L’UNEF fustige une mesure qui creuse les inégalités

Prêts étudiants : la Région Réunion propose un droit à l’endettement

5 février 2011

Au lieu de lutter pour que le gouvernement assume ses responsabilités et garantisse le droit des jeunes à étudier, la Région Réunion préfère proposer à tous les étudiants des prêts. Seuls 3% des étudiants ont recours à une demande de prêt, la mesure de la Région vise donc à endetter les 97% qui n’ont pas encore eu recours à ce type de financement.

Huguette Vidot a annoncé le lancement de prêts étudiants à taux zéro. Ces prêts avec intérêt garantis par la Région Réunion sont proposés pour tous les étudiants, de tous cycles qui auraient des difficultés financières, et ce quel que soit l’établissement bancaire de ces derniers. La collectivité serait alors "un facilitateur" et prendrait en charge les frais de dossiers et les intérêts contractés par ces prêts.

Un dispositif moins bon que le précédent

Après les « prêts Pécresse » qui avaient signé en septembre 2008 une convention avec OSEO pour le lancement de prêts étudiants sans caution personnelle, garantis par l’État et proposés en accord avec le groupe Banque populaire et l’organisme de crédit Cételem (dispositif de prêt étudiant qui mettait ainsi fin aux prêts à taux 0 jusqu’ici proposés par les CROUS. Ces « prêts Pécresse » ont des taux d’intérêt fixés par les banques sans contraintes et sans limites, et sont déjà bien loin des prêts à taux 0 dont parlait Nicolas Sarkozy pendant la campagne présidentielle. Chaque année, les contingents de prêts à taux 0 du CROUS n’étaient pas utilisés au maximum, preuve s’il en fallait que les étudiants refusent de s’endetter pour financer leurs études. Et voilà que la Région Réunion nous propose à son tour une nouvelle forme d’endettement que la vice-présidente en charge de l’Éducation et la Formation qualifie elle-même de "facilitée".

Une nouvelle mesure inefficace et dangereuse pour la réussite des étudiants

Actuellement, seulement 3% des étudiants ont recours à une demande de prêts. En effet, peu d’étudiants souhaitent débuter leurs études en étant déjà « dans le rouge ». Lors de leur entrée dans la vie active, les jeunes font face à d’importantes difficultés, enchaînent les périodes de CDD, d’intérim et de chômage, et subissent une importante déqualification. La Région Réunion propose désormais d’ajouter l’endettement aux difficultés d’insertion professionnelle que connaissent déjà les jeunes diplômés.
Face au surendettement qui frappe de nombreux foyers modestes, il est par ailleurs particulièrement choquant d’encourager aujourd’hui les plus jeunes à s’endetter. De plus, quand on connaît la situation plus que difficile de l’emploi à La Réunion, et les chiffres alarmants du taux de chômage chez les jeunes qui s’élèvent à présent à plus de 55,3%, nous avons du mal à imaginer ces jeunes arrivés à bout de leurs dettes.

Les étudiants attendent des réponses sociales

Les prêts de toutes sortes ne sont pas la réponse que les étudiants attendent pour faire face à la dégradation sans précédent de leur situation sociale. Les étudiants attendent une vraie politique d’aides sociales et non un droit à l’endettement. Par cette mesure, le Conseil régional ne saurait s’exonérer de ses responsabilités en matière de politique sociale en direction des étudiants.
Alors qu’en cette rentrée, les étudiants faisaient face à une nouvelle hausse du coût de la vie de 4,3% (loyers, frais d’inscription, produits alimentaires...) et à une détérioration de leurs conditions de vie, l’UNEF Réunion et les étudiants attendent de la part de la Région Réunion et plus largement du gouvernement la mise en chantier d’un véritable « plan d’action sociale » pluriannuel (logement, aides directes…) incluant des mesures d’urgence pour faire face au coût de la rentrée : mise en paiement du 10ème mois de bourse pour couvrir le mois de septembre, augmentation et rétroactivité des aides au logement, versement des aides au logement dès le mois d’installation, gel des frais d’inscription...
L’UNEF Réunion n’acceptera pas que les prêts étudiants constituent la seule et unique réponse à la dégradation des conditions de vie des étudiants déjà confrontés à des difficultés sociales majeures !

A la Une de l’actuDidier Robert

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