Nout lané, nout voi

Propositions pour l’éducation et la formation

19 septembre 2011

La Réunion vient de connaître une rentrée très difficile, et des problèmes apparus le jour du retour en classe ne sont toujours pas réglés. Pourtant des propositions ont déjà été faites par les Réunionnais pour éviter les drames que nous connaissons. Particulièrement concernés par les services publics de l’école et de l’Université car ils en sont les principaux usagers, les jeunes participant au Festival international de la jeunesse ont présenté le 14 juillet dernier leurs propositions pour l’éducation et la formation à partir d’un état de la situation. Voici ces propositions, extraites du document ’Nou lé kapab pou nout péi’.

État de la situation

Face au contexte national de suppressions de postes, La Réunion n’est pas épargnée et doit faire face à la baisse des effectifs, cependant, compte tenu de ses spécificités la suppression des postes dans l’éducation nationale risque d’engendrer des inégalités plus profondes que celles d’aujourd’hui. En effet, La Réunion compte 120.000 illettrés, 22% de la population réunionnaise de plus de 16 ans ne sait ni lire, ni écrire, contre 9% en France, il est donc nécessaire de mettre en place une vraie politique éducative visant à aider et soutenir les enfants en difficulté et les adultes ne sachant ni lire, ni écrire.
D’autant que les conditions d’étude ne cessent de se détériorer, les étudiants réunionnais sont loin d’être les privilégiés du système actuel. La Réunion connaît un contexte social difficile avec 52% de la population réunionnaise qui vit sous le seuil de pauvreté et un taux de chômage de 55,3% chez les 15-24 ans. Les étudiants sont alors doublement frappés par cette misère sociale, lors de leurs études et lors de leur entrée sur le marché du travail.
L’université de La Réunion a une trentaine d’années, et comme toutes les universités de France, elle ne forme plus de futurs citoyens mais des travailleurs, qui n’auront peut être pas d’emploi à la fin de leur parcours universitaire.
La jeunesse du système universitaire Réunionnais ne possède un panel de filières denses et ne concernant ni l’Histoire de La Réunion, ni la culture et encore moins l’apprentissage du créole. De plus, les enseignants sont majoritairement extérieurs au département et ne connaissent ni la langue, ni l’histoire ni la culture de La Réunion, freinant l’enseignement.
La disparité des filières entre le Sud et le Nord pose également problème, car l’absence de logement sur les deux zones ne permet pas aux étudiants de rester près du lieu d’apprentissage.


"Nou lé kapab pou nout péi" dans "Témoignages"

Depuis le 8 août dernier, “Témoignages” reproduit les propositions formulées dans "Nou lé kapab pou nout péi", document présenté le 14 juillet dernier lors du Festival international de la jeunesse réunionnaise qui a eu lieu à l’Étang du Gol à Saint-Louis.


- 8 août : introduction

- 22 août : nourrir un million de Réunionnais

- 29 août : le logement

- 5 septembre : les déplacements

Le 16 août, c’était le dossier spécial "Bilan de l’année internationale de la jeunesse".


Un accès à l’enseignement pour tous

- Redonner du sens à l’école quant à son rôle d’ascenseur social, d’émancipation des personnes, d’épanouissement intellectuel
- L’école doit permettre de préparer l’ensemble des citoyens à être responsable et à apporter un regard critique sur la société
- Encourager différentes formes d’apprentissage, dont les bonnes pratiques de santé, de citoyenneté, de valeur, de respect, de solidarité
- Permettre l’accès aux Grandes Écoles
- Stopper les suppressions massives de postes dans l’enseignement
- Créer des structures d’accompagnement gratuites en dehors du cadre scolaire, notamment via l’éducation populaire
- Développer l’accès au numérique sans pour autant compromettre les rudiments élémentaires qui matérialisent l’effort intellectuel (ex. lecture de livres)
- Apprentissage des bonnes pratiques en matière de numérique (protection des données personnelles, prévention de la pornographie, et des prédateurs sexuels…)
- Accentuer le rôle des services d’orientation et inciter les jeunes à construire avec des professionnels un véritable projet d’études et de vie
- Apprentissage obligatoire de l’histoire de l’île de La Réunion depuis sa découverte, dans tous les cycles, minimum 50% de l’enseignement
- Étude de la culture locale au travers de cet enseignement de l’histoire (musique, artisanat, culture…)
- Obligation de formation au créole pour les enseignants en provenance de la France hexagonale
- Mise en place d’un diplôme unique pour le créole réunionnais
- Démocratisation de cet enseignement en collège et lycée par option ou langue étrangère
- Rétablissement d’une carte scolaire garante de la mixité sociale
- Création d’un vrai réseau spécialisé pour les élèves en difficulté, dans toutes les écoles, gratuit, public
- Préférence de recrutement des enseignants ayant suivi leur formation à La Réunion
- Intégrer le réunionnais, mahorais, comoriens et malgache dans les écoles, à travers de mini-atelier, afin de faciliter l’apprentissage
- Utilisation du créole pour un meilleur apprentissage du français
- Stage d’observation qui permet aux jeunes, dès le collège, de pouvoir observer sur le terrain des métiers, afin de les aider à faire leur choix d’orientation
- La question des rythmes scolaires doit être posée de manière globale, de la maternelle à l’université, et en prenant en considération l’ensemble des activités qui occupent la vie sociale de l’élève/étudiant
- Les efforts fournis pour que le calendrier scolaire soit adapté au calendrier climatique doivent être poursuivis
- Les infrastructures scolaires doivent prendre en considération le bien-être des élèves
- Donner les moyens aux établissements de mener une véritable politique de vie lycéenne


