Revalorisation insuffisante de l’allocation chômage

Privés d’emploi et baisse du pouvoir d’achat : double peine pour les chômeurs réunionnais

7 juillet 2006

Mercredi, le conseil d’administration de l’UNEDIC a décidé du montant de l’augmentation des allocations des chômeurs indemnisés : il sera de 2%. C’est bien au-dessous de la hausse du SMIC, et cela diminue le pouvoir d’achat des Réunionnais qui perçoivent une indemnité pour la perte d’un emploi.

2% de hausse : tel est ce à quoi auront droit les chômeurs indemnisés. C’est moins que le SMIC (+3,05%) et bien en dessous du taux d’inflation à La Réunion (+3,2%).
Et cela aurait encore pu être moins. Alors que les représentants syndicaux luttaient pour une hausse équivalente à celle du SMIC, ceux des patrons ne voulaient lâcher que 1%. Et certains n’hésitent pas à écrire que c’est mieux que le 0 de l’an passé.
En France, l’UNEDIC en charge de l’indemnisation des travailleurs privés d’emploi a dégagé l’an passé un excédent de 245 millions d’euros. Selon les prévisions, les deux prochaines années devraient aussi être excédentaires. Ce qui pourra ramener le déficit cumulé de l’UNEDIC à 5,3 milliards au lieu de 13,45 milliards fin 2005.

Pas de rattrapage

La CFDT souhaitait une revalorisation égale à celle du SMIC au 1er juillet dernier, soit 3,05%. Quant à elle, la CGT voulait aller plus loin. Elle militait pour un rattrapage de deux années de pouvoir d’achat puisqu’au 1er juillet 2005, les allocations n’étaient pas revalorisées.
À la veille de la signature de l’accord, la CGT avait fait part de ses réserves et de ses revendications. Pour le syndicat, on est loin du compte puisqu’il demande une revalorisation qui "ne saurait être inférieure à celles cumulées du SMIC des années 2005 et 2006".
Dans sa déclaration, la CGT explique que "salariés et citoyens à part entière, les chômeurs subissent l’érosion de leur pouvoir d’achat, aggravée, pour certains, par le coût de la recherche d’emploi évalué par le Comité National CGT des privés d’emploi à plus de 400 euros par mois".
Ce constat s’amplifie à La Réunion puisque les travailleurs vivent sur un territoire où la pénurie d’emploi est beaucoup plus forte qu’en France.
Lorsqu’est entrée en vigueur l’augmentation du SMIC le 1er juillet dernier, les Réunionnais dont le revenu dépend de ce salaire minimum ont vu leur pouvoir d’achat diminuer du fait du mode de calcul du SMIC. Ce dernier étant l’expression d’une réalité métropolitaine qui n’est pas celle de La Réunion. Or en France, l’inflation est plus faible qu’à La Réunion. Selon la situation française, la hausse du SMIC à 3,05% permet de suivre l’inflation. Ce n’est pas le cas à La Réunion puisque la hausse des prix s’élève en moyenne à 3,2%.

La Réunion s’appauvrit

L’écart s’amplifie encore davantage pour ceux qui subissent déjà la privation d’un emploi. Ils doivent en plus se contenter d’une augmentation de leur revenu qui est loin de maintenir un pouvoir d’achat bien faible. Car si pour un chômeur en France, 2% de hausse de l’allocation correspond à peu près à l’inflation, cela est loin d’être le cas à La Réunion.
Ceci relance une nouvelle fois le débat sur les conditions dans lesquelles se construisent les prix et les revenus dans notre île. Pour y répondre, les forces vives du pays proposent depuis de nombreuses années la création d’un Observatoire des prix et des revenus dans les DOM. Cette création est inscrite dans la loi depuis 2001. Mais le décret d’application se fait toujours attendre et l’opacité persiste.
Résultat : les plus pauvres d’entre nous paient le prix fort de l’injustice. Car la méthode de calcul de leur revenu dépend d’une réalité qui n’est pas celle d’une île de l’océan Indien qui connaît un fort accroissement démographique. Les montants du SMIC et des allocations chômage sont l’expression de la situation sociale et économique d’un pays européen qui n’est pas confronté aux mêmes réalités que La Réunion. Et lorsque l’inflation est ici plus élevée qu’en France, le pouvoir d’achat diminue, et au final, c’est La Réunion qui s’appauvrit.

Manuel Marchal


Droit au but

Après l’annonce de la suppression de 15.000 postes de fonctionnaire lors du début de la Coupe du monde de football, celle d’une hausse du SMIC qui ne compense pas la perte de pouvoir d’achat, certains ont réussi à profiter de la demi-finale de la Coupe du monde pour faire passer une mesure qui ne contribue pas à la justice.
Pendant que joueurs portugais et français se disputaient une place pour jouer dimanche prochain, le conseil d’administration de l’UNEDIC entérine une mesure qui confirme que les chômeurs sont condamnés au minimum. 2%, ce n’est qu’à peine équivalent à l’inflation en France, ce n’est pas un cadeau et c’est une perte pour tous les chômeurs réunionnais indemnisés par l’ASSEDIC.
Mais cette mesure est passée de manière furtive, alors que les regards se détournent encore pour une semaine de la situation sociale.


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