage par micro-région donnés par l’INSEE, dans la revue "TER" (chômage dans les communes) : pour la micro-région Nord, le taux de chômage en 1999 était de 31,3%. Pour la micro-région Ouest, il était de 41,8%. Pour la micro-région Sud, de 46,7%. Et pour la micro-région Est, de 45%. Il semblerait donc que le Nord s’en "tire" mieux que les trois autres micro-régions, et que les micro-régions Sud, surtout, et l’Est soient toujours les plus défavorisées.
Baisse de 0,1% de l’emploi en France
L’UNEDIC a annoncé une baisse de 0,1% de l’emploi salarié au deuxième trimestre, soit une perte de 15.200 postes, en données corrigées des variations saisonnières. L’UNEDIC fait état de 21.000 postes perdus dans l’industrie, 2.400 postes créés dans la construction et 3.400 postes dans le tertiaire. Près de la moitié des régions françaises enregistrent une baisse de leurs effectifs, notamment la Corse (moins 4,9%), l’Ile-de-France, la Lorraine, le Centre et la Bretagne (moins 0,3% chacune). À l’inverse, neuf régions créent des emplois, en particulier la Picardie, la Basse-Normandie et la Franche-Comté (+0,3% chacune), Midi-Pyrénées, la Bourgogne et Rhône-Alpes (+0,2% chacune).

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