Université

- Un travail conséquent doit être fait afin d’accompagner au mieux les jeunes entre les résultats du bac et leur inscription dans un établissement d’enseignement supérieur
- Mise en place de journées d’information et d’orientation au mois de juillet
- Créer un guichet unique où les jeunes déposent un dossier unique de demande d’aide
- Inciter à la mobilité éducative vers les pays de la zone océan Indien
- Créer une bourse spéciale au sein de la zone Océan Indien, sur le modèle Erasmus en Europe
- Préparer et inciter le retour des étudiants à La Réunion
- Mieux informer les étudiants en début de cursus sur les débouchés possibles de leurs études
- Donner à chaque étudiant, notamment étranger, les moyens financiers de poursuivre leurs études
- Mutualiser les moyens financiers des différentes institutions au sein du Crous
- Établir des barèmes pour qu’aucun étudiant ne soit exclu du dispositif boursier
- Augmenter le nombre d’élus étudiants au sein du Crous
- Donner un véritable statut aux étudiants
- Créer un véritable chèque santé étudiant garantissant l’accès à une protection sociale pour tous
- Mettre en place un statut protecteur pour les étudiants salariés et engagés
- Augmenter le nombre de logements et diversifier les zones de construction de logement étudiant
- Augmenter de 10% les aides au logement pour faire face à l’augmentation constante des loyers et supprimer le mois de carence
- Exonérer les étudiants de la taxe d’habitation
- Mettre en place un système de cautionnement solidaire ouvert à l’ensemble des étudiants désirant un logement
- Un cadrage national des intitulés des diplômes, des modalités de contrôle de connaissance garantissant la compensation annuelle des notes, un calendrier universitaire avec des semaines blanches avant les partiels et un mois minimum entre la 1ère et la 2nde session d’examen, l’anonymat, l’absence de notes éliminatoires…
- Un cahier des charges garantissant à l’ensemble des licences : 25 heures minimum de cours par semaine, 3 heures hebdomadaires minimums de langue vivante, la priorité aux travaux en petits groupes, un adossement à la recherche par la présence d’une majorité d’enseignants, chercheurs. Ce cahier des charges doit définir les connaissances et compétences que devra maîtriser tout diplômé de Licence
- Un réel contrôle continu doit être organisé comprenant au moins trois épreuves et comptant pour 50% minimum du résultat total de l’étudiant
- Intégrer les classes préparatoires, les grandes écoles et l’ensemble des formations post-bacs, notamment celles dépendant d’autres ministères (santé, culture, agriculture…) à l’université pour en finir avec les filières élitistes, garantir l’adossement à la recherche et l’égalité des droits étudiants
- En finir avec la reconnaissance et le financement public des établissements privés et garantir le monopole de la délivrance des diplômes nationaux aux universités pour mettre fin à la concurrence déloyale
- Permettre aux étudiants un accès à la culture et au sport à prix modérés
- Augmentation du nombre de places dans les filières professionnelles (IUT, master professionnel, licence professionnelle…)
- Encourager et mieux adapter les centres de formation
- Apprentis, étudiants de CFA devront être reconnus comme étudiant
- Généralisation des modules de préparation au projet personnel et professionnel
- Renforcement des cours d’information et de langues dans tous les cursus
- Mise en place d’une plateforme de cours en ligne pour les étudiants salariés et handicapés

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