Le « pactole » des cotisations retraites était un rêve de banquier

Privatisation des retraites favorisée par le projet de loi

30 janvier 2023, par Manuel Marchal

Le projet de loi sur les retraites vise à affaiblir le régime général. L’allongement de la durée de cotisation va encore diminuer le montant des pensions. Cela profitera aux banques. Par conséquent, de plus en plus de salariés se tourneront vers les banques pour investir dans un plan épargne retraite ou un bien immobilier dont les loyers compléteront les revenus une fois la retraite arrivée. Mais ces solutions sont loin d’être à la portée de toutes les bourses.

Ce 29 janvier, Elisabeth Borne, Première ministre, a donné une interview à France Info. Il était notamment question du projet de loi sur les retraites, et notamment du report à 64 ans de l’âge minimum légal de départ. Voici sa réponse à la question de la retraite à 64 ans :

« Non, ça n’est plus négociable. La retraite à 64 ans et l’accélération de la réforme Touraine, c’est le compromis que nous avons proposé après avoir entendu les organisations patronales et syndicales, après avoir échangé avec les différents groupes parlementaires. Et, je vous le dis, c’est nécessaire pour assurer l’équilibre du système. »

Le gouvernement persiste donc dans l’épreuve de force. Ce lundi, le projet de loi doit être présenté à l’Assemblée nationale, en commission.

Le « boom » des plans épargne-retraite

Avec l’élévation de la durée de cotisation voulue par le gouvernement, il sera plus difficile d’avoir une retraite pleine avec le régime général. Cette possibilité sera encore plus dure à réaliser à La Réunion, avec un taux de chômage bien plus important qu’en France, et cela depuis des décennies. Il était déjà estimé à 25 % dans une étude du Conseil général de 1975. Dans ces conditions, les retraités s’appauvriront, et le projet de loi favorisera le chômage car il poussera ceux qui ont un emploi à poursuivre leur activité jusqu’à épuisement. Il n’est pas étonnant que de plus en plus de salariés se tournent vers d’autres sources de financement que le régime général pour avoir des revenus suffisants pour vivre à la retraite. La part de la capitalisation augmente, pour ceux qui en ont les moyens.
C’est ce que rappelle un autre article publié par France Info le 25 janvier. Il cite les propos d’un gestionnaire de patrimoine :

« On a eu une augmentation de quasiment 80 % entre décembre et janvier du nombre de demandes sur notre site internet pour avoir des informations sur l’ouverture d’un plan épargne-retraite. Je pense que, au vu des tensions sociales qu’il y a actuellement par rapport à cette réforme, il y aura une continuité sur cette augmentation du nombre de demandes dans les prochains mois. »

Une autre possibilité est d’acheter un appartement, de solder le crédit avant la retraite et de bénéficier des loyers comme complément de revenu.

Pensions trop faibles avec le régime général

Non seulement ces compléments de pension ne sont accessibles qu’à des classes qui disposent de revenus pour épargner un capital suffisant pour une bonne rente, mais en plus cela profite aux banques.
Cela traduit l’idéologie de ce projet de loi, qui vise à privilégier la classe qui tire ses revenus de la finance au détriment de la population.
Le choix logique pour réformer, c’est de faire payer plus ceux à qui la société donne la possibilité d’être riche. En effet, les classes les plus nanties bénéficient de nombreuses exonérations fiscales pour investir et donc accumuler encore plus de capital.
Mais le gouvernement choisit d’affaiblir encore plus le régime général des retraites. Cela amènera donc plus d’argent dans les banques par l’intermédiaire de plans épargne-retraite ou de crédits immobiliers pour acheter un bien qui sera mis en location.

Privatiser la Sécurité sociale : un rêve de banquier

La privatisation du « pactole » des cotisations retraites était un rêve de banquier. Ce gouvernement est en train de faire de ce cauchemar une réalité. Si ce texte passe, alors il faudra craindre une grande offensive pour la privatisation de toute la Sécurité sociale. En effet, pourquoi les capitalistes s’arrêteraient-ils en si bon chemin ?
Ce 31 janvier a lieu une grande journée de mobilisation contre la retraite à 64 ans. Elle a lieu dans l’unité syndicale. Demain, le gouvernement devra comprendre qu’il n’a qu’une seule solution : retirer son texte et proposer une réforme des retraites qui augmentera sensiblement le montant des pensions, tout en diminuant la durée de cotisation et d’âge de départ à la retraite. Comme le rappelait le 19 janvier la banderole de l’Intersyndicale : « 62 ans c’est déjà trop ».

M.M.

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